Les plans d’action sanitaire en élevage porcin seront taillés sur mesure - La Semaine Vétérinaire n° 1374 du 02/10/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1374 du 02/10/2009

Porc. Rencontres de Saint-Malo

Actualité

Auteur(s) : Catherine Cavarait

Les décisions associeront les outils économiques au diagnostic des dynamiques d’infection.

Deux économistes, l’un Français, l’autre Américain, ont ouvert les sessions avicole et porcine des rencontres de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), le 15 septembre dernier, en marge du Space. Les approches américaine et française étaient également au menu de la session spécifique à l’édition avicole.

Deux confrères ont témoigné de l’intérêt de connaître la dynamique d’infection au sein d’une exploitation pour proposer aux éleveurs une thérapeutique et/ou une prévention pertinente. Philippe Le Coz, du groupe Chêne Vert exerçant en Bretagne, est intervenu pour la France. Pour les Etats-Unis, il s’agissait de Luc Dufresne, vétérinaire chez Seaboardfoods, une organisation américaine de production intégrée qui comptabilise 215 000 truies dans 47 fermes réparties sur 6 sites, et qui produit et abat 5 200 000 porcs par an. Il a conclu ces rencontres en présentant le syndrome d’anorexie postsevrage auquel les vétérinaires nord-américains sont confrontés.

L’utilisation du coût d’opportunité est limitée par la qualité des données

Avec un exemple simple, John Deen, de l’université du Minnesota, a illustré l’intérêt du coût d’opportunité. Un porc charcutier doit être vendu demain, il mourra aujourd’hui à moins d’être traité. Le revenu potentiel de ce porc est égal à 100 $. Combien est-il possible de dépenser en supposant qu’il guérira ? « Ce porc coûte 210 $ », a répondu notre confrère. En effet, l’éleveur a engagé des dépenses pour l’élever : 30 $ pour acheter le porcelet sevré, 60 $ pour les aliments et les médicaments, 20 $ pour les bâtiments et le travail. Il espère gagner 100 $. « Le coût d’opportunité est celui d’une chose estimée en termes d’opportunités non réalisées, y compris les avantages dérivés ou la meilleure option non réalisée », a défini Pierre Sans, de l’école de Toulouse, pour qui le coût d’opportunité est un coût de renoncement.

Particulièrement utilisé en économie internationale, cet indicateur permet de comparer plusieurs décisions entre elles. Son emploi exige que soit défini ce qu’est un bon porc, les critères associés qui bénéficient au contrôle des maladies. Bien-être des porcs, protection des congénères, frais directs des contrôles, coûts accrus des intrants, confort des employés, esthétisme, perception du public, il est possible d’aller loin dans la liste. « Il faut bannir les moyennes et s’attacher à l’étude des sous-populations classées à problème », a martelé John Deen, qui a successivement présenté la variable descriptive de la rentabilité d’un élevage la plus pertinente, les modèles statistiques du changement, le management par spécifications, et l’utilisation du ratio bénéfice/coûts.

La circulation verticale des agents pathogènes est sous-estimée

Lors de la discussion, notre confrère Vincent Auvigne a souligné la difficulté d’obtenir des informations de qualité dans les élevages français pour pouvoir mener à terme ce type d’analyse. « La connaissance de la dynamique d’infection d’un élevage est incontournable pour choisir la meilleure stratégie de traitement et de prévention, spécifique à chaque exploitation, a témoigné Philippe Le Coz. Le plus délicat est d’établir la méthode qui permet d’appréhender cette dynamique. » Le protocole relatif à la dynamique d’infection par le virus du syndrome dysgénésique et respiratoire porcin (SDRP) est maintenant au point, celui de l’infection par Mycoplasma hyopneumoniae l’est presque. A travers quelques exemples, notre confrère a montré l’importance du cheptel des reproducteurs dans la dynamique d’infection de nombreuses maladies : « Nous avons donné trop d’importance à la circulation horizontale. » Autre continent, autres dimensions, autre climat, Luc Dufresne a également attesté du rôle joué par la maternité sur les performances de croissance et de mortalité : « La taille importante des maternités combinées au système de production multisite nous a permis de comparer l’impact relatif de la source maternité versus le site de pouponnières et de croissance. » Au sein des élevages porcins de Seaboardfoods, les stratégies de maîtrise des infections sont établies, modifiées, réajustées au regard des dynamiques d’infection observées dans les pods(1)

  • (1) Un pod regroupe un élevage de multiplication et 2 à 5 maternités de 1 200 à 13 000 truies, avec des pouponnières et des ateliers de finition attitrés.

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