La maîtrise du cycle chez la jument dispose de plusieurs molécules adaptées - La Semaine Vétérinaire n° 1377 du 23/10/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1377 du 23/10/2009

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Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Sophie Paul-Jeanjean

Seuls les agonistes de la GnRH avec une AMM chez la jument sont utilisables comme alternative à l’hCG.

Supprimer au moment voulu l’inhibition progestative du comportement d’œstrus, tel est le principe de base de la synchronisation du cycle chez la jument. Pour cela, deux protocoles thérapeutiques sont bien connus : soit une dose lutéolytique de PGF2α chez une jument en phase lutéale de plus de cinq jours, soit sa mise sous traitement progestatif pendant sept jours avec une injection lutéolytique le dernier jour.

En France, quatre molécules et présentations commerciales disposent d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour cette indication chez la jument. Il ne semble pas exister de différences entre elles quant à l’effet lutéolytique, mais bien sur l’effet utérokinétique.

Des études récentes ont cherché à réduire la dose de prostaglandine injectée : la posologie classiquement préconisée pour l’hormone native est de 9 à 12 µg/kg, mais des succès ont également été enregistrés avec des doses de l’ordre de 2 µg/kg. Cependant, des variations individuelles peuvent apparaître et des échecs se produire avec des doses réduites. Etant donné la relative innocuité des molécules et leur faible coût, vouloir réduire les doses ne se justifie pas vraiment. Pour éviter les échecs de la lutéolyse, il semble raisonnable d’attendre, comme indiqué jusqu’à présent, le cinquième jour postovulation avant d’avoir recours à une injection de PGF2α.

Les œstrus induits par la PGF2a seraient plus générateurs de gestations gémellaires et d’ovulation de follicules de plus petite taille. Cela demande toutefois à être vérifié par un plus grand nombre d’études. Le délai de réponse à l’injection dépend de l’état de la population folliculaire. Par conséquent, il convient de réaliser une échographie ovarienne le jour de l’injection de la prostaglandine et, selon la taille et l’aspect des plus gros follicules présents, d’adapter le suivi de la jument pour les jours qui suivent.

Différents essais à propos des progestagènes

En France, plusieurs molécules et diverses présentations commerciales disposent d’une AMM pour la synchronisation des chaleurs chez la jument : une spirale vaginale (Pridœstrol®) qui renferme de la progestérone, et du benzoate d’ œstradiol, l’altrénogest (Régumate® équin). La progestérone en suspension huileuse (Progest® 500) dispose d’une AMM pour la régulation des cycles chez la jument, mais la posologie et l’administration ne sont pas du tout adaptées et ne permettent aucune efficacité. Les spirales vaginales sont aisées à poser et restent en place dans le vagin sans risque de perte en cours de traitement. La présence de ce dispositif vaginal induit une vaginite réactionnelle sans conséquence. Néanmoins, la progestéronémie ne semble pouvoir être maintenue à un taux suffisamment élevé que pour un effet inhibiteur durant dix à onze jours, durée maximale du traitement utilisée dans les essais récents et préconisée par l’AMM avec une injection d’une dose lutéolytique de PGF2α. Ce dispositif ne sera employé que pour la maîtrise du cycle. En revanche, l’altrénogest per os apparaît efficace, d’une part pour contrôler le cycle de la jument et d’autre part pour maintenir une gestation chez les juments ovariectomisées.

Différents essais ont montré qu’il était possible, lors d’un traitement à base de progestérone ou d’altrénogest, de mieux synchroniser les œstrus et les ovulations en tentant de réguler la croissance folliculaire. Une injection quotidienne d’œstradiol (10 mg), associée au traitement à base de progestérone (150 mg/j) pendant dix jours avec une injection de prostaglandine le dixième jour, évite les ovulations en cours de traitement, ainsi que celles très précoces post-traitement. En outre, cela regroupe la majorité des ovulations entre le dixième et le douzième jour après l’arrêt du traitement. Ce dernier est difficile à mettre en place, compte tenu de la législation européenne et des contraintes de l’injection quotidienne.

Au niveau de l’induction de l’ovulation, des essais cliniques ont mis en évidence qu’une dose de 750 UI de human chorionic gonadotropin (hCG) semble avoir une efficacité similaire à la posologie couramment utilisée de 1 500 à 2 500 UI, alors qu’une dose plus faible de 500 UI serait moins efficace. L’hormone hCG est indifféremment utilisée par voie intraveineuse, intramusculaire ou sous-cutanée, sans différences d’efficacité nettes. Néanmoins, la voie intraveineuse serait peut-être moins immunisante que les autres. En effet, l’immunisation anti-hCG est possible et non exceptionnelle après plusieurs traitements à base de cette hormone. Cela induit un état réfractaire à cette hormone qui prive le praticien d’un outil de contrôle du cycle. Pour tenter de limiter ce phénomène, il est conseillé de ne pas injecter l’hCG plus de deux fois par an à des juments mises à la reproduction et de ne pas l’utiliser chez une jument au cours de la saison tant qu’elle n’a pas eu d’ovulation spontanée.

Actuellement, seuls les agonistes de la GnRH qui disposent d’une AMM chez la jument sont utilisables en pratique comme alternative à l’hCG. Ainsi, la buséréline (Réceptal®), injectée de manière itérative par voie intraveineuse (soit quatre injections de 20 µg toutes les douze heures), ou la desloréline (Ovuplant®) sous forme d’implant cutané, peuvent être employées. Quant aux prostaglandines, elles ne sont pas efficaces pour induire l’ovulation.

  • Voir la deuxième partie de cet article dans le prochain numéro.

CONFÉRENCIER

Jean-François Bruyas, professeur à l’école de Nantes.

Article rédigé d’après la conférence « Que peut-on faire avec des hormones chez les juments cyclées, quoi de neuf en la matière ? », présentée lors de la 9e journée européenne de l’Avef à Roissy, le 7 février 2009.

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