Les camélidés ne sont désormais plus les bienvenus en Australie - La Semaine Vétérinaire n° 1388 du 15/01/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1388 du 15/01/2010

Conséquence des importations

Formation continue

FAUNE SAUVAGE

Auteur(s) : Marie Sigaud

Importés pour les besoins de la colonisation, chameaux et dromadaires sont aujourd’hui dans la ligne de mire.

La découverte de l’Australie et sa revendication par l’Empire britannique au XVIIIe siècle ont été suivies par une longue période d’exploration et de colonisation. Confrontés à la rigueur du désert australien, les colons, qui cherchaient à investir le centre du pays, ont choisi de faire venir les animaux a priori sur mesure pour affronter des régions désertiques. Plus de dix mille chameaux et dromadaires ont ainsi été importés, principalement depuis l’Asie, mais également depuis l’Afrique du Nord, à partir du milieu du XIXe siècle et jusqu’au début du XXe siècle. Ces animaux se sont révélé des montures et des porteurs de choix. Acheminant du matériel pour la construction d’infrastructures comme des lignes de télégraphe ou des chemins de fer, ils ont largement contribué à l’exploration et au développement du pays. L’avènement de la voiture a par la suite fait tomber en désuétude les chameliers et leurs chameaux. Si nombre d’entre eux, devenus inutiles, ont été abattus, la plupart ont été laissés à l’abandon dans le milieu naturel australien.

Plus d’un million de camélidés arpentent le territoire australien

Aujourd’hui, la population des camélidés est estimée à plus d’un million d’individus, dont l’aire de répartition empiète sur près de 40 % du territoire australien, ce qui témoigne d’une remarquable adaptation à leur nouvel environnement. Ainsi, l’Australie héberge le cinquième plus grand troupeau de chameaux du monde. Mais certains des écosystèmes australiens, fragiles en plus d’être uniques, supportent mal la pression exercée par les camélidés. Si les chameaux ne sont pas l’espèce introduite la plus destructrice, la majeure partie de leur impact sur l’environnement s’explique par leur densité importante, supérieure à deux individus au kilomètre carré dans la plupart des territoires qu’ils occupent. Certains écosystèmes particuliers, comme les lacs salés, souffrent plus durement de leur présence. Ils consomment près de 80 % des espèces présentes dans le milieu naturel, ce qui compromet la régénération de nombreuses plantes à croissance lente, mais également la cueillette de certaines essences par les aborigènes. En outre, malgré leurs coussinets souples, ils contribuent à l’érosion, problématique dominante sur le continent, en déstabilisant les crêtes des dunes.

Ecosystèmes et infrastructures souffrent du passage des troupeaux errants

Les infrastructures pâtissent également du passage des camélidés. Les troupeaux abîment fréquemment des pompes à eau, des abreuvoirs pour bétails ou encore des installations sanitaires pendant leur quête d’eau, en particulier en période de sécheresse. Ces dégâts sont d’autant plus problématiques lorsqu’ils se produisent dans des régions excentrées occupées par les aborigènes. Les rangers voient également d’un mauvais œil ces populations itinérantes qu’ils considèrent comme des compétiteurs féroces pour la consommation d’herbe destinée au bétail. Les autorités australiennes estiment à près de quatorze millions de dollars australiens (soit près de neuf millions d’euros) le coût des dégâts occasionnés par le passage des animaux. Ces populations, mobiles et susceptibles de se déplacer sur de grandes distances, possèdent également un potentiel de reproduction énorme. Les chameaux sont ainsi capables de doubler la taille de leur population tous les huit à dix ans.

Le tir régulateur est l’une des seules mesures de gestion efficace

Face à ces animaux dont l’impact ne justifie pas une éradication totale, plusieurs mesures de gestion ont été envisagées. La plus controversée – et celle qui suscite de loin la plus vive émotion parmi les associations de protection des animaux – est le tir, depuis des points stratégiques, au sol ou par hélicoptère. Radicale, elle permet de contrôler la taille des troupeaux. Cette option est déjà mise en œuvre dans certaines zones de pâturages ou au sein de parcs naturels nationaux.

Parmi les autres mesures proposées figure la mise en place de clôtures excluantes qui permettent de protéger certaines zones d’intérêt patrimonial en empêchant les camélidés d’y accéder. Outre le caractère contraignant et coûteux de ce type de mesure, elle n’entrave en rien l’accroissement de la population. Une autre approche est l’exploitation des populations à des fins commerciales. Ainsi, en 2007, près de six mille individus ont été abattus et leur viande a été commercialisée pour la consommation humaine ou pour celle de leurs animaux de compagnie. Ces tentatives pour endiguer l’expansion des chameaux soulignent les difficultés à contrôler l’impact d’une espèce introduite par l’homme et initialement pour lui.

  • Source : G.P. Edwards, B. Zeng, W.K. Saalfeld, P. Vaarzon-Morel et M. McGregor : « Managing the impacts of feral camels in Australia : a new way of doing business », 2008, DKCRC Report, n° 47 ; Desert Knowledge Cooperative Research Centre, Alice Springs.

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