Le virus West Nile est présent sur tous les continents

La fièvre du Nil occidental, appelée aussi West Nile, est une arbovirose dont plusieurs épidémies et épizooties ont été répertoriées ces dix dernières années, en particulier en Europe sur le pourtour du bassin méditerranéen et en Amérique du Nord. Les pertes sont lourdes aux Etats-Unis avec, entre 1998 et 2008, plus de 28 000 cas humains (dont environ 1 100 décès), ainsi que 25 000 chevaux touchés (dont 10 000 morts environ).

La famille des Faviviridae regroupe de nombreux agents pathogènes importants pour l’homme et transmis par des arthropodes, comme l’encéphalite japonaise, la dengue, la fièvre jaune et les encéphalites à tique. Il est décrit sur tous les continents.

Les oiseaux sont le réservoir, l’homme et le cheval des culs-de-sac épidémiologiques

Le virus est transmis par les moustiques au sein des populations d’oiseaux et, plus rarement, à des hôtes accidentels et sensibles que sont l’homme et le cheval. La virémie chez ces derniers est d’un niveau et d’une durée insuffisants pour permettre l’infection d’un nouvel arthropode piqueur. Le moustique vecteur appartient au genre Culex, Culex pipiens et Culex modestus en Europe. Les foyers de la maladie font une apparition saisonnière à la fin de l’été ou en automne dans les régions tempérées en Europe, en raison de facteurs comme la température et l’hygrométrie, qui influencent la multiplication du virus West Nile chez les moustiques et la dynamique des populations de cet insecte.

L’infection chez l’homme et le cheval est, dans la majorité des cas, subclinique

Chez l’homme et le cheval, les signes cliniques vont d’une infection asymptomatique à de rares cas mortels de méningo-encéphalomyélite, en passant par un syndrome fébrile sans gravité. L’atteinte du système nerveux central et périphérique dans la forme sévère, qui est de plus en plus fréquente ces dernières années, se caractérise chez le cheval par une ataxie, un syndrome parétique spontané des membres postérieurs (appelé “lourdige” en Camargue), des fasciculations et de l’atonie musculaires, des défauts de proprioception. La mortalité de la forme nerveuse est inférieure à 10 % chez les hommes et oscille entre 20 et 57 % chez les équidés. Depuis 2004, la forme nerveuse de l’infection est inscrite au registre des maladies légalement réputées contagieuses (MLRC).

En France, la Camargue, le Var et les Pyrénées-Orientales sont concernés

Deux épidémies chez l’homme ont touché la Hongrie en 1996 et la Russie en 1999. Plusieurs flambées cantonnées à la population équine sont décrites en Italie en 1998, au Maroc en 1996 et en France entre 2000 et 2006. En Europe, les foyers de la fièvre du Nil occidental sont des phénomènes isolés géographiquement et limités dans le temps. Ils apparaissent de façon imprédictible.

Un regain est survenu en 2008 avec quatre pays touchés initialement : l’Italie, la Roumanie, la Hongrie et l’Autriche. En Italie, des hommes ont été infectés dans la province d’Emilie-Romagne, des chevaux et des oiseaux dans celles de Bologne et de Ferrare. En Hongrie, des cas humains et des suspicions de cas équins ont été enregistrés. En Autriche, pour la première fois, trois oiseaux infectés ont été trouvés. A l’exception des mortalités aviaires de 2008 en Autriche et depuis 2004 en Hongrie, l’infection par le virus West Nile est rarement associée à une mortalité aviaire en Europe, alors que des milliers d’oiseaux sont morts en Amérique du Nord, en Egypte et en Israël.

Les cas en France sont répertoriés en Camargue (2000 : 76 chevaux dont 21 morts ; 2004 : 32 chevaux dont 7 morts), dans le Var (2003 : 4 chevaux dont 1 mort, 7 cas humains non mortels) et les Pyrénées-Orientales (2006 : 5 chevaux dont 1 mort).

Un réseau de surveillance sensible et précoce est nécessaire en France et en Europe

En raison de la gravité potentielle du tableau clinique chez l’homme et le cheval, il est indispensable qu’un réseau de surveillance soit mis en place afin d’informer les acteurs de la santé humaine et animale en temps réel, en France et en Europe. L’épidémiologie de l’infection au virus West Nile n’est encore que partiellement connue et la plupart des flambées épidémiques restent imprévisibles et difficiles à contrôler. Comme pour beaucoup d’arboviroses, les études du cycle de transmission du virus sont difficiles, car elles nécessitent de prendre en compte de nombreux paramètres écologiques tels que la connaissance des espèces d’oiseaux introducteurs (migrateurs) et amplificateurs dans une zone donnée, l’écologie et la biologie des insectes, les facteurs climatiques, hydrologiques et écologiques des régions considérées et des relations entre populations hôtes et cibles.

• Source : S. Lecollinet et S. Zientara : « Le virus West Nile en Europe », journées annuelles de l’Avef 2009 à Deauville.