Les troubles digestifs sont un motif de consultation fréquent chez le furet - La Semaine Vétérinaire n° 1387 du 08/01/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1387 du 08/01/2010

Gastro-entérologie

Formation continue

FAUNE SAUVAGE ET NAC

Auteur(s) : Valentine Chamard

Les affections digestives touchent en général l’ensemble du tractus digestif.

Les affections digestives sont l’un des principaux motifs de consultation chez le furet. Elles s’expliquent notamment par des erreurs commises dans l’alimentation. Le transit digestif du furet est rapide, de l’ordre de trois heures. Il convient donc de laisser un accès permanent à la nourriture, qui doit par ailleurs être de haute valeur nutritionnelle. Le taux de matières grasses doit être élevé (entre 18 % pour les seniors et 25 % pour les juniors), ainsi que celui des protéines (de 30 % pour les seniors à 40 % pour les juniors), tandis que celui des fibres doit être bas. Les protéines doivent être d’origine animale (la viande blanche de volaille est la plus adaptée). Outre l’origine alimentaire, les causes de troubles digestifs sont nombreuses : stress, coup de chaleur, réaction vaccinale, intoxications, infections (en particulier virales, les infections parasitaires et bactériennes étant peu fréquentes chez le furet), inflammation (œsophagite, gastrite, entérite, colite), corps étranger (une simple cacahuète peut créer une occlusion digestive), occlusion, ulcère (Helicobacter mustelae), mégaœsophage, tumeurs, affections hépatiques ou pancréatiques.

La nausée est la principale manifestation de troubles digestifs

Le recueil des commémoratifs est particulièrement important, et inclut l’âge (les occlusions sont plus fréquentes chez les jeunes), le mode de vie et l’alimentation. Ils permettent de cibler les troubles qui peuvent consister en une diarrhée (en général verdâtre et granuleuse), une régurgitation, des vomissements (plus rares que chez le chien et le chat), des nausées. Ces dernières passent souvent inaperçues pour le propriétaire. Pourtant, il s’agit du principal symptôme digestif chez le furet (le motif de consultation le plus fréquent étant la diarrhée).

Lorsque le furet est nauséeux, il présente des renvois, manifeste du bruxisme, bâille, tend le cou, mâchonne l’eau, bave et, après une déglutition, met ses pattes dans la bouche et les mordille. La constipation est plus rare.

L’affection digestive touche en principe l’ensemble du tractus digestif. Les propriétaires peuvent rapporter un amaigrissement et une agressivité qui résulte d’un mal de ventre. Ils peuvent également décrire une “toux” qui est en fait secondaire au reflux gastro-œsophagien par brûlure du larynx, fréquent dans cette espèce.

Pour palper correctement un furet, il convient de le tenir verticalement, une main au niveau du cou et du thorax (sauf chez les sujets obèses et les femelles gestantes) et de palper son abdomen de bas en haut. La palpation doit être pratiquée avec prudence, car la douleur déclenche souvent un réflexe de morsure. A la faveur de la palpation de l’abdomen cranial, un reflux gastro-œsophagien peut être déclenché et senti en plaçant l’index sous le cou de l’animal. Une adénopathie des nœuds lymphatiques rétromandibulaires peut être notée, à la suite d’un reflux, de vomissements chroniques, de régurgitations. L’examen de l’appareil respiratoire peut montrer une pneumonie par fausse déglutition. Il est possible d’observer un prolapsus. Il traduit souvent une coccidiose chez le jeune. Si le motif de consultation est la diarrhée, l’examen clinique révèle souvent une atteinte digestive haute en parallèle, avec une douleur à la palpation de l’estomac et le déclenchement de reflux gastro-œsophagiens.

L’endoscopie est incontournable pour le diagnostic de certitude

L’examen complémentaire de choix est l’endoscopie par voie haute, qui permet de visualiser directement les lésions. Elle est indiquée lors de corps étrangers gastriques, de dysphagie, de vomissements et de reflux gastro-œsophagiens (une œsophagite est notée). Elle permet de confirmer les lésions et leur gravité, laquelle n’a pas toujours de corrélation avec l’état général du furet. Lors d’obstruction par un corps étranger, il est toutefois presque impossible d’en réaliser l’extraction en raison du faible diamètre de la lumière digestive. La coproscopie est à réaliser chez des animaux jeunes, lors de prolapsus ou dans les élevages. Le transit baryté est indiqué lors de suspicion de mégaœsophage. En présence d’un corps étranger, cet examen ne permet pas un diagnostic de certitude (beaucoup de corps étrangers se situent dans l’estomac et n’entraînent pas d’image d’occlusion digestive ; de plus, ils peuvent être radiotransparents). La biochimie oriente vers une infection hépatique. Quant à la numération-formule, elle permet d’objectiver une anémie lors de suspicion d’ulcère, ainsi qu’une lymphocytose en relation avec une infection virale ou un lymphome.

L’oméprazole permet de traiter les reflux gastro-œsophagiens

Le traitement passe par une rééquilibration de l’alimentation (Hill’s® chaton au poulet, par exemple). Les pansements digestifs sont incontournables. Ils sont à administrer pendant trois semaines lors de reflux (œsophagite). Les antibiotiques qui peuvent être utilisés sont l’amoxicilline (20 mg/kg, per os, deux fois par jour) et le métronidazole (il ne faut pas choisir la formulation en solution). Lors de reflux gastro-œsophagien, les anti-acides sont indiqués. Notre confrère Christophe Bulliot préconise l’utilisation d’oméprazole sous forme de gélules de 10 mg. Une gélule de cette spécialité contient 70 à 75 microgranules. La posologie pour le furet est de cinq à dix microgranules (une fois par jour, pendant deux mois). Les corticoïdes peuvent être employés lors de gastrite ou d’œsophagite. La chirurgie est requise en cas de corps étrangers ou de tumeurs (mauvais pronostic). En termes de prévention, il ne faut pas oublier la vaccination contre la maladie de Carré.

CONFÉRENCIER

Christophe Bulliot, praticien “exclusif Nac” à Nandy (Seine-et-Marne).

Article rédigé d’après la conférence « Affections digestives du furet », présentée au congrès Fecava, Lille, 2009.

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