La présence des vétérinaires est encore timide dans la filière apicole - La Semaine Vétérinaire n° 1373 du 25/09/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1373 du 25/09/2009

Apiculture. Congrès mondial

Actualité

Auteur(s) : Nicolas Vidal-Naquet

Les confrères de six pays se sont réunis lors d’une table ronde au congrès Apimondia, le 16 septembre.

Les vétérinaires avaient oublié les abeilles depuis les années 50. » Mais depuis près de dix ans, ils s’impliquent de plus en plus. Ainsi, Monique L’Hostis, professeur à l’école de Nantes, a créé le diplôme interécoles (DIE) d’apiculture-pathologie apicole, dont l’un des objectifs est de permettre au vétérinaire de devenir performant et efficace, notamment dans le domaine des intoxications.

Notre consœur, pionnière dans la santé des abeilles, était également l’initiatrice de la table ronde “Vétérinaires et apiculture”, organisée dans le cadre du congrès Apimondia, organisé à Montpellier du 15 au 20 septembre dernier. Henri Clément, apiculteur et président de l’Union nationale de l’apiculture française (Unaf), a ouvert les débats en insistant sur « la nécessité d’avoir des vétérinaires spécialisés en pathologie apicole sur l’ensemble du territoire ». Comme tous les intervenants, il a souligné « l’importance de la rencontre des vétérinaires du monde entier ». L’Italie, le Québec, la Turquie, la Belgique et l’Espagne avaient fait le déplacement.

En France, le vétérinaire est prescripteur, l’agent sanitaire apicole est acteur de terrain

Notre confrère Jean-Marie Barbançon, apiculteur, membre de la Fédération nationale des organisations sanitaires apicoles départementales (FNOSAD), a détaillé le schéma sanitaire apicole français, notamment le réseau des assistants sanitaires apicoles (ASA). Désignés par le préfet parmi les apiculteurs, ils sont chargés des visites sur le terrain et ont l’autorisation d’émettre une orientation diagnostique. En France, le vétérinaire n’apparaît qu’au niveau du plan sanitaire d’élevage d’un Groupement de défense sanitaire apicole (GDSA), en tant que prescripteur. Si les structures apicoles souhaitent la formation de vétérinaires, l’apiculteur ne conçoit pas « d’appeler un praticien pour ses abeilles », note-t-il.

Laurence Delva, de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa), a rappelé que la législation sur le médicament vétérinaire s’applique également à l’abeille. Elle a aussi souligné le « manque de médicaments avec une autorisation de mise sur le marché (AMM) » pour cette espèce, peu rentable pour les laboratoires. Ainsi, en France, seules quatre spécialités disposent d’une AMM “abeille” dans le traitement de la varroase (Apivar®, Thymovar®, Apiguard®, Apistan®). La prescription d’autres médicaments est « impossible dans la pratique sans connaissance des limites maximales de résidus (LMR) ». Pour sa part, Michel Pottiez, de la Direction générale de l’alimentation (DGAL), a évoqué les maladies réputées contagieuses de l’abeille, l’existence d’une brigade d’enquête vétérinaire impliquée dans les intoxications, et le projet de mandat sanitaire spécialisé en apiculture.

Le manque de médicaments pour l’abeille est une constante mondiale

Après ce tour d’horizon hexagonal, les confrères étrangers ont pris la parole. Bressan Gianluigi a détaillé l’organisation des services vétérinaires, dont il fait partie, et l’implication des différents instituts de zoo-prophylaxie. Un master en apidologie et pathologie de l’abeille existe à la faculté vétérinaire de Pise et la création d’une coordination nationale des vétérinaires “apicoles” est en projet.

Au Québec, les équipes vétérinaires de l’Institut national de la santé animale assurent aussi celle de l’abeille, en offrant gratuitement divers services (visite des colonies, recherche des causes de mortalité anormales, prélèvements d’échantillons en vue d’analyses, prescription de médicaments, etc.). La tétracycline et la fumagiline y ont une AMM “abeille”, et les acaricides dépendent de la législation sur les pesticides.

En Turquie, l’un des plus grands pays apicoles, un enseignement spécifique est dispensé dans les facultés vétérinaires. Les confrères sont impliqués dans la recherche, le contrôle sanitaire des aliments, la santé animale, le médicament, l’analyse du miel et la recherche de résidus. Ils autorisent ou non la transhumance des ruches. A contrario, en Belgique, « presque aucun vétérinaire n’est intéressé par la pathologie apicole », a regretté notre confrère Bill Vandaele, consultant apicole. Ils n’ont d’autre rôle que celui « d’inspecteur en cas de maladies contagieuses autres que la varroase ». Quelques-uns sont cependant impliqués dans des structures sanitaires apicoles. L’offre en médicaments vétérinaires étant réduite, moins de 5 % des colonies sont traitées légalement. Mais une formation sanitaire apicole est en cours de création à la faculté de Liège.

« Le vétérinaire : guest star ou simple observateur de la santé de l’abeille ? » Le titre de l’intervention de notre confrère espagnol Alfredo Sanz Villalba soulignait avec humour la vision que le monde apicole a du vétérinaire. Dans son pays, l’administration s’intéresse peu aux abeilles et les apiculteurs ont cherché seuls des solutions à leurs problèmes. Le suivi sanitaire semble insuffisant, comme l’offre en médicaments. Le programme national de lutte contre les maladies de l’abeille n’est pas fonctionnel pour des raisons budgétaires et aucune formation spécifique n’est proposée aux vétérinaires.

Dans de nombreux pays, les praticiens n’apparaissent donc pas comme des acteurs à part entière de la santé de l’abeille. Les enseignements existent, mais ils sont principalement postuniversitaires. Quant aux médicaments vétérinaires disponibles, leur rareté est générale. Pourtant, malgré ces difficultés, à l’issue de cette table ronde qui réunissait près de trois cent cinquante participants, Monique L’Hostis ne pouvait que partager son impression « de se sentir moins seule ».

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