“Démédiquer” sans dégrader les performances : un enjeu vital pour la filière cunicole - La Semaine Vétérinaire n° 1382 du 27/11/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1382 du 27/11/2009

Filières. 13e Journées de la recherche cunicole

Actualité

Auteur(s) : Samuel Boucher

La filière cunicole traverse une crise, mais les scientifiques ne baissent pas les bras et poursuivent leurs recherches.

L’augmentation de la technicité est la seule vraie solution pour sortir nos élevages de la crise », a déclaré Jean-Pierre Cavelier, président du Clipp (interprofession cunicole), dans son discours d’ouverture des 13e Journées de la recherche cunicole (JRC), organisées au Mans (Sarthe) les 17 et 18 novembre. La hausse du coût de l’aliment, la surproduction et la baisse du pouvoir d’achat des Français sont les facteurs avancés par les économistes pour expliquer les causes de l’actuel “déclin” de la filière cunicole.

Toutefois, Philippe Le Loup, le directeur de l’Institut technique de l’aviculture (Itavi), prévoit une sortie de crise pour la fin de l’année 2011. Mais, d’ici là, il faut tenir et être inventif.

Des pistes voient le jour pour remplacer le médicament

Deux cents participants ont pris connaissance de quarante-neuf communications et ont pu assister à une table ronde sur la “démédication” en cuniculture, thème central des préoccupations du monde cunicole. De nombreuses pistes voient le jour pour remplacer le médicament par des pratiques telles que le rationnement, l’utilisation d’additifs non médicamenteux ou la ventilation maîtrisée des salles d’élevage. Mais tout cela nécessite des investissements que seuls feront ceux qui croient en l’avenir de la filière.

Développement d’outils pour une viande irréprochable

Dans la session “qualité des viandes”, une étude a particulièrement retenu l’attention des participants. Elle a validé l’utilisation de la méthode Premi-test® pour la détection des résidus antibactériens dans la viande de lapin et a révélé que les résultats sont indépendants du temps de congélation des viandes ou du mode d’extraction du jus après décongélation à température ambiante ou au bain-marie. Un autre des sujets particulièrement attendus était celui relatif au temps d’attente de la sulfadiméthoxine distribuée par voie alimentaire. Les contrôles officiels mettent en évidence que 3,6 % des lapins présentent des taux de résidus de sulfadiméthoxine supérieurs à 100 µg/g de viande (données 2007), valeur de la LMR en Europe. L’Association des vétérinaires cunicoles français (AVCF) a eu pour charge de vérifier que le temps d’attente de douze jours pour l’utilisation de la sulfadiméthoxine par voie alimentaire était bien validé. Les études, menées avec les chercheurs de l’école vétérinaire de Lyon, ont montré l’existence de familles de lapins qui présentent un système enzymatique pouvant être qualifié de “lent” et qui n’excrètent pas la molécule aussi vite que les autres individus. Ces animaux étant assez bien représentés parmi les souches commerciales de lapins de chair, l’AVCF a proposé de respecter volontairement un temps d’attente d’au moins quinze jours et l’interprofession a proposé vingt et un jours.

Des avancées sur des maladies anciennes ou émergentes

Dominique Licois, de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) de Tours, a, pour sa part, expliqué que si le tableau clinique de la pasteurellose, décrit au début du xxe siècle, n’a pas évolué, son épidémiologie a profondément changé en raison de l’intensification des échanges commerciaux qui a entraîné la diffusion de certaines souches, donnant des formes respiratoires, abcédatives ou septicémiques de la maladie. Une équipe travaille sur la mise au point d’un modèle d’infection après caractérisation des souches bactériennes de terrain. Cette phase préliminaire devrait permettre de sélectionner des lapins plus résistants à l’affection. Dominique Licois a également confirmé l’existence d’une toxine dans l’entéropathie épizootique du lapin (EEL), syndrome qui s’étend dans le monde entier. Des travaux franco-belges permettent de conclure temporairement à l’existence d’une bactérie « plutôt anaérobie mais aérotolérante, non cultivable sur des milieux usuels, et produisant une toxine qui agit précocement en début d’infection ». Clostridium perfringens, qui prolifère chez les lapins atteints d’EEL, ne semble pas à l’origine de la maladie.

Staphylococcies, coccidioses et colibacilloses sont toujours d’actualité

La staphylococcie est, quant à elle, une maladie qui prend de l’ampleur, comme l’ont montré Bernadette Le Normand et Benoît Sraka dans leurs communications. Des souches dites hautement virulentes et des souches faiblement virulentes sont aujourd’hui identifiées, qu’il convient de distinguer en routine.

Les coccidioses et les colibacilloses figurent parmi les maladies prédominantes chez le lapin en phase de croissance. L’équipe de l’Inra de Tours a présenté de nouveaux outils permettant de détecter Eimeria intestinalis (coccidie très pathogène) par PCR (polymerase chain reaction).

Un autre travail a porté sur l’intérêt de la recherche du gène “eae” chez des colibacilles de lapins présentant des lésions attribuables à la colibacillose. Les auteurs soulignent que la présence de ce gène n’apporte pas à elle seule suffisamment de renseignements pour conclure à la pathogénicité d’une souche bactérienne chez le lapin, mais que le test peut avoir pour bénéfice de mettre en évidence des colibacilles potentiellement pathogènes (et jusqu’à présent non considérés comme tels).

Concernant les mycoses, une étude a montré que l’itraconazole administré à la dose de 5 mg/kg de poids vif une semaine sur deux pendant cinq semaines permet non seulement de traiter des lapins infestés par Trichophyton mentagrophytes, mais aussi d’éliminer définitivement les spores des pelages un mois après l’arrêt du traitement. Toutefois, en l’absence de LMR de ce produit, son usage est à réserver aux lapins de compagnie et aux troupeaux de sélection qui ne sont pas consommés.

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