La desloréline apparaît comme une alternative prometteuse à la surrénalectomie

Un furet femelle stérilisé, âgé de cinq ans, est présenté en consultation pour une perte de poils et une légère perte de vitalité depuis plusieurs mois.

Son examen clinique révèle une alopécie extensive impliquant la queue, le dos et les flancs (^{voir photo 1}), ainsi qu’un prurit important. Sa vulve n’est pas gonflée et son poids est normal. L’hypothèse diagnostique la plus probable est une maladie surrénalienne. D’autres, telles qu’un hyperœstrogénisme lié à une rémanence ovarienne ou une ectoparasitose, sont moins probables, en raison respectivement de l’âge d’apparition des symptômes (plus précoce lors de rémanence ovarienne) et de l’absence de parasite objectivée par des raclages.

Une échographie abdominale est réalisée. Elle révèle des glandes surrénales d’une épaisseur de 2 mm à droite et 1,7 mm à gauche (norme : moins de 3,9 mm), donc d’une taille normale. Une maladie surrénalienne est tout de même suspectée. A ce stade, un dosage d’hormones sexuelles serait intéressant, mais cet examen est refusé par les propriétaires. Un bilan biochimique est effectué en prévision d’une anesthésie et pour éliminer des maladies intercurrentes comme un insulinome subclinique. Il ne met en évidence aucune anomalie majeure, hormis une légère élévation de l’urée et une baisse des alanine-aminotransférases (ALT).

Un essai thérapeutique avec un implant de desloréline (Suprelorin®) est décidé. Il est administré par voie sous-cutanée entre les épaules, sous anesthésie flash (isoflurane au masque). L’évolution est favorable, car un début de repousse du poil et une diminution du prurit sont observés quarante-cinq jours après la pose de l’implant. Le poil a presque totalement repoussé après quatre-vingt-dix jours (^{voir photo 2}). Un diagnostic thérapeutique de maladie surrénalienne est donc établi.

La desloréline peut être utilisée dans le cadre d’un diagnostic thérapeutique

Chez le furet, la maladie surrénalienne est due à une modification histologique des glandes surrénales (hyperplasie, adénome ou adénocarcinome) qui entraîne une hypersécrétion d’hormones sexuelles. Ces lésions seraient vraisemblablement le fait d’une hyperstimulation par la luteinizing hormone (LH) et la folliculostimulating hormone (FSH), sécrétées en quantité excessive. En effet, après la stérilisation, l’absence de rétro-contrôle négatif des hormones sexuelles sur l’axe hypothalamo-hypohysaire entraînerait un emballement des sécrétions de gonadotrophin releasing hormone (GnRH), donc de LH et de FSH. La desloréline, agoniste de la GnRH, permettrait la désensibilisation de l’hypophyse par la saturation des récepteurs à GnRH, d’où la fin de l’emballement de cet axe, et par conséquent l’arrêt de sécrétion d’hormones sexuelles par les glandes surrénales et la disparition des signes cliniques.

Chez le furet, l’efficacité de la desloréline dans le traitement palliatif des tumeurs surrénaliennes a été démontrée dans une étude publiée en 2005.

L’implant de desloréline est donc l’une des options à envisager dans le traitement des tumeurs surrénaliennes des furets. Il présente plusieurs avantages : il permet une bonne rémission des signes cliniques, il est non invasif, n’impose aucune contrainte au propriétaire et son coût est raisonnable. Ce médicament a toutefois ses limites, car il n’empêche pas la croissance tumorale. Son utilisation se fait par ailleurs hors AMM.

La surrénalectomie reste le seul traitement curatif des tumeurs surrénaliennes chez le furet. Au final, Suprelorin® apparaît comme une alternative prometteuse à cette opération. Il se révèle aussi utile dans les cas où l’état général du furet n’autorise pas la chirurgie, quand elle est déclinée par le propriétaire ou lorsque l’animal a déjà subi une surrénalectomie unilatérale. Il peut en outre servir de diagnostic thérapeutique, comme dans ce cas clinique.

• Voir aussi La Semaine Vétérinaire n° 1363 du 5/6/2009 en pages 42-44 et n° 1364 du 12/6/2009 en pages 50-51.

BIBLIOGRAPHIE

• 1. A.M. Kuijten, N.J. Schoemaker, G. Voorhout : « Ultrasonographic visualization of the adrenal glands of healthy ferrets and ferrets with hyperadrenocorticism », Journal of the American Animal Hospital Association, 2007, vol. 43, n° 2, pp. 78-84.
• • J.G. Besso, A.S. Tidwell, J.M. Gliatto : « Retrospective review of the ultrasonographic features of adrenal lesions in 21 ferrets », Veterinary Radiology and Ultrasound, 2000, vol. 41, n° 4, pp. 345-352.
• 3. R.A. Wagner, C.A. Piche, W. Jochle, J.W. Oliver : « Clinical et endocrine responses to treatment with deslorelin acetate implants in ferrets with adrenocortical disease », American Journal of Veterinary Research, 2005, vol. 66, n° 5, pp. 910-913.