Les principales lésions causées par Candida albicans concernent surtout le jabot - La Semaine Vétérinaire n° 1382 du 27/11/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1382 du 27/11/2009

Candidose en élevage avicole

Formation continue

FILIERES

Auteur(s) : Karim Adjou

Si les lésions observées suggèrent la présence de C. albicans, le recours au laboratoire est parfois nécessaire.

La candidose est une importante mycose des premières voies digestives chez la pintade, le gibier, l’oie et le canard soumis au gavage. Elle est peu développée en élevage industriel de poulets ou de dindons. La candidose, due à la levure Candida albicans (voir encadré), est souvent retrouvée dans la flore gastro-intestinale normale des volailles (30 à 60 % sont porteuses). En revanche, il s’agit aussi d’un agent pathogène opportuniste, qui déclenche notamment la maladie chez l’oiseau immunodéprimé, stressé ou chez ceux qui ont subi un long traitement antibiotique. Des bactéries bénéfiques de la flore gastro-intestinale sont en effet tuées en même temps que les bactéries pathogènes ciblées par l’antibiotique. L’équilibre de la flore intestinale est alors brisé et C. albicans se met à croître de façon exagérée. Les mauvaises conditions d’hygiène, les infections intercurrentes et les carences nutritionnelles facilitent en outre le développement de la candidose. Bien que les oiseaux y soient sensibles à n’importe quel âge, les jeunes (une à six semaines d’âge) sont beaucoup plus réceptifs à cette mycose que les adultes.

Les oiseaux contaminés par le milieu extérieur (eau, aliment, litière) permettent à la levure de proliférer dans les parties supérieures des voies digestives. Ainsi, les filaments pénètrent dans la couche superficielle des muqueuses et provoquent des réactions inflammatoires et douloureuses (formation de pseudomembranes ou de membranes diphtriques) dans la cavité buccale, l’œsophage, surtout le jabot et parfois le proventricule.

Une invasion systémique, avec symptômes nerveux, rénaux ou intestinaux, est très rare

Les symptômes de la maladie sont peu caractéristiques (mauvais état général, frilosité, manque d’appétit). La mortalité et la morbidité causées directement par la candidose sont le plus souvent faibles, voire absentes. Dans les cas bénins, les signes cliniques sont généralement discrets. Dans les formes aiguës, la douleur ressentie au moment de la déglutition entraîne chez l’animal une réduction de la consommation d’eau et d’aliments. Les oiseaux deviennent apathiques et anorexiques. Un ralentissement de la croissance est alors noté. Une invasion systémique avec des symptômes nerveux, rénaux ou intestinaux est possible, mais extrêmement rare.

Les principales lésions causées par C. albicans concernent surtout le jabot. Un exsudat blanchâtre est observé à l’autopsie, à l’allure d’un lait caillé plus ou moins adhérant et associé à des lésions nécrotiques et hémorragiques. Ces mêmes lésions sont retrouvées au niveau de la cavité buccale et de l’œsophage. Une inflammation avec des nodules blanchâtres est également décrite (voir photos). Dans les cas avancés, des débris nécrotiques dans les replis du jabot, dont la muqueuse est généralement épaissie, sont aussi présents.

Si les lésions observées suggèrent fortement la présence de C. albicans, il est parfois nécessaire de recourir aux examens de laboratoire (frottis direct, histologie et culture) pour confirmer le diagnostic. Le frottis consiste en un examen microscopique direct d’un échantillon de tissus. Ce test, bien que rapide, n’est efficace que si des filaments pseudo-mycéliens sont présents. Les autres techniques sont plus lentes – l’histologie demande quarante-huit heures et la culture deux à cinq jours – et elles sont souvent mises en place dans un second temps. L’examen histopathologique, réalisé dans un laboratoire spécialisé, permet de mettre en évidence les éléments fongiques dans les tissus. Il est donc en mesure de démontrer de façon certaine l’existence d’une mycose profonde. Néanmoins, l’isolement des levures peut correspondre à une simple contamination ou à un portage asymptomatique. La confirmation du pouvoir pathogène ne pourra alors être obtenue que par l’isolement répété et abondant de la même espèce au cours du temps. Quant à la mise en culture, elle est fortement recommandée, voire un préalable indispensable à la réalisation des tests de sensibilité aux antifongiques.

Les résultats des traitements contre C. albicans sont souvent frustrants

En France, il existe peu de produits antifongiques autorisés et la thérapie doit s’étaler dans le temps pour éviter les récidives. Sur le terrain, divers produits sont utilisés : le parconazole (sous AMM)? dans l’aliment (60 ppm), des solutions à base d’iode ou de sulfate de cuivre dans l’eau de boisson, de la nystatine dans l’aliment (100 à 200 ppm) ou dans l’eau de boisson.

En 1989, M.Y. Lin et ses collaborateurs ont évalué l’efficacité in vitro de nombreuses molécules antifongiques sur des isolats de C.albicans prélevés sur le terrain. Ces auteurs recommandent l’utilisation de la nystatine dans l’eau, car ils ont noté que les volatiles malades consomment moins d’aliments à cause des lésions, mais boivent plus d’eau. Toutefois, les traitements sont souvent délicats à mettre en place et leurs résultats sont, la plupart du temps, frustrants. La prévention reste donc essentiellement fondée sur la surveillance et la limitation des facteurs favorisants.

  • Retrouvez des références bibliographiques en ligne sur le site WK-vet.fr, rubrique “Semaine Vétérinaire”, puis “Compléments d’articles”.

Candida albicans

C. albicans est une levure de forme ovoïde et d’une taille de 3 à 5 µm qui fait partie des principales mycoses animales. Elle se multiplie par bourgeonnement et peut former des filaments pseudo-mycéliens. Normalement, C. albicans est incapable de proliférer en dehors de son hôte (animal ou homme). Cependant, une forme végétative est capable de résister plusieurs mois sur un support extérieur.

K. A.
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