L’aire de répartition de Vespa velutina en France continue de s’étendre - La Semaine Vétérinaire n° 1375 du 09/10/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1375 du 09/10/2009

Filière apicole. Frelon asiatique

Actualité

Auteur(s) : Nicolas Vidal-Naquet

Fin septembre dernier, un nid de Vespa velutina, le frelon asiatique, a été découvert en Ile-de-France, au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis), près d’une ligne de chemin de fer. Cela illustre l’extension de l’aire de répartition de cet insecte sur le territoire national depuis quelques années, en raison de son inévitable reproduction naturelle, mais aussi par le biais des moyens de transport (fret, par exemple). Vraisemblablement importé depuis l’Asie dans des containers de poteries chinoises expédiés à Bordeaux (Gironde) en 2004, le frelon asiatique a été signalé officiellement en France en 2005, dans le Lot-et-Garonne. Depuis, il continue de se disséminer. Avant sa découverte en Ile-de-France, les régions touchées étaient l’Aquitaine, le Midi-Pyrénées, le Languedoc-Roussillon, le Poitou-Charentes, le Limousin, l’Auvergne et le Centre. Franck Muller(1), du Muséum national d’histoire naturelle, a modélisé l’extension potentielle de son aire de répartition qui, dans les années à venir, s’étendra à une grande partie de l’Europe de l’Ouest et en Grande-Bretagne.

Les nids peuvent atteindre une hauteur de 90 cm !

La hauteur des nids de Vespa velutina peut atteindre 90 cm et leur diamètre 70 cm. Leur enveloppe contient jusqu’à sept étages de couvain (“gâteaux de cellules”). Ils grossissent du printemps à l’automne. Ils sont accrochés aux arbres, mais aussi aux charpentes, dans les hangars ou les granges. Toutes les femelles fondatrices sont à l’origine d’une colonie par an, puis meurent. Après l’hiver, chacune de leurs descendantes, femelle sexuée et fécondée, devient fondatrice d’un nouveau nid et d’une nouvelle colonie. La reproduction des mâles et des futures fondatrices a lieu à la fin de l’été, voire à l’automne. Vespa velutina est un prédateur sans pitié des abeilles. Elles constituent 80 % de sa source de protéines en zone urbaine et 50 % en zone rurale. Il s’agit d’un prédateur des ruches plus dangereux que Vespa crabo, le frelon européen, le seul présent en France jusqu’en 2005. L’été, en vol stationnaire à 30 cm devant l’entrée des ruches, les ouvrières se succèdent pour attraper les butineuses qui reviennent à la ruche chargées de nectar et de pollen. En plein vol, l’ouvrière saisit la butineuse entre ses pattes, la tue « d’un coup de mandibule », la décapite et lui arrache ailes et pattes. Elle rapporte à son nid le thorax et l’abdomen qui, sous la forme d’une boulette, serviront à nourrir les larves essentiellement.

Les abeilles ne sont pas les seules victimes de Vespa velutina

Le frelon asiatique peut décimer quelques milliers d’abeilles en quelques jours. Au niveau des ruches sont observés des affaiblissements et un arrêt de la ponte, accompagné d’un vieillissement des colonies, susceptible d’engendrer leur perte totale, car elles ne sont plus assez fortes pour supporter l’hiver. Des baisses de production de miel sont également notées.

Les dégâts de Vespa velutina ne concernent pas seulement les ruches. En effet, les frelons se nourrissent aussi d’autres pollinisateurs comme les bourdons. Il s’attaquerait également aux étals de marchés, notamment ceux de viande et de poissons. Il semble peu dangereux pour l’homme, à condition de ne pas s’approcher trop près d’un nid (à moins de 5 m, d’après les observations), car une attaque collective et virulente peut alors se produire. Huit à douze piqûres suffisent à provoquer un empoisonnement qui nécessite une hospitalisation.

En Europe, les colonies d’abeilles n’ont développé aucun comportement de défense efficace contre Vespa velutina, alors qu’elles savent se protéger contre Vespa crabo. En Asie, les abeilles (Apis cerana) se défendent en créant une “boule” autour d’un frelon(2), à l’intérieur de laquelle la température atteint 45 °C, ce qui entraîne sa mort par hyperthermie. Ce comportement s’observe chez les abeilles européennes importées en Asie depuis une cinquantaine d’années. Elles ont commencé à s’adapter pour lutter contre ce prédateur, mais ne semblent pas encore aussi efficaces.

La lutte contre Vespa velutina se fait essentiellement par le piégeage des frelons, des ouvrières durant l’année et des fondatrices de février à mai. La destruction des nids doit être systématique et avoir lieu, si possible, avant le début de l’élevage des fondatrices (fin juillet, début août). Des recherches sont en cours sur les méthodes de piégeage et les appâts utilisables, efficaces et spécifiques.

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