Deux tiers des vétonautes craignent de perdre la délivrance des médicaments à moyen terme - La Semaine Vétérinaire n° 1383 du 04/12/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1383 du 04/12/2009

Entre nous

QU’EN PENSEZ-VOUS ?

Auteur(s) : Nicolas Fontenelle

Pas de panique, mais une vraie inquiétude. Les vétonautes estiment que la délivrance pourrait bien leur échapper un jour prochain. Mais de qui vient la menace ? « Des vétérinaires pardi, répond un praticien. Si nous appliquions la législation au pied de la lettre, il ne resterait à peu de chose près que les fameux “affairistes” conspués par les ruraux. Qui, parmi nous, délivre en parfait accord avec la loi Dans ce dossier, nous sommes notre meilleur ennemi. » « Si la profession ne respecte pas sérieusement le décret prescription-délivrance, c’en est fini d’ici peu », prévient un autre. Lors du congrès du SNVEL à Nice, fin octobre, Claude Andrillon a appelé ses confrères à faire preuve de rigueur. « Prescription et délivrance doivent être réalisées par des vétérinaires habilités à exercer », a martelé le vice-président du syndicat.

C’est que la position des vétérinaires français a été remise en cause à plusieurs reprises ces derniers mois. Le ministre de l’Agriculture néerlandais s’est inquiété publiquement qu’ils soient intéressés à la vente de médicaments, ce qui a relancé le débat au niveau européen. Plus récemment, des médecins ont proposé de séparer prescription et délivrance pour diminuer l’usage des antibiotiques(1). Fin octobre, en pleine affaire sur les importations illégales de médicaments espagnols au Pays basque, certains syndicats agricoles dénonçaient le monopole des praticiens sur la vente des produits qu’ils prescrivent(1).

Mais au palmarès des menaces qui pèsent sur la délivrance, le lobby des pharmaciens arrive en tête. « C’est la profession de santé la plus agressive contre les vétérinaires. Les confrères biologistes peuvent en témoigner. Après la biologie, la pharmacie ? C’est toujours aux mêmes que profite le crime », peste une vétonaute. « Il n’y a qu’à voir les groupements de pharmacie qui disposent de prix de vente inférieurs à nos prix d’achat, remarque un autre. Merci aux laboratoires pour leur double discours. »

Pour d’autres, certes minoritaires, la perte de la délivrance ne serait pas si dramatique. « Finalement, est-ce une menace ou une opportunité ? Y perdrions-nous vraiment », s’interrogent deux praticiens. « Vivement que nous nous en passions », ajoute un troisième. « Lors de réunions confraternelles, je m’aperçois que je suis loin d’être le seul à penser que la fin de la délivrance par nos soins est inéluctable, et que ce ne sera peut-être pas plus mal, témoigne-t-il. Nous prescrirons en toute indépendance, car cela sera le meilleur choix thérapeutique, sans considérations commerciales ni objectif de contrat à remplir. Les confrères américains sont passés par là, avec l’émergence de la vente en ligne. Ils ont augmenté leurs tarifs de 20 à 30 %, paraît-il. Ils n’en sont pas morts que je sache. Ainsi, nous nous recentrerons sur notre métier, l’acte, et le conseil. » Le débat est (re)lancé.

  • (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1379-1380 des 6 et 13/11/2009 en pages 12-13 et 20.

réactions Internet

Punir les “affairistes”

La délivrance est menacée par les autres ayants droit, surtout les groupements de producteurs et les pharmaciens. Ils vont essayer de prendre notre place en dénonçant les mauvaises pratiques des vétérinaires, surtout des “affairistes” qui vendent par colisage tout ce que l’éleveur désire, sous réserve de la réalisation d’un pseudo-bilan sanitaire et de pseudo-protocoles de soins, mais sans avoir jamais réalisé de visite et de soins dans l’élevage. Pourquoi les sanctions ne tombent-elles pas ?

Thierry Pieters

C’est tirer un trait sur la plupart d’entre nous

Les vétérinaires ruraux vivent en grande partie de la pharmacie vétérinaire. Nous retirer la délivrance du médicament, c’est tirer un trait sur la plupart d’entre nous. Pourtant, il est clair que pour une réelle indépendance de la prescription, la seule solution est que le prescripteur ne soit pas le délivreur. Quel vétérinaire rural qui, pour l’instant, essaie toujours d’améliorer son contrat “antiparasitaires” et de forcer ses ventes, ne ferait pas marche arrière s’il ne vendait pas ces médicaments Il ferait alors beaucoup plus de bilans parasitaires, afin de mieux cibler les traitements et de prescrire le moins possible d’antiparasitaires. Malheureusement, si la logique médicale va plutôt dans ce sens, ce n’est pas le cas de la logique économique.

Frédéric Lecour
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