Des réponses en toxicologie à toute heure du jour ou de la nuit - La Semaine Vétérinaire n° 1377 du 23/10/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1377 du 23/10/2009

Le Centre national d’informations toxicologiques vétérinaires (CNITV)

Éclairage

VISITE GUIDÉE

Auteur(s) : Claire Morlot

Ce centre d’appel, ouvert au public vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept, a pour mission de répondre à toute question relative à la toxicologie vétérinaire.

Le Centre national d’informations toxicologiques vétérinaires (CNITV) est une association loi 1901 à but non lucratif, créée en 1976 et gérée au sein de l’ENV de Lyon par des vétérinaires bénévoles. Ces derniers répondent aux appels et aux demandes écrites durant la journée, alors que les gardes de nuit, de week-ends et de jours fériés sont assurées par des étudiants de l’école. En outre, un vétérinaire d’astreinte reste joignable en cas d’urgence.

« Les dons et les cotisations de ses membres restent le seul moyen de subsistance du CNITV, qui fonctionne sans subvention publique. C’est grâce aux utilisateurs que les réponses peuvent demeurer de qualité », souligne notre confrère Xavier Pineau.

Il existe un autre centre d’appel en toxicologie, hébergé par l’école de Nantes : le Centre antipoison animal de l’Ouest (Capa-Ouest).

Des motifs d’appel qui varient selon la saison

Le CNITV reçoit environ 15 000 appels par an, couvrant l’ensemble du territoire national. Statistiquement, ils se répartissent entre urgence après ingestion, aide au diagnostic et au traitement vétérinaires, renseignements ou prévention. Les trois quarts des appels proviennent de praticiens, les autres émanent de particuliers. Quelques demandes sont le fait d’organismes agricoles.

En termes d’espèces, 70 % des appels concernent des chiens et 20 % des chats. Le chien est davantage représenté en raison de son comportement : il cherche, rapporte, etc., particulièrement le jeune. Le chat est au contraire plus prudent, tout en étant curieux. Les 10 % restants concernent le bétail, les chevaux et, de manière anecdotique, la faune sauvage.

S’il existe près de 2 100 toxiques répertoriés, une vingtaine sont fréquemment mis en cause. Les plus courants sont les anticoagulants, les anxiolytiques et les somnifères, ainsi que les produits ménagers. « Le chocolat est mis en cause à Pâques et à Noël, alors qu’au printemps les désherbants prennent le dessus. En période de fêtes, les antidépresseurs sont plus fréquents », témoigne notre consœur du CNITV Florence Buronfosse. Les appels peuvent parfois se révéler farfelus, comme ce propriétaire qui, devant une alopécie sur le bas du dos de son chien, a émis l’hypothèse d’un épandage de pesticides par hélicoptère au-dessus de sa propriété… Il s’agissait simplement d’une dermatite par hypersensibilité aux piqûres de puces.

Toutes les données recueillies sont ensuite compilées dans une base de données informatisée grâce au logiciel spécifique V-Tox. Outre son utilité dans l’élaboration de thèses et les parallèles avec la médecine humaine, cette base permet de fournir une réponse toujours améliorée aux appels reçus. A ce jour, près de 188 000 cas y sont répertoriés.

CONTACTS

• CNITV, école de Lyon

1, avenue Bourgelat – BP 83

69280 Marcy-L’Etoile

E-mail : cnitv@vet-lyon.fr

Tél. : 04 78 87 10 40

• Centre de pharmacovigilance de Lyon

E-mail : cpvl@vet-lyon.fr

Tél. : 04 78 87 10 40

• Centre antipoison animal de l’Ouest (Capa-Ouest), école de Nantes

BP 40706 – 44307 Nantes Cedex 03

E-mail : capaouest@vet-nantes.fr

Tél. : 02 40 68 77 40

Le CNITV collabore avec…

• Le Centre de pharmacovigilance vétérinaire (CPVL), dont la mission est de surveiller les effets néfastes des médicaments vétérinaires. En dehors des heures ouvrables, le CNITV prend le relais.

• Le laboratoire de toxicologie de l’ENVL.

• Le Siamu, service d’urgences vétérinaires de l’école : en cas d’urgence liée à un toxique, le CNITV joue un rôle d’information souvent vital.

• Les laboratoires vétérinaires départementaux, qui peuvent avoir besoin de conseil lors d’analyses toxicologiques.

• Les centres antipoisons humains : le CNITV est membre du réseau Rhône-Alpes-Auvergne de toxicovigilance et fait partie de la Société de toxicologie clinique.

• L’Association de coordination technique agricole (Acta), via des travaux sur les produits phytosanitaires.

• L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie : le CNITV agit en tant que cellule de veille sanitaire sur les boues d’épandage.

C. M.

Principe du traitement des intoxications

• Limiter l’absorption du toxique.

• Soutenir les grandes fonctions.

• Mettre en place un traitement spécifique (attention : donner du lait ne limite en aucun cas l’absorption du toxique).

• Signaler à un centre de pharmacovigilance (Lyon) les effets indésirables de médicaments.

Quelques cas classiques

• Intoxication aux anticoagulants : première cause d’intoxication chez les carnivores domestiques. Elle est provoquée par l’ingestion accidentelle ou malveillante d’un rodenticide anticoagulant. Après un temps de latence de deux à douze jours, des hémorragies internes et externes sont observées. Les symptômes associés sont variables et la mort est une issue fréquente. Le diagnostic est confirmé par un temps de Quick et de céphaline-kaolin augmentés, avec les produits de dégradation de la fibrine et thrombine normaux. Une numération sanguine est également effectuée. La certitude est obtenue par la recherche du toxique sur sang total. Le traitement associe la vitamine K1 et un repos strict, avec ou sans transfusion sanguine.

• Intoxication au paracétamol : principalement chez le chat, possible chez le chien. Elle fait suite à une ingestion accidentelle ou à une médication par le propriétaire. Cette molécule provoque une méthémoglobinémie chez le chat.

Les symptômes (pâleur des muqueuses, anorexie et dépression, anémie, vomissements, hémoglobinurie et ictère) mènent à la mort de l’animal.

Le traitement consiste en l’administration de N-acétylcystéine et d’acide ascorbique, associés à un soutien des grandes fonctions (transfusion, oxygénothérapie, lavage gastrique si possible). L’aspirine est aussi toxique, mais engendre des symptômes différents.

• Intoxication au chocolat : principalement chez le chien. Le chocolat noir est le plus toxique. Sont observés des signes nerveux, une déshydratation, une acidose, une hyperglycémie, ainsi que des signes digestifs peu spécifiques. L’administration de charbon activé permet d’aider à l’élimination des matières organiques.

• Intoxication aux pyréthrinoïdes : chez le chat, principalement due à une administration accidentelle par le propriétaire. Chez le chien, par exemple lors d’ingestion d’un collier imprégné. L’animal présente, six heures après l’accident, une neuro-excitation centrale (hyperesthésie, convulsions, ataxie), ainsi que des signes digestifs (hypersalivation, vomissements, diarrhée). Le traitement est éliminatoire (lavage gastrique ou cutané, administration de vomitif) et symptomatique (anticonvulsivant avec ou sans perfusion).

C. M.
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