Les méthodes de diagnostic des mammites s’étoffent d’un nouveau test - La Semaine Vétérinaire n° 1383 du 04/12/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1383 du 04/12/2009

Bovins laitiers

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Julien Gobet*, Karim Adjou**

Sensibilité, fiabilité et rapidité d’obtention du résultat dictent le choix de réaliser l’examen bactériologique du lait soit au cabinet, soit au laboratoire.

Les mammites en lactation sont l’une des préoccupations majeures des éleveurs laitiers. Ce problème est en outre exacerbé par un contexte économique actuel difficile pour la filière et l’application plus sévère de la réglementation sur les normes qualitatives du lait collecté. Le vétérinaire doit donc non seulement rester garant de la qualité du lait, mais son expertise doit aussi lui permettre de devenir un partenaire économique de ses clients et un atout pour la réalisation d’un chiffre d’affaires maximisé. Ainsi, la pertinence des traitements passe par un diagnostic étiologique afin d’influencer positivement l’observance de ses recommandations et l’efficacité des protocoles de soins prescrits (voir schéma en page 40).

L’indépendance du laboratoire se paie dans le délai de restitution des résultats

La première voie de réalisation des analyses du lait est le laboratoire départemental ou le laboratoire vétérinaire départemental. L’intérêt majeur de cet examen réside dans son processus, qui suit une procédure destinée à en garantir la qualité (programme Cofrac).

La réalisation d’un antibiogramme (apprécié par les éleveurs), l’identification, le typage et les profils biochimiques des souches sont possibles, même si l’intérêt pour le praticien est limité. Pour l’antibiogramme, par exemple, il est difficile de transposer des données in vitro en in vivo, ou encore d’interpréter des normes humaines, non vétérinaires. Cependant, la fourniture du résultat par un tiers ne permet pas à l’éleveur de remettre en cause la fiabilité ou l’impartialité de son vétérinaire.

Toutefois, les contraintes sont multiples : temps et moyen d’acheminement (colis postaux en vingt-quatre à quarante-huit heures), conservation (chaîne du froid), délai de restitution (vingt-quatre heures pour l’envoi, quarante-huit heures d’analyses et vingt-quatre pour la validation du résultat et la restitution), coût parfois difficile à faire accepter à l’éleveur, surtout si l’échantillon est inexploitable. Tout cela ne prend évidemment pas en compte la superposition d’un week-end dans la planification de la restitution du résultat, alors que l’éleveur attend une réactivité immédiate et des solutions rapides.

Pour faciliter ces analyses en laboratoire, il existe un kit de prélèvement qui, grâce à un cryoconservateur, permet de congeler du lait mammiteux tout en préservant les germes les plus fragiles (Cryokit®, Intervet). Le problème des fins de semaine et des jours fériés résolus, les cinq à dix échantillons congelés conseillés sont expédiés au laboratoire pour confirmer le profil bactériologique des mammites de l’élevage.

L’analyse du lait au cabinet se développe sous réserve d’investissements

Face aux décalages de rythme entre les laboratoires et les praticiens, ces derniers développent peu à peu leurs propres analyses bactériologiques au cabinet. Ces tests sont, en général, assez simples à réaliser, mais ils nécessitent un investissement en temps (formation) et en matériel (étuve, bec Bunsen, microscope, kit de coloration de Gram, milieux de culture) non négligeable. Par exemple, les milieux de culture ont un prix unitaire faible, mais ils sont conditionnés par multiples de vingt, avec des dates de péremption courtes et des frais d’acheminement au cabinet élevés et incompressibles. Dès lors, le prix de revient de l’analyse n’est calculable qu’après la péremption des milieux et l’évaluation des pertes. Mais rapidement, avec un peu de pratique, il est possible de réaliser des analyses bactériologiques au cabinet avec une réponse en vingt-quatre à quarante-huit heures, voire de connaître la virulence de la souche bactérienne isolée (test à la céfinase pour identifier les souches de staphylocoques résistantes aux pénicillines).

Il convient toutefois de veiller aux risques nosocomiaux que représente la manipulation de souches bactériennes comme les staphylocoques, qui peut mettre en cause la responsabilité du vétérinaire employeur.

L’alternative Hymastitis test allie l’utilisation aisée à la péremption plus longue des milieux

Les vétérinaires ont également à leur disposition, depuis peu, un test déjà commercialisé aux Etats-Unis et en Israël depuis plus de dix ans, dans une version optimisée constamment : le Hymastitis test. Son utilisation est facile et consiste simplement à immerger, dans le prélèvement de lait, une lame contenant deux milieux sélectifs de part et d’autre (un milieu Gram positif et un milieu Gram négatif). Après une incubation à 37 °C, la réponse est obtenue en douze à quarante-huit heures, selon les germes et leur concentration dans l’échantillon.

L’interprétation du test est liée au milieu sur lequel la croissance bactérienne se produit, ainsi qu’à la couleur, à la forme et à l’aspect des colonies présentes sur ce milieu. Il est donc aisé de reconnaître une mammite à Gram positif ou Gram négatif (voir photo en page 38) via le milieu, de déterminer la famille bactérienne (staphylocoque, streptocoque, Escherichia, Klebsiella) grâce à la couleur des colonies, même si l’identification de la souche demande un peu d’habitude.

Un essai mené en août 2008 sur cent deux échantillons a comparé la sensibilité et la spécificité du Hymastitis test par rapport à la technique conventionnelle des laboratoires (gélose au sang et tests biochimiques). Les résultats sont acceptables puisqu’une sensibilité globale de 86 % et une spécificité de 100 % sont obtenues (voir tableau en page 38).

Ce test présente l’avantage de ne nécessiter aucune formation, avec un investissement humain et matériel minime (voir photo ci-contre). Certains confrères utilisent des yaourtières et un thermomètre comme incubateur et toute auxiliaire est capable de réaliser l’ensemencement, même en l’absence du vétérinaire. En outre, le kit peut servir de matériel de prélèvement et de milieu de transport. Ainsi, l’analyse peut être prévendue, sachant que la péremption du milieu est relativement longue (quatorze semaines à partir de la réception en centrale).

La méthode d’analyse utilisée doit répondre aux besoins des praticiens et à ceux de leurs clients (temps, investissement, niveau d’exploration, etc.). Seule certitude : la démocratisation de ces analyses en cabinet prouve qu’il s’agit d’outils précieux pour la décision thérapeutique, prophylactique et d’épidémiosurveillance des mammites en troupeau laitier. Néanmoins, l’interprétation d’un résultat de bactériologie seul ne peut suffire à bâtir un plan de traitement, mais il confirme de manière tangible pour les éleveurs l’analyse et le diagnostic de troupeau posés. De plus, comme la bactériologie au cabinet fournit un résultat avant la fin du traitement de première intention mis en œuvre, il y a fort à parier qu’une chambre de discipline, des experts, voire des juges estimeront un jour que le défaut de recours à cet examen complémentaire constitue un défaut de moyens.

VOIR AUSSI

• SNGTV : « Référentiel de traitement en exploitation laitière de la méthode GTV Partenaire », novembre 2001.

• J. Bahar et R. Cohen : « Efficiency of the ChroMagar mastitis system to detect mastitis pathogens in milk samples », Israeli Dairy Board Central Laboratories, 31/8/2008.

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