« Aux Etats-Unis, 35 % des médicaments sont délivrés via l’Internet »

La Semaine Vétérinaire : Vous avez travaillé plusieurs années à développer VetCentric, quel est le modèle de ce site ?

Gilles Guillemette⁽¹⁾ : VetCentric propose aux vétérinaires de déléguer la vente des médicaments à un site web (relié ou non au propre site Internet de la structure vétérinaire). Ainsi, le praticien n’a plus à gérer un stock parfois conséquent et peut continuer à fixer lui-même ses prix et ses marges sur ce qui est vendu grâce à lui en ligne. De son côté, le propriétaire reçoit en quarante-huit heures au maximum la prescription directement à son domicile.

S. V. : Comment s’est développé ce concept ?

G. G. : Des pharmacies en ligne se sont spécialisées dans la vente et la délivrance du médicament vétérinaire (www.1800petmeds.com, par exemple). Il existe également des centrales de distribution vétérinaire qui ont également développé ce type de modèle pour livrer directement aux propriétaires les médicaments prescrits par leur vétérinaire (www.mwivet.com/services/tabid/276/Default.aspx). En outre, de nombreux sites distribuent les produits sans prescription (parapharmacie et antiparasitaires externes en particulier).

S. V. : Comment a évolué le marché du médicament vétérinaire avec ces nouveaux acteurs ?

G. G. : Le marché a été modifié, mais pas bouleversé pour ce qui concerne les médicaments. Les vétérinaires conservent ainsi environ 65 % de la délivrance, le reste étant en effet passé chez les pharmacies en ligne. Cette évolution s’est donc faite en douceur sur plusieurs années.

S. V. : Quelle marge de manœuvre a le vétérinaire face à ce type de concurrence ?

G. G. : En Californie, une affiche doit être apposée en salle d’attente pour indiquer que le vétérinaire est obligatoirement tenu de fournir gratuitement une ordonnance (hors le montant de la consultation, bien entendu) si le propriétaire la demande. A l’inverse, au Texas, le vétérinaire peut refuser de fournir l’ordonnance. Dans la majorité des états américains, le client garde la liberté de se fournir où il le souhaite avec l’ordonnance du vétérinaire, y compris en ligne.

S. V. : Que dire aux praticiens français qui pourraient vivre ce changement prochainement ?

G. G. : Certains redoutent qu’une plus grande libéralisation mette en difficulté les vétérinaires. D’autres pensent que le fait d’avoir les mains libres est la clé d’un monde parfait. Les Etats-Unis sont l’exemple que ce n’est ni l’un ni l’autre : les petites cliniques sont toujours là et, dans le même temps, certains praticiens ont effectivement pu créer des modèles vétérinaires de grande taille (www.banfield.com).

• (1) Ancien vice-président exécutif des ventes et du marketing de VetCentric.com, actuellement vice-président “business planning and strategy” chez Bayer Health Care (Amérique du Nord).