L’enseignement français doit réintégrer le giron européen - La Semaine Vétérinaire n° 1387 du 08/01/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1387 du 08/01/2010

Rapport Vallat. Propositions sur le parcours de formation initiale en France

Actualité

Auteur(s) : Marine Neveux*, Stéphanie Padiolleau**

Le rapport de Bernard Vallat sur la nature et la durée du cursus des études vétérinaires et sur les modalités de recrutement dans les écoles vient d’être rendu public.

Un parcours de formation initiale français à réintégrer dans un contexte européen, un cursus victime de plusieurs écueils au cours des dernières années, l’absence – déplorable – de réunions de plusieurs comités : voici quelques-uns des constats du rapport de Bernard Vallat sur l’enseignement vétérinaire hexagonal, communiqué en fin d’année dernière.

En premier lieu, force est de souligner la qualité du rapporteur, directeur de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), personnalité reconnue au niveau international qui, dans le passé, avait déjà mis en avant l’importance d’une réflexion sur l’enseignement français, à mener dans un cadre européen et mondial. Les éléments étaient donc réunis pour un travail ambitieux, grâce à cette reconnaissance, au recul et à la vision générale dont dispose notre confrère. La commande se contentait toutefois d’évoquer le contexte européen, cantonnant le travail à une vision trop franco-française, alors qu’elle émanait de l’un des plus européens de nos hommes politiques, Michel Barnier.

La nécessité de resituer l’enseignement français dans une dimension plus large, de connaître les futurs flux de vétérinaires en Europe et dans le monde, d’étudier les différents cursus de formation, d’envisager une harmonisation, etc., a pourtant été soulignée par Bernard Vallat et l’OIE lors de son congrès sur « un enseignement vétérinaire pour un monde plus sûr », à Paris en octobre dernier. Espérons donc que ce rapport n’est qu’un premier volet et que Bruno Le Maire, actuel ministre de l’Agriculture, en commandera bientôt un second pour explorer ce qui mérite encore de l’être !

L’importance du contexte communautaire comme leitmotiv

Malgré ces regrets sur la dimension du rapport, ce dernier souligne, dès le début, la nécessité de replacer le cursus français sur les rails de l’Europe. Bernard Vallat plaide ainsi pour « renforcer fortement la gestion du dossier de la formation vétérinaire dans le cadre communautaire, à la fois de l’administration centrale et des écoles vétérinaires ». Il dresse le constat de situations hétérogènes dans les Etats membres, à l’heure où les directives “services” et “professions réglementées” ne cessent d’agiter les débats. « L’absence de mise en place par la Commission européenne du comité et du groupe d’experts dans le domaine de la formation vétérinaire fait partie des difficultés de fond qui gagneraient à être soulevées rapidement par la France », indique-t-il notamment.

Le rapporteur souligne en outre la fragilité juridique des modalités d’évaluation par l’Association des établissements européens d’enseignement vétérinaire (AEEEV), qui ne dispose actuellement d’aucun mandat de la Commission européenne. La reconnaissance officielle est donc préconisée.

Au niveau national, la nécessité d’une coordination active entre la Direction générale de l’éducation et de la recherche (DGER, qui dépend du ministère de l’Agriculture) et le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche est aussi soulignée.

Activer le comité de coordination et faire reconnaître les classes préparatoires

Autre dossier à (re)mettre sur la table : la reconnaissance des classes préparatoires françaises dans le cadre du cursus de formation vétérinaire. Cela avait déjà soulevé des difficultés en 2006, lorsque l’école de Lyon n’avait pu être évaluée positivement : en raison de la non-reconnaissance des années de “prépa”, elle ne respectait pas la durée minimale des études vétérinaires, fixée à cinq ans au niveau européen. La solution avait alors été d’allonger le cursus (arrêté du 20 avril 2007). Un comité de coordination chargé d’examiner la cohérence des connaissances en classe préparatoire avait été créé. « On peut regretter qu’il n’ait jamais été réuni et n’ait donc pas permis une meilleure adaptation du programme des classes préparatoires (…). De même, les échanges entre la DGER et le ministère de l’Enseignement supérieur sur le sujet de la formation vétérinaire se sont raréfiés. »

Aujourd’hui, le souhait est de raccourcir le cursus (de sept ans à cinq ans et demi).

Augmenter le flux entrant annuel dans les écoles vétérinaires

Le rapport soutient la filière sélective qui passe par les classes préparatoires au concours des grandes écoles. « Le contexte très évolutif de l’enseignement supérieur français, notamment en matière de partenariat entre les universités, les classes préparatoires et les grandes écoles, qui pourraient se structurer au sein des pôles de recherche et d’enseignement supérieur (Pres), doit inciter à maintenir le dispositif existant qui privilégie la voie des classes préparatoires BCPST pour l’accès au concours A des ENV. » Le texte préconise aussi la mutualisation des enseignements dans certaines disciplines communes à la formation des médecins et des vétérinaires, et recommande de réserver cinq places par ENV pour les élèves reçus aux épreuves de première année commune aux études de santé.

Bernard Vallat suggère en outre d’augmenter de vingt places le flux entrant annuel dans les écoles vétérinaires dès 2011, et « d’accompagner cette mesure des crédits de fonctionnement nécessaires au maintien de la formation à un niveau de qualité constant  ». Un véritable challenge à un moment où les établissements ont à peine les ressources nécessaires pour assurer le fonctionnement quotidien !

L’enseignement détermine l’orientation des élèves vers la canine ou la rurale

En ce qui concerne l’orientation des futurs vétérinaires vers l’exercice rural, Bernard Vallat égratigne certaines idées reçues. Tout d’abord, « il ne semble pas y avoir de corrélation notable entre l’origine rurale des élèves et la préférence accordée à l’exercice de la médecine des animaux de rente ». Le recrutement des étudiants, notamment via la voie C, n’est donc pas un facteur pour garantir le maintien du maillage vétérinaire. Par ailleurs, la féminisation, souvent considérée comme un facteur majeur de désintérêt, n’a pas d’effet stricto sensu, puisque « les femmes choisiraient autant la médecine des animaux de rente que la médecine canine si les conditions d’accompagnement de la vie familiale étaient adaptées ». Un entretien de motivation est proposé à titre expérimental. Une étude de suivi des élèves depuis leur entrée en classe préparatoire jusqu’à cinq ans après l’obtention de leur diplôme est proposée pour comprendre leur choix (canine ou rurale). D’après le rapport, ce choix intervient « dans la majorité des cas durant le cursus en ENV, sous l’influence de la qualité des enseignements ». Bernard Vallat préconise une adaptation de l’enseignement pour rendre plus attractif le domaine des animaux de rente : « Renforcement de la formation à l’audit d’élevage, rénovation de l’enseignement clinique, et sensibilisation des élèves au contexte socio-économique de l’élevage. » Il introduit la notion de « compétences cliniques de base en fin de cursus » qui définit une liste d’actes que le jeune diplômé doit pouvoir exécuter au premier jour de son exercice (injections, vêlages ou césariennes). D’autres pistes sont proposées : tutorat par des praticiens libéraux en coordination avec les enseignants ou soutiens financiers comparables à ceux qui existent pour les médecins, au cours des études ou à l’installation.

En dernier lieu, le rapport met en exergue la nécessité d’un pilotage central de l’enseignement supérieur vétérinaire.

  • (1) Le rapport complet est disponible sur le site WK-Vet.fr, rubrique “Semaine Vétérinaire”, puis “Compléments d’articles”.

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