Le directeur de LaSalle Beauvais croit toujours à sa filière vétérinaire

Le directeur de l’école polytechnique LaSalle Beauvais (Oise) piaffe d’impatience. Il veut intégrer dans son établissement une nouvelle voie d’accès aux écoles vétérinaires dès la rentrée 2010. Il n’hésite pas à en parler dès que l’occasion se présente, histoire de ne pas laisser retomber un soufflé monté au printemps dernier, lorsque Michel Barnier, alors ministre de l’Agriculture, avait donné son feu vert à la création de ce nouveau cursus (voir encadré). Lors d’une conférence de presse organisée pour la rentrée de cette école d’ingénieurs, Philippe Choquet, le directeur général, a insisté sur le fait qu’il n’attendait plus qu’une « réponse ferme et définitive du ministre » pour ouvrir cette nouvelle formation vétérinaire. « Mais déjà, ajoute-t-il dans les colonnes du Courrier Picard, le téléphone ne cesse de sonner pour demander des renseignements, preuve s’il en est que cette formation est attendue. » Le service de communication de l’établissement confirme : « En cette période de reprise des cours, nous avons plusieurs appels par jour. Des lycéens ou leurs parents nous contactent. Ils ont entendu parler de ce projet et souhaitent des renseignements. Nous répondons simplement que Michel Barnier a donné son accord et que nous attendons le feu vert du nouveau ministre pour démarrer. »

Les instances vétérinaires ne bougeront pas dans l’immédiat

Comment faire croire que seul cet accord est nécessaire lorsque la profession est opposée à la mise en place de cette nouvelle filière ? Forme-t-on des vétérinaires contre leur profession ? De l’Ordre au syndicat en passant par les directeurs des quatre ENV, tout le monde s’accorde pour repousser ce projet. « Le directeur de LaSalle Beauvais fait de l’Agitprop, remarque Christian Rondeau, président du Conseil supérieur de l’Ordre. De notre côté, il n’y a rien de nouveau. Et nous ne bougerons pas tant que Bernard Vallat n’aura pas remis son rapport. » Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) a en effet été chargé, en début d’année, d’un rapport sur la forme et le contenu du cursus vétérinaire et son harmonisation européenne. Sa publication ne devrait pas intervenir avant la mi-octobre. « Le ministre attend évidemment ces informations pour s’avancer sur le sujet », note Christian Rondeau.

L’annonce en mai dernier de l’accord donné par Michel Barnier avait soulevé l’ire de la profession. Même si l’Ordre notait quelques éléments intéressants dans ce qui était proposé, comme la classe préparatoire intégrée, les enseignements en anglais et des financements conséquents, il dénonçait un forcing du ministère et de la Direction générale de l’enseignement et de la recherche (DGER) pour imposer à la profession un enseignement privé entraînant « une inégalité républicaine dans le mode de recrutement ». Rien non plus n’était prévu en termes financiers pour aider les écoles vétérinaires à “absorber” les étudiants de Beauvais en cours de cursus. On croyait le dossier enterré. LaSalle Beauvais y croit toujours.