Les abcès de l’oreille moyenne sont courants chez les tortues - La Semaine Vétérinaire n° 1381 du 20/11/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1381 du 20/11/2009

Cas clinique

Formation continue

FAUNE SAUVAGE ET NAC

Auteur(s) : Guillaume Douay

Fonctions : praticien au zoo de Pont-Scorff (Morbihan)

L’état général reste souvent bon, l’abcès étant consécutif à de mauvaises conditions d’entretien.

Une peloméduse (Pelomedusa subrufa), tortue semi-aquatique, est présentée en consultation en raison d’une masse localisée sous l’écaille tympanique, dont la taille augmente depuis deux semaines. Cet animal est maintenu dans des conditions correctes et bénéficie d’un régime alimentaire adapté. Le propriétaire rapporte toutefois une défaillance du thermostat du chauffage de l’eau dans l’aquaterrarium quinze jours auparavant. Son état général est bon. La seule anomalie notée est un gonflement ferme de 5 mm diamètre, non ulcéré, non douloureux, sous l’écaille tympanique droite. Le diagnostic le plus probable est un pyogranulome de l’oreille moyenne. Une intervention chirurgicale est programmée afin de retirer l’amas de pus accumulé derrière le tympan. L’animal est anesthésié à l’aide de propofol (Rapinovet®, à la dose de 10 kg dans le sinus veineux occipital), associé à une anesthésie locale. Le tympan est incisé en demi-lune ventrale. Le pus des reptiles étant compact, il est retiré avec une pince à dents de souris, en prenant garde de ne pas léser l’os de la columelle. Une irrigation sous pression de l’oreille avec une solution de chlorexhidine diluée à 10 % dans du Ringer lactate est réalisée. L’animal est tenu la tête vers le bas, ce qui permet l’écoulement des liquides vers la cavité buccale tout en évitant le passage dans la trachée.

La membrane tympanique est laissée libre en vue d’une cicatrisation par seconde intention. Un traitement antibiotique local à base de chloramphénicol (Ophtalon®, deux fois par jour) et d’anti-inflammatoire (méloxicam à la dose de 0,2 kg par voie intramusculaire toutes les quarante-huit heures pendant six jours) est prescrit. L’hygiène environnementale de l’animal fait également l’objet d’une attention particulière tout au long du traitement afin d’éviter d’éventuelles récidives.

Un environnement et une alimentation inadaptés sont souvent incriminés

Les abcès de l’oreille moyenne, qui sont des infections suppurées chroniques de la cavité auriculaire subtympanique, sont une entité clinique courante chez les tortues et parfois chez les lézards. Le plus souvent, l’état général des animaux est bon. L’apparition de l’abcès fait suite à de mauvaises conditions d’entretien. Il peut être unilatéral ou bilatéral. Dans certains cas, la masse observée sous l’écaille tympanique est tellement importante que le tympan est déjà ouvert. Fréquemment, l’animal présenté en consultation souffre d’anorexie et de léthargie, qui résultent davantage des déséquilibres environnementaux que de l’infection tympanique elle-même.

L’étiologie est toutefois multifactorielle. Le défi réside donc dans l’examen des différentes causes possibles. Les animaux atteints sont généralement victimes de températures suboptimales de façon chronique, de conditions d’entretien médiocres et d’une alimentation inadéquate. L’ingestion d’une eau sale et chargée en bactéries pendant une longue période prédispose la colonisation de l’oropharynx de la tortue par des germes pathogènes opportunistes. Une mauvaise alimentation, particulièrement une hypovitaminose A, prédispose également à ce genre d’affection. La métaplasie squameuse induite par cette carence au sein de l’oreille moyenne et des trompes d’Eustache favorise l’infection bactérienne. Quelle qu’en soit la cause, il s’agit toujours de la conséquence d’une infection de la cavité buccale par voie ascendante, via les trompes d’Eustache. Le plus souvent, les bactéries rencontrées sont Gram négatif, opportunistes de la flore buccale ou de l’environnement.

Le traitement est toujours chirurgical. Néanmoins, l’intervention diminue probablement les capacités auditives de l’animal. Dans tous les cas, à la suite de l’opération, il est important de modifier les conditions d’entretien et d’assurer avant tout une bonne hygiène (nettoyage hebdomadaire de l’aquaterrarium, retrait des restes de nourriture, etc.). Concernant les carences en vitamine A, il est préférable d’agir directement sur l’alimentation (foie, légumes verts, etc.), car l’administration parentérale de cette vitamine liposoluble induit un réel risque d’hypervitaminose.

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