Des règles sont à respecter lors de l’utilisation des médicaments anticancéreux - La Semaine Vétérinaire n° 1389 du 22/01/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1389 du 22/01/2010

Bonnes pratiques chez le cheval

Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Gwenola Touzot-Jourde

Les mesures s’appliquent pour toute substance anticancéreuse, qu’elle bénéficie d’une AMM ou non.

L’arrêté relatif aux bonnes pratiques d’emploi des anticancéreux en médecine vétérinaire(1) définit les médicaments concernés, les acteurs qui réalisent et administrent les préparations, les espèces cibles, ainsi que les dispositions de manipulation, de stockage et d’élimination à prendre. Dans un souci de protection de la santé publique, il vise à maîtriser la toxicité de ces médicaments pour les manipulateurs, l’entourage et l’environnement. Les dispositions à prendre et à respecter concernent l’animal à traiter, le personnel traitant, les locaux et le matériel utilisés pour le traitement, la manipulation et l’administration du traitement, la gestion des déchets.

Les chevaux traités doivent être retirés de la chaîne alimentaire

Les règles s’appliquent pour toute substance anticancéreuse, qu’elle bénéficie ou non d’une autorisation de mise sur le marché (AMM), avec application du principe de la cascade. Seuls les produits injectables sont autorisés, en préférant les formulations sans reconstitution. En pratique équine, cela concerne une seule molécule, la cisplatine, et s’adresse aux chevaux qui doivent être absolument retirés de la chaîne alimentaire, selon les dispositions réglementaires prévues dans le document d’identification des équidés.

Les structures autorisées à dispenser ce traitement sont les « cliniques et centres hospitaliers vétérinaires, ainsi que les écoles », ce qui interdit l’administration d’anticancéreux en pratique ambulatoire chez le client. Une déclaration auprès du conseil régional de l’Ordre est obligatoire, avec la mention du vétérinaire référent responsable de la mise en place du système d’assurance qualité, de la formation du personnel et de faire remplir la documentation nécessaire. En pratique, un vétérinaire responsable de la chimiothérapie doit être identifié au sein de chaque clinique qui pratique ces soins.

Mettre en place une surveillance médicale adéquate du personnel

Tout le personnel de l’établissement de soins doit recevoir une formation initiale et continue aux tâches qui lui sont confiées et doit être contrôlé médicalement par le service de santé du travail qui met en place un protocole de suivi adapté aux risques liés aux anticancéreux. Bien entendu, la participation des femmes enceintes, qui allaitent et des mineurs est interdite. Les mesures de protection obligatoires et à respecter systématiquement comprennent l’emploi de gants, d’une blouse, d’un masque et d’une charlotte à usage unique, de lunettes réutilisables après nettoyage, en réservant un endroit spécifique où manger et boire.

En outre, des conditions sécurisées sont recommandées pour le stockage des médicaments anticancéreux. Les flacons sont à ranger séparément de tout autre médicament et de tout matériel, si possible sous clef. Le local de préparation et celui d’administration, réservés à cet usage unique pendant la durée de l’opération, sont signalés par un panneau du style « manipulation de produits actifs, entrée réglementée ». Il en est de même pour le box d’hospitalisation du cheval. Il doit être identifié et d’accès restreint aux personnes autorisées et protégées. La préparation et l’administration du médicament anticancéreux doivent être effectuées par un praticien au sein de l’établissement vétérinaire. L’utilisation d’un champ stérile à usage unique permet de limiter la contamination de la paillasse. Il sera éliminé avec le reste du matériel contaminé. Un dispositif de transfert en système clos à usage unique est nécessaire lorsqu’une reconstitution ou une dilution est à réaliser. Il convient alors d’utiliser des tubulures et des seringues luer-lock et de bien les visser.

Les déchets sont à stocker séparément et à identifier

Le(s) lieu(x) et le matériel contaminés seront nettoyés à l’eau de javel 5 %, qui constitue le réactif le plus efficace pour dégrader en résidus non mutagènes les principaux médicaments utilisés en chimiothérapie vétérinaire. Les déchets se composent des médicaments ou reliquats non utilisés, du contenant et de son emballage contaminé ; du matériel employé pour la préparation et l’administration ; du matériel de protection des manipulateurs du produit et du cheval ; des ustensiles de nettoyage des surfaces contaminées ; des excreta des chevaux traités (urine, crottins, sécrétions corporelles).

Les déchets de la chimiothérapie sont à stocker dans des conteneurs distincts des autres. Ils sont identifiés comme des « déchets contaminés ou déchets chimiques dangereux, à incinérer sans ouvrir ». Le vétérinaire se doit de prévenir le personnel de la collecte des ordures de la nature de ces déchets.

Le vétérinaire met en place un système d’assurance qualité

Il s’agit de constituer un classeur contenant des fiches techniques relatives à chaque étape de la chimiothérapie et qui reste consultable à tout moment : rédaction d’une ordonnance spécifiant le nom du médicament, la dose totale administrée, la nature et le volume du solvant de dilution ; rédaction d’une feuille de préparation comprenant le volume du diluant, celui du principe actif correspondant à la dose prescrite (calcul à faire vérifier par un autre vétérinaire ou un membre du personnel) ; fiche standard concernant la préparation et la manipulation des anticancéreux ; fiche standard de traitement des déchets et protocole de décontamination.

Le propriétaire ou détenteur du cheval doit adhérer au schéma thérapeutique proposé, expliqué en détail par le vétérinaire, et signer une feuille de consentement éclairé. L’administration d’une chimiothérapie demande un suivi précis de la réglementation pour la sécurité de tous et le respect de l’environnement. La démarche peut devenir fastidieuse, mais l’arrêté prévoit la rédaction et la publication de fiches techniques qui documenteront les bonnes pratiques à respecter et fourniront un modèle de fiche d’information du propriétaire et de consentement éclairé spécifique à ce traitement.

  • (1) Arrêté du 18/6/2009 paru au Journal officiel du 20/6/2009.

CONFÉRENCIER

Youssef Tamzali, responsable de la clinique équine de l’ENV de Toulouse

Article tiré de la conférence : « Actualités réglementaires sur l’emploi des anticancéreux : le guide des bonnes pratiques », présentée aux journées annuelles de l’Avef, Deauville 2009.

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