Dix praticiens s’initient à l’évaluation du fonctionnement de la machine à traire - La Semaine Vétérinaire n° 1377 du 23/10/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1377 du 23/10/2009

Pratique de la traite

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Catherine Cavarait

Ambiance de traite, pompe à vide, régulateur, intercepteur, réserve de vide n’ont presque plus de secret pour nos confrères.

Dix praticiens ruraux se sont mis dans la peau d’un trayeur de vaches laitières, du 10 au 12 juin dernier. Rien de tel que de revêtir le tablier en plastique, de nettoyer les trayons, de pratiquer les premiers jets et de poser les gobelets pour s’initier au rythme et à l’ambiance d’une traite (voir photo 1). « Auparavant, je me sentais mal à l’aise dans une fosse de traite », expliquait un confrère devenu particulièrement adroit, qui ne dissimulait pas son plaisir de traire.

La formation, organisée par le laboratoire Elanco au centre Kerel-Crédin, dans le Morbihan, allie la découverte de la pratique de la traite à celle du fonctionnement de la machine à traire et de son évaluation. Les régulateurs, intercepteur, réserve de vide, débit, vitesse, pompes à vide et à lait n’ont plus de secrets pour les participants. Jean-Paul Kergozien, spécialiste du contrôle de la machine à traire, a détaillé l’installation de l’exploitation agricole du centre de formation et indiqué les points clés à vérifier. Via la mise en œuvre du contrôle OPTItraite, l’intervenant a formé les vétérinaires aux subtilités des mesures des niveaux de vide et des débits. Forts de ces bases, ils ont pu, dans un second temps, s’initier au contrôle dynamique de la traite et, sous la conduite de notre confrère Jean-François Labbe, vétérinaire à Broons (Côtes-d’Armor), évaluer l’interaction entre l’animal et la machine.

L’évaluation du fonctionnement d’une installation ne se limite pas aux composants de la fosse de traite. Sont traités ici le rôle et le contrôle des éléments clés qui ne sont pas situés dans cette fosse, c’est-à-dire la pompe à vide, l’intercepteur, le régulateur et le manomètre (voir figure). La machine à traire de l’exploitation agricole du centre de Kerel-Crédin est une 2 x 6, double équipement.

Débit, vitesse et dépression caractérisent une pompe à vide

Lorsqu’il contrôle une machine à traire, Jean-Paul Kergozien part de la pompe à vide et termine au niveau du manchon trayeur. Les participants ont pris la direction du grenier pour “discuter pompe à vide”. « Elle se caractérise par son débit, exprimé en litres par minute, pour une vitesse donnée en nombre de tours par minute et une dépression donnée affichée en kilos Pascal. » Au centre de Kerel, le débit de la pompe à vide est de 1 500 l/min à 1 400 tours/min et 50 kPa. Le réglage a pour objectif d’obtenir un niveau de vide compris entre 35 et 40 kPa dans l’installation. Interrogé sur la possibilité de régler le débit de la pompe, l’intervenant a répondu par la négative : « On a la pompe que l’on a. »

L’installation de traite de Kerel est dotée d’une pompe à palette, d’un coût d’environ 3 000 €. Pour ce type de pompe, l’étanchéité est assurée par la lubrification (voir photo 2). Le contrôle de la présence d’huile est donc impératif. L’état des courroies doit également faire l’objet d’une vérification. « Les palettes sont à changer tous les dix à douze ans, la pompe à vide tous les vingt à vingt-cinq ans. »

La mesure du niveau de vide consiste à calculer la différence par rapport à la pression atmosphérique. Si cette dernière est de 100 kPa et que la pompe éjecte 40 kPa (= le niveau de vide), il reste une pression de 60 kPa à l’intérieur de l’installation. Cette mesure se modifie avec l’altitude. Les variations météorologiques sont faibles, de l’ordre de +/– 5 %. « Lors de votre lecture d’un contrôle OPTItraite, il est important de vérifier la cohérence du débit corrigé de la pompe. Il ne doit pas varier d’un contrôle à l’autre. S’il baisse, c’est un problème », a indiqué Jean-Paul Kergozien.

