La protection des élevages de porcs devra être sanitaire, mais aussi médiatique - La Semaine Vétérinaire n° 1377 du 23/10/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1377 du 23/10/2009

Filière porcine. Virus influenza A/H1N1 (2009)

Actualité

Auteur(s) : Catherine Cavarait

Une matinée dense. L’état des connaissances sur le nouveau virus A/H1N1 (2009) et les virus influenza porcins, suivi des recommandations de la Direction générale de l’alimentation (DGAL) et d’une table ronde pluridisciplinaire à laquelle participaient deux médecins, étaient au programme des acteurs de la filière porcine présents à l’Institut supérieur des productions animales et des industries agroalimentaires (Ispaia) de Ploufragan, le 29 septembre dernier. La protection sanitaire et médiatique des élevages de porcs a fait l’objet de nombreux échanges et questions. Notre confrère Philippe Vannier, directeur de la santé animale et du bien-être à l’Afssa, a attiré l’attention sur la stratégie de communication à raisonner pour accompagner le probable développement du virus A/H1N1 (2009) dans les élevages porcins. Trois niveaux sont à distinguer : les aspects scientifiques et sanitaires, les mesures de protection et la communication. « Il est important de ne pas mélanger ces trois séquences », a insisté notre confrère.

Le virus A/H1N1 (2009) n’est pas détecté dans le sang, la viande et les viscères

La probabilité de contamination des élevages de porcs par le virus A/H1N1 (2009) va augmenter, c’est une quasi-certitude, selon Philippe Vannier.

« Des infections d’élevages porcins par ce virus sont signalées au Canada, en Argentine, en Australie, à Singapour, et plus récemment en Irlande du Nord, le 18 septembre dernier »(1), a indiqué Gaëlle Kunzt-Simon, chercheuse à l’unité “immunité et virologie porcines” de l’Afssa de Ploufragan, lors de son intervention relative à l’état des connaissances scientifiques sur la circulation des virus influenza porcins, leur potentiel zoonotique, le nouveau virus A/H1N1 (2009) et ses risques pour la filière porcine. La transmission entre l’homme et le porc est suspectée dans plusieurs élevages, et a été annoncée dans une exploitation australienne le 30 juillet dernier. L’infection de porcelets nés de truies infectées et la transmission du virus en postsevrage et en engraissement ont été observées dans un élevage canadien du Mannitoba. En outre, l’efficacité de la transmission du virus par la voie intranasale et par contact entre des porcs sains et malades a été démontrée en conditions expérimentales. Chez les porcs grippés, le virus vivant et des lésions sont notés dans le tractus respiratoire et les organes lymphoïdes associés. En revanche, aucune virémie n’est mesurée et aucun virus n’est détecté dans la viande et les viscères.

Pour prévenir la contamination des porcs par le virus influenza A/H1N1 (2009), « des mesures de biosécurité précises, claires et spécifiques sont de nature à donner confiance », a indiqué Philippe Vannier, qui a cité en référence celles préconisées par l’United States Departement of Agriculture aux Etats-Unis.

Trois mesures de biosécurité spécifiques sont essentielles

Les porcs infectés (cochettes, porcelets, etc.) et les aérosols humains sont les deux voies d’introduction du virus A/H1N1 (2009) dans les élevages. La quarantaine est donc une mesure de biosécurité fondamentale, au même titre que le port des masques par les éleveurs qui ont un doute sur leur état de santé. Toutefois, cela reste difficile à appliquer. « La transmission du virus par voie aérienne entre les élevages est documentée. Dans ce cas, les mesures de biosécurité deviennent-elles insuffisantes ? », a interrogé notre consœur Isabelle Corrégé, de l’Institut du porc. « L’étanchéité totale des élevages n’étant pas réaliste, il faut faire ce que l’on peut avec les méthodes accessibles, c’est-à-dire le report des départs des animaux en cas de grippe, l’utilisation de la quarantaine et le port du masque. L’objectif est de limiter l’éventuel pic de l’épizootie », a indiqué François Madec, sous-directeur de l’Afssa de Ploufragan, selon lequel il sera difficile d’éviter l’infection chez le porc si la pression est forte chez l’homme. La protection des porcs contre le virus influenza A/H1N1 (2009) via une vaccination avec le vaccin contre la grippe porcine disponible en France fait l’objet d’expérimentations. Des études in vitro montrent une faible protection antigénique croisée. En médecine humaine, Claude Beuscart, chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital Yves Le Foll de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), est favorable à la vaccination du personnel soignant. De même, il incite les éleveurs et les vétérinaires à se faire vacciner, protégeant ainsi les porcs.

Les élevages de porcs sont actuellement sous haute surveillance, sous l’égide des professionnels, des vétérinaires et de l’Afssa. Cela prend la forme d’une information des éleveurs, d’un suivi clinique général des élevages par les vétérinaires et via le suivi de la consommation d’aspirine et de paracétamol par les porcs, et la caractérisation par PCR (polymerase chain reaction) des sous-types viraux qui circulent dans les élevages. Au niveau de la DGAL, la définition des mesures de surveillance des élevages et de gestion d’un foyer de grippe due au virus A/H1N1 (2009) est en attente, des saisines de l’Afssa étant en cours de traitement. Par ailleurs, un réseau de laboratoires agréés pour le diagnostic de la grippe A/H1N1 (2009) est en train de se constituer.

  • (1) Depuis cette réunion à Ploufragan, le virus A/H1N1 (2009) a également été détecté chez des porcs en Irlande du Sud et en Norvège. Par ailleurs, le passage du virus depuis le porc grippé vers l’homme est rapporté en Irlande.

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