La maladie de Johne est soumise à l’œil des experts

La paratuberculose, ou maladie de Johne, est une affection mondialement répandue causée par Mycobacterium avium subsp paratuberculosis (MAP). L’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) dresse un bilan des connaissances actuelles sur cette affection, dans un rapport publié cet été⁽¹⁾. Il étudie les techniques de dépistage et de diagnostic, les mesures médicales et les plans de lutte déjà mis en place, afin de déterminer les recherches à mener pour en assurer un meilleur contrôle.

Le jugement porté sur les nombreux tests utilisés pour le dépistage et le diagnostic de laboratoire est sans appel : « Les moyens disponibles pour le dépistage restent de performance discutable. » Un manque de sensibilité et/ ou de spécificité est déploré. Des réactions croisées existent avec la tuberculose bovine et aviaire lors de test intradermique, et la séquence utilisée par la polymerase chain reaction (PCR) est commune à d’autres mycobactéries. La sensibilité de la coproculture, technique le plus souvent mise en œuvre pour le diagnostic, est proche de 50 %. Les résultats sont d’autant plus variables qu’il n’existe aucune standardisation pour ces différentes méthodes (^{voir tableau}). Par ailleurs, elles ne sont pas indiquées pour tous les stades de la maladie. L’infection se produit au cours des premiers mois de vie. Les animaux passent par une phase asymptomatique, d’abord sans excrétion, puis avec une excrétion intermittente. La séropositivité apparaît avant l’excrétion, mais après un certain délai après l’infection. Les signes cliniques viennent plus tard, vers quatre ou cinq ans chez les bovins, et s’accompagnent d’une excrétion massive.

L’Afssa préconise de désigner un laboratoire de référence et d’harmoniser les techniques de diagnostic et les mesures de lutte.

La prophylaxie contre la paratuberculose est essentiellement sanitaire. L’identification des animaux infectés et des facteurs de risque, ainsi que la réforme des bovins et ovins excréteurs sont les mesures les plus fréquentes dans les plans de lutte. Le traitement des animaux qui présentent des signes cliniques est déconseillé, car ils favorisent la contamination au sein des élevages et celle de l’environnement.

La vaccination est utilisée dans certains pays. Elle permet de réduire l’excrétion, mais pas « d’aboutir à un assainissement bactériologique de l’élevage ». Par ailleurs, elle provoque des réactions croisées lors du dépistage de la tuberculose. En France, aucun vaccin n’est disponible depuis 2001. L’Afssa propose cependant d’y avoir recours dans certaines situations (voir encadré).

L’étiologie de la maladie de Crohn est toujours inconnue

Le rapport fait également le point sur les connaissances actuelles concernant la maladie de Crohn (MC), notamment son étiologie, en raison des similitudes entre cette affection et la paratuberculose. Pour l’Afssa, « le lien de causalité formelle entre MAP et MC demeure à ce jour non démontré ». Plusieurs autres agents infectieux sont suspectés, de même que l’interaction entre des agents infectieux et environnementaux ou une prédisposition génétique. Une éventuelle contamination de l’homme par le lait paraît improbable, car MAP est détruit par les traitements thermiques classiques (pasteurisation, stérilisation ou UHT). Cependant, l’Afssa reconnaît que des études restent à mener sur ces deux maladies.

• (1) Le rapport complet est disponible sur www.afssa.fr