Des résidus d’antibiotiques circulent au sein de la faune sauvage - La Semaine Vétérinaire n° 1379 du 06/11/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1379 du 06/11/2009

Charognards

Formation continue

FAUNE SAUVAGE ET NAC

Auteur(s) : Marie Sigaud

En Espagne, les vautours sont menacés par la présence de quinolones dans les carcasses.

Le XXe siècle a vu l’arrivée des antibiotiques comme une véritable révolution médicale. Depuis, de grandes quantités d’antibiotiques sont utilisées chaque année pour soigner les hommes et les animaux. Mais le devenir des résidus d’antibiotiques et leur impact sur l’environnement sont méconnus et, surtout, sous-évalués.

Alors que les temps d’attente pour la viande sont appliqués pour la consommation humaine et que les contrôles des résidus sont effectués dans les abattoirs, rien n’est prévu pour les carcasses qui ne passent pas par le circuit classique. Ainsi, depuis la crise de l’encéphalopathie spongiforme bovine, les charognards ne reçoivent plus dans leur enclos à carcasses que celles de volailles ou de porcs, souvent traités aux antibiotiques.

Une équipe de chercheurs espagnols(1) s’est penchée sur l’impact de la consommation de ces carcasses qui contiennent des antibiotiques sur les populations de vautours de trois espèces européennes : le vautour fauve (Gyps fulvus), le vautour moine (Aegypius monachus) et le vautour percnoptère (Neophron percnopterus).

Les carcasses proposées aux oiseaux ont une concentration élevée en antibiotiques

L’analyse des carcasses mises à la disposition des charognards a montré la présence de résidus d’antibiotiques dans plus de 70 % d’entre elles. Chez une majorité d’oisillons, la présence d’antibiotiques circulants a été décelée. L’enrofloxacine et son métabolite, la ciprofloxacine, sont les principes actifs les plus fréquemment retrouvés chez les vautours. Les scientifiques ont également mis en évidence de l’amoxicilline ou encore de l’oxytétracycline.

De tels résidus sont susceptibles d’avoir des effets néfastes chez les oiseaux, comme des phénomènes d’immunosuppression ou d’altération de la flore digestive. De plus, la présence de ces antibiotiques chez les vautours est clairement associée à celle d’agents pathogènes tels que Candida albicans, Aspergillus fumigatus ou encore Salmonella spp, qui sont plus à même de proliférer chez des animaux affaiblis. Ainsi, les charognards ingèrent ces résidus vraisemblablement en consommant les carcasses d’animaux de rente traités avec ces mêmes antibiotiques. L’impact de ces principes actifs n’est pas le même pour toutes les espèces.

Les vautours fauves semblent moins affectés en raison de leur régime alimentaire. Espèce sociale, ces animaux consomment des carcasses entières de grands herbivores et possèdent un pH gastrique particulièrement acide qui leur permet de résister aux agents pathogènes en développement sur la viande faisandée. Cela n’est pas le cas des deux autres espèces, qui sont plus opportunistes et consomment préférentiellement certaines parties des carcasses comme la peau, les tendons ou encore les viscères, des zones dans lesquelles vont se concentrer davantage les antibiotiques.

L’utilisation intensive d’antibiotiques pourrait être responsable du déclin des vautours

Depuis quelque temps, dans le centre de l’Espagne, un déclin des populations de vautours est observé, probablement en lien avec la consommation de viande contenant des résidus d’antibiotiques. Une situation similaire s’est produite sur le sous-continent indien, où l’utilisation massive d’un anti-inflammatoire non stéroïdien chez les animaux de rente, le diclofénac, a provoqué la régression spectaculaire des populations de vautours, en particulier du vautour chagoun (Gyps bengalensis)(2).

Les taux élevés d’antibiotiques relevés chez les vautours indiquent leur utilisation intensive dans les élevages de la région. L’un des effets de cet usage massif d’antibiotiques est la sélection de bactéries résistantes, qui peut se transformer en véritable problème de santé à l’échelle mondiale, surtout si ces bactéries sont largement disséminées dans l’environnement par les oiseaux sauvages.

  • (1) A.J. Lemus, G. Blanco, J. Grande, B. Arroyo, G. Garcia-Montijano, F. Martinez : « Antibiotics threaten wildlife : circulating quinolone residues and disease in avian scavengers », PLOS One, 2008, vol. 3, n° 1, p. 1 444.

  • (2) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1347 du 13/2/2009.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr