Que pensez-vous de l’utilisation des produits anticancéreux en médecine vétérinaire ? - La Semaine Vétérinaire n° 1384 du 11/12/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1384 du 11/12/2009

Entre nous

FORUM

Vers une spécialisation des cliniques

Catherine Trumel, professeur à l’école de Toulouse.

Les recommandations requises pour réaliser les traitements anticancéreux permettent de prendre conscience des risques liés à la toxicité de ces substances, pour les animaux traités, mais aussi pour les personnes qui les administrent. Ces médicaments sont potentiellement cancérigènes et/ou mutagènes pour ceux qui les manipulent, si certaines conditions ne sont pas respectées. De plus, ils peuvent avoir un impact sur la santé publique : l’entourage des animaux doit être protégé, ainsi que l’environnement lors de l’élimination des déchets contaminés. Il est évident que les propriétaires, une fois informés des risques, doivent être motivés et impliqués pour entreprendre une chimiothérapie. Le cahier des charges exigé pour réaliser les traitements anticancéreux peut paraître lourd pour les cliniques qui en pratiquent peu. Il est possible, et certainement préférable, que seules des structures habilitées de type “référé” proposent ces traitements à terme. Les protocoles y seront davantage maîtrisés, parce que plus souvent pratiqués, et surtout les effets secondaires seront mieux gérés. A l’école de Toulouse, des travaux sont en cours pour aménager des locaux réservés à la chimiothérapie, accessibles seulement à un personnel restreint (les étudiants ne pourront pas y pénétrer). Un texte de loi régularisant l’accès et l’emploi des anticancéreux chez l’animal était nécessaire. J’espère que la dernière mouture, en cours de finalisation, nous permettra d’utiliser d’autres médicaments, actuellement réservés à l’usage hospitalier.

Des recommandations pratiques compliquées pour les maîtres

Jean-Loup Mathet, praticien à Orléans (Loiret)

Malgré la restriction d’accès aux produits anticancéreux depuis quelques années, notamment l’adriblastine, nous avons toujours pratiqué des actes de chimiothérapie. Les propriétaires sont demandeurs d’informations et sont généralement prêts à s’engager à partir du moment où un prolongement acceptable de la vie de leur animal est envisageable grâce à la chimiothérapie. Je suis d’accord avec le fait de réglementer l’utilisation des substances anticancéreuses via des conditions de sécurité pour le personnel, le vétérinaire et le propriétaire. Au sein de la clinique, nous hospitalisons les animaux, suivons des protocoles bien établis avec des consignes de protection, et éliminons les déchets. Le respect des recommandations pratiques, qui entraînera nécessairement un surcoût de facturation, est possible si nous sommes organisés. En revanche, la récupération des excrétas par les propriétaires me semble compliquée. Je ne suis pas certain que les gens soient prêts à ramasser les déjections de leur animal pendant plusieurs jours parce que l’environnement risque d’être pollué. D’ailleurs, qui les contrôlera ? C’est ajouter des contraintes à un acte qui est déjà lourd, si nous tenons compte des hospitalisations, des bilans sanguins, des perfusions, des effets secondaires, etc. Le but de la loi est probablement de réserver à terme la gestion exclusive de la chimiothérapie à des centres spécialisés. C’est regrettable pour certains propriétaires qui, faute de moyens, ne feront pas traiter leurs animaux en raison du coût plus élevé des traitements.

La porte de la pratique anticancéreuse va se fermer pour certains

Claire Perrot, praticienne à Miribel (Ain)

Faute de pouvoir nous procurer certains produits anticancéreux, nous réalisons beaucoup moins de chimiothérapies qu’avant, alors que nous dépistons de plus en plus de cancers et que certains propriétaires sont prêts à faire soigner leurs animaux. Nous avons les connaissances pour mener des protocoles de chimiothérapie, mais nous ne disposons pas des produits. Que la loi nous permette l’accès à plus de médicaments me paraît intéressant, car je ne vois pas pourquoi nous serions limités. En revanche, je crains que les recommandations d’utilisation pratiques stoppent net la mise en place de protocoles anticancéreux dans la plupart des cliniques et la renvoient vers des centres spécialisés. Il est déjà compliqué de convaincre les gens de se lancer dans des traitements anticancéreux. Préciser en plus les risques potentiels pour l’entourage de l’animal et les contraintes liées à la récupération des excrétas, entre autres, c’est ajouter une barrière à celle déjà présente dans les esprits lorsque le mot chimiothérapie est prononcé. Et si nous voulons respecter les règles et être rentables, le coût risque d’être prohibitif. De plus, référer vers des centres spécialisés suppose un coût financier de la part des propriétaires, mais aussi un investissement en temps. Il faut être relativement disponible pour accompagner son animal, parfois loin de chez soi, un ou deux jours toutes les trois semaines, pendant plusieurs mois. Finalement, la loi ne va pas arranger la plupart des vétérinaires, mais ce sont surtout les propriétaires qui vont en faire les frais. C’est dommage.

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