Des jurys de nez ont évalué les nuisances olfactives des élevages de canards - La Semaine Vétérinaire n° 1377 du 23/10/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1377 du 23/10/2009

Environnement

Formation continue

FILIÈRES

Auteur(s) : Catherine Cavarait

La faisabilité d’une méthode de mesure de la perception des odeurs, mise au point par l’Itavi, est testée.

L’odeur de lisier est répugnante. Et aux dires des spécialistes de la filière avicole et des habitants aux alentours, celle du lisier de canard est exécrable. Mais empeste-t-il un peu, beaucoup ? L’odeur est-elle un peu gênante, gênante, très gênante ? Jusqu’à quelle distance est-il possible de sniffer (terme technique consacré) les odeurs de l’élevage ? Les ingénieurs de l’Institut technique de l’aviculture (Itavi) ont conçu une étude originale, avec pour objectif la mise au point d’une méthode de mesure de la perception des odeurs à la périphérie des exploitations par un jury de nez.

Quatorze jurys ont noté les intensités d’odeur de douze sites d’élevage de canards situés dans les départements de l’Ain, du Rhône et du Maine-et-Loire. Cela s’est fait au stade d’élevage le plus odorant, c’est-à-dire entre cinquante-six et quatre-vingt-trois jours d’âge, avec une densité moyenne de onze canards et 38 kg de poids vif par mètre carré. Les visites ont été réparties de façon égale d’avril 2006 à septembre 2007 d’une part, et d’octobre 2006 à mars 2007 d’autre part. Chaque jury était composé de quatre à huit bénévoles. Après avoir été sélectionnés sur leur aptitude à distinguer une odeur juste décelable, ils ont été entraînés à associer une note d’intensité à une odeur. Le 25 mars dernier, lors des 8e Journées de la recherche avicole organisées à Saint-Malo, Sophie Lubac, ingénieur à l’Itavi de Lyon, a présenté la méthode testée et les résultats de l’étude.

Les odeurs et la gêne occasionnée sont relevées sur un maximum de quinze points par site afin de limiter la fatigue olfactive. L’odeur est notée sur une échelle de 0 à 4 : 0 lorsqu’elle est absente, 1 quand elle est juste décelable, 2 si elle est nette et distincte, 3 lorsqu’elle est forte et 4 très forte. La note de gêne est comprise entre 0 et 3 : 0 quand elle est absente, 1 quand elle est peu importante, 2 quand elle est bien ressentie et 3 quand elle est très importante. Lors de la notation, les membres du jury ont été invités à s’imaginer dans la situation d’un secteur résidentiel ou d’un lieu de vacances. A l’intérieur de chaque bâtiment, un à deux prélèvements d’air ont été réalisés et analysés pour leur concentration en odeur. La concentration en ammoniac a également été mesurée. La température et l’hygrométrie ont par ailleurs été relevées à l’intérieur et à l’extérieur pour calculer le débit d’odeur de chaque bâtiment. Une station météo mobile, installée à une hauteur de 2 m dans une zone sans obstacles sur un rayon de 10 m, a été utilisée pour enregistrer les données climatiques extérieures.

Une carte de perception des odeurs a pu être réalisée pour chaque bâtiment d’élevage (voir graphique), révélant un nuage de dispersion irrégulier des odeurs. Le coefficient de corrélation entre le niveau d’odeur et les notes de gêne est égal à 0,88. En moyenne, le niveau d’odeur 1 est perçu à 175 m (+/– 16) au maximum, le niveau 2 à 139 m (+/– 13), le niveau 3 à 95 m (+/– 10) et le niveau 4 à 31 m (+/– 7). Mais le faible nombre d’enquêtes et les critères intrinsèques de l’enquête ne permettent pas l’édition d’une carte type de la dispersion des odeurs.

Les obstacles réduisent la distance de perception

Aucune corrélation n’est mise en évidence entre les distances maximales de perception 1, 2 et 3 et la taille du site (nombre total d’animaux, surface des bâtiments et kilotage(1)). Les observations ne révèlent pas d’impact de l’âge. Pour la distance maximale de perception de niveau 4, un lien est mesuré avec le kilotage(1). Aucun effet n’est noté entre les distances et le débit d’odeur sur les sites qui comprennent un seul bâtiment.

Les obstacles, les haies denses et hautes, les bois, ainsi que les hauts panneaux proches des ventilateurs réduisent les distances de perception. L’impact du relief sur la dispersion des odeurs n’a pas été étudié.

Sophie Lubac conclut que la gestion des problèmes de voisinage liés à la nuisance olfactive des élevages est plus facilement gérée en offrant des canards en cadeau aux voisins gênés par les odeurs !

  • (1) Kilotage : kilo de poids vif de canard au mètre carré.

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