Plus d’un tiers des praticiens téléphonent en voiture sans kit “mains libres”

Téléphoner en conduisant multiplie par cinq les risques d’accident », martèle la dernière campagne de sensibilisation de la Sécurité routière. Il s’agit de la quatrième cause de mortalité, selon les statistiques 2008 (en hausse de 6 % par rapport à 2007), après le taux d’alcoolémie positif, le dépassement des limitations de vitesse et le non-port de la ceinture. Altération de l’attention, fixité du regard, moins bonne appréciation des situations… le téléphone tenu en main serait responsable de 6 à 7 % des accidents. Quant au kit “mains libres”, plébiscité par les vétonautes, il serait presque aussi dangereux. Selon une étude australienne datée de 2005, le surrisque d’accident serait non de 5, mais de 3,8 tout de même. Une nouvelle fois, le manque d’attention des conducteurs est en cause. « Même avec un kit “mains libres” intégré, je trouve que la concentration sur la route s’amenuise, comme lors d’une conversation avec un passager », note d’ailleurs une praticienne.

L’Observatoire national interministériel de sécurité routière, qui a pris fait et cause pour cette étude, prône depuis 2007 l’interdiction totale du téléphone au volant, même avec un kit “mains libres”, et souhaite une modification de la législation. Pour le moment, et depuis 2003, seule l’utilisation d’un téléphone mobile tenu en main constitue une infraction spécifique passible de 150 € d’amende et d’un retrait de deux points sur le permis (article 412-6 du Code de la route). L’emploi d’un équipement “mains libres” est autorisé, mais son usage peut être reproché aux conducteurs. En cas d’accident notamment, il peut être considéré comme un facteur aggravant.

Mais interdire le kit “mains libres” semble difficile, car son utilisation est parfois invisible, donc difficile à sanctionner. Comment un policier ou un gendarme pourrait-il discerner une personne parlant à un passager de celle en conversation avec un kit “mains libres” ? En outre, de plus en plus de voitures intègrent d’emblée ce système, au bénéfice des conducteurs. « Je fais installer l’option “mains libres” lors de l’achat de mes véhicules neufs. Ça m’a changé la vie, s’enthousiasme une praticienne. La qualité d’écoute est excellente. » « Pour celui qui a absolument besoin de son permis pour pouvoir travailler, il n’est pas concevable de perdre le moindre point : l’investissement dans un kit est indispensable », enchaîne un autre. Il est difficile d’imaginer les constructeurs revenir en arrière, d’autant que l’usage du téléphone “mains libres” s’étend dans de nombreux pays européens. Au volant, le mieux reste cependant de ne pas téléphoner, à l’instar des 22 % de vertueux vétonautes. Si vous ne pouvez vous en passer, au moins arrêtez-vous.