Le microscope permet de décrypter un nodule - La Semaine Vétérinaire n° 1379 du 06/11/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1379 du 06/11/2009

Dermatologie

Formation continue

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Auteur(s) : Gwenaël Outters

La cytologie est un examen de première intention incontournable.

Le nodule est une lésion en relief, ferme, plus ou moins volumineuse, souvent compliquée par des fistules, qui intéresse le derme et parfois l’hypoderme. Les causes sont variables, des plus bénignes (inflammatoires) aux plus graves (tumorales). La cytologie constitue l’examen de première intention. Elle correspond à l’étude de la morphologie de cellules isolées ou en amas, mais pas de l’architecture tissulaire.

Différentes techniques de prélèvement cytologique sont possibles

Le prélèvement est facile, le plus souvent indolore, et ne nécessite qu’une simple contention. Un calque peut être réalisé par impression directe de la lame sur la lésion ou par écouvillonnage puis étalement. La ponction se pratique à l’aide d’une aiguille fine (noire ou bleue) pour éviter les saignements. La trituration nécessite de rapides et courts mouvements de va-et-vient au sein du nodule à l’aide d’une aiguille non montée puis un étalement. Le séchage rapide à l’air limite les déformations cellulaires.

Le choix de la coloration dépend des éléments à observer. Celle de May-Grünwald-Giemsa (MGG) est la coloration de base en cytologie hématologique, car elle assure une bonne analyse du contenu cytoplasmique, tout en permettant d’apprécier les irrégularités nucléaires. Les colorations rapides (Diff-Quick, RAL 555) suffisent en pratique en cytologie cutanée. Elles colorent spécifiquement le noyau, le cytoplasme et les micro-organismes (noyau classiquement en violet foncé, cytoplasme en bleu clair, granulations des polynuclaires ésosinophiles en orange, par exemple). D’autres colorations, dites spécifiques (Ziehl, PAS, coloration argentique), mettent en évidence des éléments figurés.

Au cours de la lecture de la lame, la modification de l’ouverture du diaphragme du microscope permet d’identifier différents types cellulaires : les granulations orangées des poly-nucléaires éosinophiles sont plus visibles avec un diaphragme semi-fermé, tandis que les autres cellules inflammatoires sont toujours observées avec un diaphragme ouvert.

La cytologie permet le diagnostic du mastocytome et de l’histiocytome

La cytologie est un examen précieux qui permet la mise en évidence de réactions inflammatoires, infectieuses, immunitaires, et d’éléments figurés, bactériens (cocci, bacilles), fongiques (dermatophytes, levures) ou parasitaires (leishmanies), des causes inflammatoires non infectieuses (granulome éosinophilique, pyogranulome stérile), des causes métaboliques (calcinose, xanthome) ou tumorales.

Les tumeurs épithéliales (carcinome) sont caractérisées par une forte cellularité, puisque les cellules issues de l’épithélium malpighien s’exfolient facilement. En revanche, les tumeurs mésenchymateuses développées à partir des tissus de soutien (tissus conjonctif, vasculaire, nerveux ou adipeux) présentent une faible cellularité, car elles s’exfolient difficilement.

La cytologie est un examen déterminant dans le diagnostic différentiel de deux tumeurs fréquentes chez le chien : l’histiocytome (tumeur bénigne) et le mastocytome (tumeur maligne). Pour ce dernier, une prédisposition raciale est observée chez le boxer (30 % des cas), le boston terrier, le bouledogue anglais, le mastiff, le labrador, le golden retriever, le sharpei, le fox terrier, le teckel et le braque de Weimar. Il se caractérise par un grand polymorphisme clinique. Le nodule dermique isolé, ferme, fréquemment ulcéré, est la forme classique, avec une localisation préférentielle sur le tronc et les postérieurs. Lors de mastocytome, une population de cellules rondes avec des granulations cytoplasmiques pourpres pouvant masquer le noyau est mise en évidence. Elle conduit à réaliser le bilan d’extension et la chirurgie carcinologique d’emblée. Le grading s’effectue par histologie. L’histiocytome se caractérise cliniquement par un ou plusieurs nodules alopéciques, érythémateux, parfois ulcérés. Il touche préférentiellement les chiens de moins de trois ans et régresse le plus souvent spontanément. La cytologie montre des cellules rondes de grande taille, au noyau excentré et au large cytoplasme clair. Il s’agit d’une tumeur bénigne dont la régression est généralement spontanée, par une intervention lymphocytaire naturelle que l’administration de corticoïdes pourrait bloquer. L’examen histopathologique reste toutefois indispensable pour le grading des tumeurs et leur pronostic.

En ce qui concerne la leishmaniose, la forme nodulaire se caractérise par des nodules dermiques non adhérents, indolores et d’évolution lente. La découverte du parasite au sein d’un infiltrat à prédominance histiocytaire après une coloration au MGG d’un calque cutané permet d’établir le diagnostic.

Le microscope est un outil indispensable lors de lésions nodulaires. La cytologie doit être un examen de première intention incontournable, d’autant qu’elle est peu coûteuse. Dans bien des cas, elle apporte un diagnostic et, le cas échéant, donne la ligne de conduite des examens complémentaires à privilégier (histologie, bactériologie, polymerase chain reaction, etc.).

CONFÉRENCIÈRE

Christine Prost, diplomate de l’European College of Veterinary Dermatology (ECVD).

Article rédigé d’après la conférence « Le microscope au service du diagnostic des dermatoses nodulaires du chien et du chat », présentée au congrès 2007 de l’Afvac, à Paris.

À LIRE DANS Le point Vétérinaire

• Christine Rivierre : « Conduite diagnostique face à un nodule cutané », PV n° 237, juillet 2003.

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