Deux tiers des tumeurs linguales sont malignes - La Semaine Vétérinaire n° 1383 du 04/12/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1383 du 04/12/2009

Cancérologie canine

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Philippe Zeltzman

Les auteurs(1) ont étudié le dossier de quarante-deux chiens atteints de tumeurs linguales. Ils sont généralement présentés pour halitose (cinq chiens), ptyalisme (quatre) et saignements (trois). Lorsqu’un bilan d’extension est réalisé, il se révèle négatif (radiographie thoracique, échographie, cytologie des ganglions lymphatiques locaux).

L’histopathologie montre que 64 % des tumeurs sont malignes. Les plus fréquentes sont le mélanome malin (26 %) et le carcinome épidermoïde (17 %). La tumeur est bénigne dans 36 % des cas. Il s’agit le plus souvent de plasmocytomes (12 %) et de papillomes (10 %).

Le traitement consiste en une glossectomie partielle ou subtotale, suivie d’une hospitalisation d’une durée médiane de deux jours (un à six jours). Certains animaux, surtout lors de glossectomie importante, bénéficient d’une sonde de gastrostomie pendant quelques semaines. Elle est retirée dès que le chien “réapprend” à boire et à manger.

Après l’intervention, les soins postopératoires à réaliser par le propriétaire consistent en une alimentation assistée à l’aide de boulettes. L’eau est donnée dans un récipient profond. Les complications à court terme incluent le ptyalisme et la déhiscence de plaie. Parmi les trois cas de déhiscence, deux ont lieu après l’emploi d’un laser pour l’exérèse. A long terme, seuls trois chiens conservent une difficulté à la préhension.

L’exérèse est complète dans 68 % des cas. Logiquement, la survie est alors plus longue. Les chiens dont l’exérèse est partielle ont 3,6 fois plus de risque de mourir des conséquences de leur affection linguale.

Les animaux étudiés tolèrent bien l’opération, quelle que soit la longueur de l’ablation

Au final, la survie médiane lors de tumeur bénigne est supérieure à quatre ans et demi. En cas de tumeur maligne, elle est proche de dix mois. Plus spécifiquement, lors de mélanome malin, la survie médiane est de sept mois, et de dix mois en cas de carcinome épidermoïde. Les auteurs précisent que le carcinome à cellules squameuses est la tumeur linguale maligne de loin la plus fréquente chez l’homme, avec une incidence de 95 %.

Les auteurs conseillent de réaliser une biopsie de toute masse linguale pour planifier l’exérèse, en particulier la quantité de tissu à exciser. Ils estiment que les animaux étudiés ont bien toléré la chirurgie dans l’ensemble, quelle que soit la longueur de l’ablation.

  • (1) J.A. Syrcle et coll. : « Retrospective evaluation of lingual tumors in 42 dogs : 1999-2005 », JAAHA, 2008, vol . 44, n° 6, pp. 308-319.

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