Le traitement de l’insuffisance cardiaque passe par une stratégie obligatoire - La Semaine Vétérinaire n° 1379 du 06/11/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1379 du 06/11/2009

Maladie valvulaire dégénérative

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Julie Brackman

L’utilisation simultanée des IECA et de la spironolactone est particulièrement intéressante.

Lorsqu’un animal présente un souffle cardiaque, le diagnostic précis passe d’abord par la connaissance du stade fonctionnel de l’insuffisance cardiaque, l’évaluation de l’intensité du souffle, puis la réalisation d’examens complémentaires, ces derniers devant être faits dans un but précis », a expliqué notre confrère Jean-Louis Pouchelon, à l’occasion d’une conférence. Il n’y a pas de symptômes pathognomoniques de l’insuffisance cardiaque. Il convient donc de toujours envisager une éventuelle maladie intercurrente. « Dans le cas de la maladie valvulaire dégénérative, contrairement à ce que l’on a longtemps pensé, il existe un rapport entre l’intensité du souffle et l’importance des lésions mitrales et la régurgitation dans l’atrium gauche », a-t-il précisé.

L’échocardiographie est recommandée dès le stade I

Les trois complications qu’il est possible de rencontrer chez un animal atteint d’une maladie valvulaire dégénérative sont l’hypertension artérielle pulmonaire, la rupture de cordage et l’installation d’une insuffisance rénale chronique. Leur prévalence croît avec l’avancement de l’affection, même si elles peuvent être observées dès le stade I. Ainsi, il est recommandé de réaliser une échocardiographie dès ce stade. Elle permettra aussi de classer l’insuffisance cardiaque en stade Ia ou Ib. Il convient également de doser l’urée et la créatinine sanguines de tout animal qui présente un souffle, pour juger de l’état de ses reins et disposer de valeurs de référence pour le suivi de la fonction rénale.

La radiographie thoracique est indispensable à partir du stade II (recherche d’un éventuel œdème pulmonaire, non décelable à l’auscultation dans 80 % des cas, et évaluation de la taille du cœur).

Les IECA sont à utiliser dès qu’un souffle est présent

« Il est prouvé que l’utilisation des inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IECA) dès le stade Ia retarde l’apparition de l’insuffisance cardiaque ou retarde la mortalité en général », souligne notre confrère. Cela n’a cependant pas été mis en évidence chez le cavalier king Charles. Aux stades II et III, toutes les études s’accordent sur l’efficacité des IECA.

L’ajout de spironolactone (antagoniste des récepteurs aux minéralocorticoïdes) aux IECA permet de réduire de plus de moitié le risque de mortalité cardiaque à trois ans chez les animaux aux stades II et III. L’amélioration clinique est notée dès le dixième jour de traitement, et l’évolution de la maladie est ralentie. L’aldostérone, comme l’angiotensine, a des effets délétères sur le système cardiovasculaire, d’où l’intérêt de l’utilisation simultanée des IECA et de la spironolactone. L’effet diurétique de cette dernière est discret chez les animaux cardiaques.

La dose de furosémide est à adapter selon l’importance de l’œdème et la réponse au traitement. Pour une même dose, la voie sous-cutanée est plus efficace que l’administration per os. Par voie intraveineuse, la perfusion continue est plus efficace que les bolus répétés.

« Le pimobendane, inotrope positif et dilatateur, ne doit pas être utilisé au stade I », prévient Jean-Louis Pouchelon. Cette molécule apporte un bénéfice dans les stades avancés où la contractilité cardiaque est diminuée. Notre confrère conseille de « poursuivre l’administration des IECA lorsque du pimobendane est employé, malgré l’absence de preuves scientifiques. Ce dernier peut entraîner une tachycardie chez les petits chiens, mais cet effet disparaît rapidement en divisant de moitié la dose indiquée sur la notice ».

Il convient de garder à l’esprit que même avec un traitement adapté, la maladie valvulaire dégénérative évolue. Le suivi de l’animal est donc essentiel, afin d’ajuster le traitement suivant l’évolution et l’état clinique.

  • Source : International Small Animal Cardiac Health Council (ISACHC).

CONFÉRENCIER

Jean-Louis Pouchelon, professeur de pathologie médicale à l’école d’Alfort.

Article rédigé d’après la conférence « Thérapeutique de l’insuffisance cardiaque : une stratégie obligatoire », présentée dans le cadre d’un enseignement postuniversitaire, organisé le 8 octobre à Orgeval (Yvelines) en partenariat avec Ceva.

Stades de la maladie valvulaire dégénérative

• Stade I : animal asymptomatique :

Ia : présence d’un souffle ;

Ib : observation d’une cardiomégalie ou d’une modification des cavités cardiaques.

• Stade II : insuffisance cardiaque discrète à modérée.

• Stade III : insuffisance cardiaque grave.

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