Le propofol de Fort Dodge est limpide, multiponctionnable et stable vingt-huit jours

Les praticiens connaissent bien le propofol au Royaume-Uni », a déclaré Kate White (anesthésiologiste britannique), en introduction d’une réunion organisée par Fort Dodge à Londres. Elle constate, face à un auditoire européen, que les habitudes anesthésiques diffèrent beaucoup selon les pays. « Nous l’utilisons en induction, mais aussi en maintenance de l’anesthésie », explique-t-elle. En France, les forces de vente de Fort Dodge et de Pfizer viennent de débuter la commercialisation de Propoclear®, une micro-émulsion injectable anesthésique de propofol (à 10 mg/ml) pour chiens et chats. La concentration est donc identique à celle du princeps Rapinovet® (Intervet) dont l’autorisation de mise sur le marché (AMM) française date d’il y a dix ans. En revanche, la formulation diffère au niveau des excipients.

Pour Ralph Cleale, de la recherche Fort Dodge, « le propofol a des propriétés fabuleuses liées à sa rapidité d’action et d’élimination : induction et métabolisme rapides, courte durée d’inconscience, récupération rapide et calme ». Le propofol n’a toutefois pas d’effet analgésique. Il doit donc être utilisé en association avec un ou plusieurs analgésiques (opiacé, anti-inflammatoire non stéroïdien et/ou α2agoniste).

Une micro-émulsion nanoparticulaire différente du princeps

Les indications de Propoclear® sont donc identiques à celles de Rapinovet® : une anesthésie intraveineuse de courte durée (cinq minutes), l’induction d’une anesthésie gazeuse, ou encore l’induction et le maintien d’une anesthésie générale fixe par réadministration continue (perfusion) ou répétée. Dans ce dernier cas, un système de pousse-seringue facilite les réadministrations.

La formulation de cette petite molécule lipophile anesthésique, totalement insoluble dans l’eau, est toutefois très différente du princeps. Grâce à des polymères, Propoclear® est composé d’une micro-émulsion nanoparticulaire (de 31 à 49 nm de diamètre) face à une « macro-émulsion de particules lipidiques de 150 à 210 nm » pour le princeps. La micro-émulsion est donc limpide, claire à température ambiante (d’où son nom de marque), alors que le princeps est blanc laiteux. Toutefois, à des températures inférieures à 15 °C, elle se trouble. Il suffit alors de la réchauffer à température ambiante pour qu’elle redevienne limpide. Il n’est donc pas recommandé de la conserver au réfrigérateur.

Plus de gaspillage de produit grâce aux conservateurs

Surtout, la conservation antimicrobienne est obtenue par l’ajout de conservateurs. Pour le princeps, le véhicule lipidique à base de lécithine et d’huile facilite la croissance rapide de certains micro-organismes. Et il n’est pas possible d’y ajouter facilement des conservateurs antimicrobiens. Les flacons de 20 ml entamés de Rapinovet® doivent donc être jetés s’ils ne sont pas utilisés dans la journée (six à huit heures). Avec Propoclear®, les flacons, plus gros, de 50 et 100 ml, deviennent multiponctionnables grâce à l’ajout de conservateurs. Après une première ponction, le flacon entamé se conserve vingt-huit jours à température ambiante (entre 20 et 30 °C). Il n’y a donc plus de gaspillage de produit. En outre, les flacons sont proposés à des tarifs assez attractifs : 30 € HT pour celui de 50 ml et 46 € HT pour celui de 100 ml.

Deux programmes d’études chez le chien et le chat ont montré des résultats cliniques identiques au produit princeps et l’innocuité tant systémique que locale est confirmée.

Les doses recommandées par la seule voire intraveineuse sont celles habituellement utilisées avec le propofol. Elles vont jusqu’à 8 mg/kg (0,8 ml/kg) chez le chat (à diminuer chez le sujet âgé) et jusqu’à 6,5 mg/kg chez le chien (6,5 ml/10 kg). Les autres voies ne sont pas recommandées avec cet anesthésique. La moitié de la dose est administrée rapidement (en une dizaine de secondes). Puis de petits bolus sont injectés dans la veine jusqu’à obtenir l’effet recherché, une simple sédation ou une anesthésie profonde. Les doses doivent être réduites en cas de prémédication avec l’acépromazine, un α2agoniste, une benzodiazépine et/ou un opiacé.

Le maintien de l’anesthésie nécessite des réinjections de doses plus faibles. Ces réadministrations sont répétées pour prolonger la durée de l’anesthésie. Le réveil est toujours rapide après l’arrêt des réadministrations (sauf si les autres agents préanesthésiques en prolongent l’effet).

Le lancement de Propoclear® en France a été un peu reporté par Fort Dodge pour permettre une présentation commune de cet anesthésique par les deux forces de vente encore séparées. Pfizer vient en effet de conclure le rachat de Fort Dodge, mais les deux sociétés ne sont pas encore réunies dans une seule entité.

En outre, cette fusion a conduit Pfizer à se séparer de ses gammes de médétomidine Domitor®, Dexdomitor® (la forme dextrogyre) et de l’antagoniste Antisedan® (atipamézole). Propoclear® bénéficiera néanmoins de l’expertise reconnue de Pfizer en anesthésie pour ce lancement.