Des carcans s’adaptent aussi aux nouveaux animaux de compagnie - La Semaine Vétérinaire n° 1388 du 15/01/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1388 du 15/01/2010

Matériel

Gestion

S’ÉQUIPER

Auteur(s) : Lorenza Richard

Toute modification de comportement de l’animal le jour qui suit la pose de la collerette (refus de s’alimenter, prostration, agitation, etc.) doit être prise en considération.

Les parasitoses cutanées, le stress, les maladies métaboliques et les suites d’une intervention chirurgicale peuvent être à l’origine d’automutilations chez les nouveaux animaux de compagnie (NAC). Les consultations de ces animaux se développent, et les propriétaires attendent du praticien le même service que pour leur chien ou leur chat. En cas de picage, de morsure ou de grattage, ils souhaitent que le vétérinaire leur fournisse une solution. En attendant que les lésions guérissent, que le traitement administré fasse effet ou que la plaie chirurgicale cicatrise, plusieurs systèmes peuvent être proposés.

Différents modèles existent selon l’espèce

Le carcan pour lapin ressemble à la collerette classique pour animaux de compagnie. Transparent, il se fixe grâce à un système de languettes. Il limite les mouvements de la tête en enserrant doucement le cou jusqu’à la base des oreilles, sans masquer l’œil, donc sans entraver le champ de vision de l’animal. Néanmoins, le lapin peut être gêné pour pratiquer correctement la cæcotrophie, ainsi que sa toilette.

Le carcan pour oiseau est transparentet se fixe à l’aide d’agrafes. Il s’enfile par latête, grâce à une fente qui évite de blesser l’animal, et s’adapte au tour de cou. Il forme une collerette qui n’entoure pas la tête, préservant ainsi le champ visuel de l’oiseau. Disponible en plusieurs tailles, c’est le moyen le plus simple pour éviter les automutilations chez les oiseaux, et le plus vendu.

Sa mise en place nécessite toutefois une manipulation correcte au moment de la pose des agrafes, car il faut veiller à ce que l’animal n’en avale pas une. Il peut aussi être adapté pour d’autres NAC, mais une surveillance s’impose si l’animal mord le carcan, pour prévenir l’ingestion d’une agrafe.

Le carcan-minerve pour oiseau est constitué de deux demi-cylindres en plexiglas. Les deux moitiés sont placées autour du cou de l’animal, la portion large vers le thorax. Elles sont fixées ensemble à l’aide de deux vis. Faire tourner la minerve sur elle-même après l’avoir posée permet de s’assurer qu’elle n’est pas trop serrée, et qu’aucune plume n’y est coincée. Plusieurs tailles sont disponibles, mais si l’oiseau parvient à contourner sa minerve pour se piquer, la partie large peut être placée vers le haut. La minerve, rigide, est un moyen efficace pour éviter l’automutilation sans entraver la vision, mais elle demande également une plus longue adaptation de l’animal.

Le collier lune pour perroquet, gonflable, est conçu sur le même principe que ceux pour chien et chat. En PVC soudé, il est recouvert d’une housse protectrice en kevlar, résistante aux coups de bec de l’animal. Il existe en gris et en noir, couleurs qui ne sont pas stressantes pour les oiseaux, et conserve le champ de vision. Malgré son prix plus élevé que celui de la minerve, il semble davantage prisé par les praticiens, car il est plus confortable pour l’animal. Il peut éventuellement être loué et réutilisé.

Les conditions de vie des NAC imposent des contraintes supplémentaires

Les carcans posent des problèmes particuliers chez les nouveaux animaux de compagnie. En effet, ils peuvent ne pas supporter le carcan et sauter en se cognant pour tenter de l’enlever. Les premières réactions, parfois violentes, sont suivies d’une phase où l’animal s’habitue peu à peu. Il reprend une vie normale après quelques heures, parfois vingt-quatre heures. S’il reste vraiment prostré, ce qui est notamment le cas pour les oiseaux, il est possible de l’hospitaliser pour observation. Le praticien s’assure alors que le carcan ne le gêne pas pour manger ou boire et qu’il s’y habitue. Toute modification de comportement de l’animal le jour qui suit la pose de la collerette (refus de s’alimenter, prostration, agitation continuelle, etc.) doit être surveillée.

Des précautions, liées à la vie en cage, doivent également être prises. Il faut ainsi veiller à ce que la cage ne soit pas encombrée. Certains perchoirs peuvent être retirés, de même que les objets susceptibles de gêner les déplacements de l’animal équipé, quelle que soit son espèce. S’il n’est pas seul dans sa cage, mieux vaut s’assurer que les autres ne viennent pas piquer ou mordiller le carcan.

En outre, il convient de veiller à la propreté du carcan, des graines ou de la litière pouvant se glisser entre lui et le cou de l’animal. L’essuyer avec un chiffon propre, parfois plusieurs fois par jour, peut se révéler nécessaire.

Le problème d’automutilation n’existe généralement pas avec les reptiles, qui risquent peu de griffer une cicatrice. Les troubles de toilettage ou de cæcotrophie de certains animaux, et les précautions à prendre, font que plusieurs vétérinaires n’utilisent les carcans pour les NAC que dans les cas où ils se révèlent indispensables. Pour se passer de collerette après une opération, une technique consiste à réaliser des points sous-cutanés simples, qui ne pourront être retirés. D’autres méthodes existent, qui relèvent du “système D” (tuyau constitué de coton entouré de Vetrap® et adapté au tour du cou de l’animal, carton fixé par des agrafes, carcan pour chat adapté à un NAC, etc.). Mieux vaut toutefois s’assurer, avant d’utiliser l’un de ces procédés, qu’il n’est pas dangereux pour l’animal : risque de grignotageducartonouducoton,risque d’étranglement lors de rétraction d’un tissu ou lorsque l’animal tire dessus, etc.

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