La réserve de vide est un débit, pas un volume

La pompe est protégée de la vapeur, des poussières et d’éventuelles remontées de liquides par l’intercepteur (voir photos 3 et 4). Un clapet situé en dessous permet la vidange. Cette dernière est automatisée. « Il est faux de croire que plus l’intercepteur est gros, mieux c’est. » L’intercepteur est souvent confondu avec la réserve de vide. « Celle-ci correspond à un débit, ce n’est pas un volume. » La réserve réelle de vide est le vide nécessaire à la traite des vaches et/ou au nettoyage de l’installation. En effet, le fonctionnement de l’installation consomme du vide, 30 l par pulsateur, 10 l par griffe. Les besoins sont calculés à l’aide de deux abaques, le tableau des besoins en air pour le nettoyage de l’installation et celui de la réserve minimale requise selon le nombre de postes de traite.

Les besoins en air pour le nettoyage sont calculés selon deux variables, le niveau de vide et le diamètre intérieur du lactoduc. Dans le cas présent, pour un vide de 40 kPa et un diamètre de 50 mm, les besoins en air pour le nettoyage sont de 565 l/min. Pour la traite, la réserve minimale exigée pour douze postes est de 720 l/min. Le débit le plus élevé, 720 l/min, est retenu. Dans un second temps, ces besoins sont comparés à la réserve réelle de vide mesurée. A Kerel, elle est de 1 480 kPa.

Le régulateur sert à stabiliser le niveau de vide

Le régulateur de vide est un composant particulièrement important de l’installation. Son rôle est de réinjecter de l’air en cas de dépression trop importante. Sa capacité (débit d’air qu’il est capable de faire entrer) doit être au moins égale au débit de la pompe. Il est composé d’une soupape, d’un ressort et d’une membrane (voir photos 3 et 5). Le ressort et la membrane sont protégés de la poussière par une mousse qui doit être nettoyée régulièrement (voir photo 6). « Avant de régler un niveau de vide, il faut nettoyer le régulateur, a indiqué Jean-Paul Kergozien. Lorsqu’il est encrassé, il est moins réactif. » Les variations des pressions sont transmises au régulateur par une sonde qui doit être placée le plus près possible de la chambre de réception.

Quatre mesures sont nécessaires pour évaluer le fonctionnement des régulateurs. Dans un premier temps, le niveau de vide est estimé à deux endroits de l’installation, près de la chambre de réception du lait, située dans la fosse de traite, et près du régulateur. Dans un deuxième temps, le contrôleur abaisse le niveau de vide de 2 kPa, et mesure de nouveau le débit auprès du régulateur. Pour l’installation de traite de Kerel, les niveaux de vide mesurés près de la chambre de réception et du régulateur de vide sont égaux, s’établissant à 42,4 kPa (voir photo 7). Après avoir ôté 2 kPa, le niveau de vide mesuré auprès du régulateur est égal à 41,7 kPa. Il aurait dû être égal à 40,4 (42,4 – 2). Cette différence montre que le régulateur de l’installation de Kerel ne capte pas correctement les entrées d’air. Dans l’installation en question, ce défaut s’explique par l’emplacement du point de détection (la sonde), lequel est trop éloigné du régulateur. En effet, pour le régulateur en question, une distance maximale de 60 cm par rapport à la sonde est recommandée. Les régulateurs étant bruyants, ils sont fréquemment placés le plus loin possible de la fosse de traite, d’où une distance souvent trop élevée entre la chambre de réception et le régulateur.

Toutes les installations sont également dotées d’un manomètre (voir photo 8) qui permet de contrôler le niveau de vide de l’installation, « à condition qu’il fonctionne », a précisé l’intervenant, qui recommande de le placer dans la fosse de traite.

La complexité du fonctionnement et de la description du contrôle de la machine à traire a de quoi rebuter tout néophyte en la matière. L’objectif n’est pas de former des vétérinaires contrôleurs de machine à traire, mais de leur fournir les outils pour dépister les problèmes liés à son dysfonctionnement et répondre ainsi à la demande de leurs clients.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr