Les croyances, fondées sur la peur, modifient notre perception du monde

Nous sommes victimes de nos croyances. Ce constat est commun à la psychologie moderne, à la psychanalyse et aux courants traditionnels. Pour le bouddhisme, il s’agit d’illusions. Pour les civilisations amérindiennes, elles sont nos racines. Elles répondent à une situation d’urgence ou à une injonction sociale ou religieuse répétée. Elles agissent comme des filtres qui couvrent notre perception du monde et conditionnent l’expérience et le jugement de chacun. Elles sont à l’origine de notre manière d’établir nos relations aux autres, influencent notre capacité à être heureux ou malheureux.

Les croyances sont fondées sur la peur, l’interdit et la préservation de ce que chacun identifie comme son intégrité. Les modifier revient à changer la perception de soi et des autres. Mais cela n’est pas une mince affaire, car ce ne sont pas de simples opinions. La première étape consiste à reconnaître les croyances qui déterminent nos pensées et nos émotions. S’il existe un fonds commun culturel de croyances, elles diffèrent en effet d’une personne à l’autre.

Les sciences comportementales démontrent que ce que nous voyons n’est pas réel, mais virtuel. Nos sens, en particulier la vue, identifient un objet, mais l’interprètent simultanément au moyen des croyances. Cela revient à altérer « la réalité objective ». En d’autres termes, une chose est vraie parce que nous croyons qu’elle l’est.

La phobie du vertige est un exemple de ce phénomène. Certains adultes éprouvent une peur récurrente lorsqu’ils se trouvent sur un balcon, alors que tout est sécurisé. Dans des cas extrêmes, ils se sentent attirés par le vide, une sensation étrange et désagréable. Placées dans des conditions similaires, d’autres personnes ne ressentent pas les mêmes “symptômes”. Pourtant, la « réalité objective » est rigoureusement identique. Cela n’a rien à voir avec l’intelligence ou le degré d’étude, mais s’explique par les croyances. Le phobique est persuadé que sa vie est en danger. Sa croyance l’empêche de vivre normalement certaines situations.

La plupart des croyances naissent dans l’enfance

Dans de nombreux cas, la croyance a été transmise ou inoculée durant l’enfance, souvent par les parents qui croyaient bien faire. Ils avaient d’ailleurs raison de mettre en garde leur progéniture contre un danger. Mais ce qui est vrai pour un enfant ne l’est souvent plus pour un adulte. Chacun a retenu au plus profond de soi la peur transmise par l’émotion de ses parents, eux-mêmes inquiets en visualisant le danger potentiel. Faute d’être détruite (se trouver sur un balcon n’est pas dangereux), la croyance empoisonnera toute notre vie.

La plupart des croyances sont tellement ancrées en nous que nous avons oublié quand et comment elles sont nées, et même ce qu’elles sont véritablement. Une sensation comme la peur peut être générale et nous placer dans une situation de mal-être global. Par exemple, pour la plupart des individus, la crainte de prendre la parole en public est plus forte que celle de la mort. Bien qu’elles ne s’appuient sur aucun élément rationnel, des croyances profondément ancrées et erronées peuvent ainsi gâcher la vie. Elles sont parfois suffisamment puissantes pour contrôler notre esprit et notre corps, être maîtresses de nos émotions. Heureusement, des outils permettent de changer nos croyances. Rendez-vous dans un prochain numéro pour les étudier afin de se libérer de ces chaînes.