Les endométrites sont une cause d’infertilité

Les endométrites se définissent comme une inflammation de la muqueuse interne de l’utérus, l’endomètre, qui ne s’étend pas au-delà du stratum spongiosum. Ce sont des affections à part entière, à ne pas confondre avec des pyomètres ou des hyperplasies glandulokystiques.

S’il existe chez la jument une classification exhaustive (endométrites aiguës, subaiguës, chroniques, bactériennes, virales, fongiques, induites par la semence du mâle, etc.), seule la métrite post-partum est décrite chez la chienne. Elle résulte de l’inflammation de la muqueuse utérine, le plus souvent à composante bactérienne, liée à la rétention de résidus placentaires à la suite de la mise bas. Elle peut engendrer un syndrome fébrile chez la mère et le développement d’un syndrome du lait toxique chez les chiots. Aucune autre entité, comme celles décrites dans l’espèce équine, n’avait jusqu’à présent fait l’objet d’études chez la chienne.

Les endométrites sont liées à la présence de bactéries et/ou de spermatozoïdes

La réponse inflammatoire de l’endomètre peut être consécutive à :

– la présence de bactéries : la conformation du vagin de la chienne (15 à 30 cm de long, avec de nombreux replis) favorise la stagnation des sécrétions et les infections. Ainsi, des contaminations ascendantes sont envisageables (comme ce qui est décrit chez la jument) ;

– la présence de spermatozoïdes : les gamètes mâles induisent systématiquement une inflammation de l’endomètre. Dans certains cas, une réponse exagérée pourrait être à l’origine d’une inflammation persistante devenant alors problématique.

Dans toutes les espèces où elles ont été étudiées (vache, jument, femme), les endométrites sont une cause importante d’infertilité, les modifications consécutives à l’inflammation pouvant se révéler néfastes pour les gamètes ou les embryons. Dans l’espèce canine, elles pourraient se traduire cliniquement par des chiennes vides ou la présence de résorptions embryonnaires.

Le diagnostic passe par une bactériologie et une cytologie

L’expression clinique des endométrites reste généralement fruste (pas d’abattement, ni d’hyperthermie, ni de pertes vulvaires) et souvent aucune modification de l’endomètre n’est visible à l’échographie. L’affection est donc à suspecter chez des chiennes qui présentent une infertilité d’origine inexpliquée. L’évaluation de cet état inflammatoire nécessite la réalisation de prélèvements intra-utérins. Si les propriétaires sont encore peu enclins à la réalisation de biopsies utérines par laparotomie, l’utilisation de l’endoscopie se révèle une alternative de choix. Il est ainsi possible de cathétériser le col de l’utérus avec une sonde urétérale (Cru®, Rusch) et de réaliser un lavage au sérum physiologique, pour récupérer des échantillons utilisés ensuite pour une cytologie et une bactériologie, comme lors d’un lavage broncho-alvéolaire (voir photos). L’interprétation de la cytologie n’est cependant pas aisée et le laboratoire qui lira le prélèvement devra se référer aux données publiées sur le sujet⁽¹⁾. La bactériologie, quant à elle, ne sera significative que si un ou deux germes sont retrouvés en pousse abondante. Il convient, quoi qu’il arrive, de corréler les résultats des deux analyses pour une interprétation correcte (^{voir tableau}).

Un traitement médical adapté peut résoudre les problèmes d’infertilité

Dans l’étude⁽²⁾ réalisée au Centre d’études en reproduction des carnivores de l’ENV d’Alfort (vingt-six chiennes incluses, présentées pour une infertilité d’origine inexpliquée), 40 % (dix sur vingt-six) des animaux présentaient une endométrite, celle-ci étant dans 70 % des cas d’origine bactérienne (sept sur dix). Cinq chiennes ont été remises à la reproduction et traitées à l’aide d’une antibiothérapie de quinze jours sur les bases de l’antibiogramme. Les chiennes présentées en metœstrus ont reçu également de l’aglépristone (Alizine®, à raison de 10 mg/kg les deux premiers jours, puis une injection par semaine jusqu’à la fin de la phase lutéale en cas de metœstrus) dans le but de les soustraire à l’effet immunodépresseur de la progestérone. Toutes seront gestantes par la suite. Néanmoins, quatre chiennes prélevées (sur vingt-six) en metœstrus ont déclaré un pyomètre, peut-être lié à l’hyperréactivité de l’endomètre utérin à cette période. Il semble donc préférable d’attendre d’être en anœstrus, deux mois après les dernières chaleurs, pour réaliser ces prélèvements.

• (1) J.R. Watts et coll. : « Endometrial cytology of the normal bitch throughout the reproductive cycle », J. Small Anim. Practice, 1998, vol. 39, n° 1, pp. 2-9.

• (2) E. Fontaine et coll. : « Diagnosis of endometritis in the bitch : a new approach », Reprod. Domest. Anim., 2009, vol. 44 (suppl . 2), pp. 196-199.

• (3) Chemise : 63027 KL Ø22 (30 cm) ; canal opérateur 63027 NL ; optique Hopkins II 30° 36 cm 63325 BA, Karl Storz Inc.