Merial, repris à 100 % par Sanofi, pourrait fusionner avec Intervet devenu Merck

Merck et Sanofi-Aventis se sont accordé fin juillet sur le devenir de Merial et d’Intervet/Schering-Plough. Sanofi, qui possédait déjà la moitié du capital de Merial, a racheté les 50 % de parts détenues par Merck. Merial appartiendra donc à 100 % à Sanofi. Mais cela ne signe pas le divorce entre les deux groupes, bien au contraire. Sanofi et Merck s’engagent aussi sur la création à venir d’une nouvelle coentreprise, issue de la fusion de Merial et d’Intervet/Schering-Plough, qui serait de nouveau détenue à 50/50 par les deux groupes pharmaceutiques.

D’ici à la fin de l’année, Pfizer devrait également finaliser, comme prévu, le rachat de Fort-Dodge (la filiale vétérinaire de Wyeth).

A plus long terme, le futur Merial-Intervet, avec 5,6 milliards de dollars en 2008 et 30 % de parts de marché mondial (34 % en France), serait malgré tout une fois et demi plus gros que le nouveau Pfizer-Fort-Dodge dans le monde (3,8 milliards de dollars) et deux fois plus en France : environ 400 millions d’euros pour Merial-Intervet en 2008 au lieu de près de 200 millions pour Pfizer et Fort-Dodge. Les deux premiers mondiaux cumuleraient ainsi la moitié des ventes de médicaments vétérinaires dans le monde et en France. Délesté de la moitié du capital de Merial, Merck ne devrait surtout plus être gêné pour racheter, comme annoncé, d’ici à la fin 2009, Schering-Plough avec sa filiale Intervet en santé animale. Jusqu’à présent, l’accord passé entre Merck et Sanofi-Aventis pour développer Merial ne le permettait pas. En outre, les autorités de la concurrence auraient pu compliquer et retarder le rachat de Schering-Plough par Merck en raison du cumul des activités de santé animale d’Intervet et de Merial.

Les deux fiancés, Merck et Schering-Plough, étaient donc dans l’obligation de trouver rapidement, avant leur mariage, une solution sur le devenir de Merial et/ou… d’Intervet.

Un accord sur Merial et Intervet en deux étapes

La première partie de l’accord est simple. Sanofi-Aventis versera à Merck 4 milliards de dollars pour racheter le capital de Merial détenu par Merck et en devenir l’unique actionnaire. Cela valorise donc Merial à 8 milliards de dollars, soit un peu plus de trois fois le chiffre d’affaires 2008 (2,64 milliards de dollars).

La seconde partie de l’accord est plus complexe. Elle projette, à plus long terme, de fusionner Merial et Intervet dans une nouvelle coentreprise qui serait détenue à moitié par Sanofi-Aventis et à moitié par Merck. Les trois laboratoires, Sanofi, Merck et Schering-Plough, ont signé un “contrat d’option” en ce sens. Ce dernier valorise Intervet à 9,25 milliards de dollars, soit également un peu plus de trois fois son chiffre d’affaires 2008 (2,97 milliards de dollars).

L’accord prévoit en outre un paiement additionnel de 750 millions de dollars de Sanofi à Merck lors de la fusion de Merial avec Intervet, dans une nouvelle coentreprise qui serait ainsi détenue à parité (50/50) par Sanofi et Merck. Ce dernier peut toutefois renoncer à cette option de rapprochement des deux activités contre le paiement à Sanofi-Aventis d’une pénalité comprise entre 400 et 600 millions de dollars. La constitution de la nouvelle coentreprise Merial-Intervet sera évidemment soumise à l’accord des autorités de la concurrence aux Etats-Unis et en Europe.

Les conséquences vétérinaires des fusions de l’humaine

Ce sont d’abord les grandes manœuvres de fusion dans la pharmacie humaine, pour conserver le même niveau de marge des laboratoires pharmaceutiques face à l’arrivée des génériques en santé humaine, qui semblent indirectement dicter les rapprochements en santé animale. Pfizer rachète Wyeth et… Fort-Dodge. Et Merck fusionne avec Schering-Plough en conservant Intervet, mais en vendant sa part dans Merial à Sanofi-Aventis.

Inéluctablement, la santé animale, un secteur vingt-cinq fois plus petit que la pharmacie humaine, mais environ trois fois plus concentré, continue à se regrouper et… à donner plus de travail aux autorités de la concurrence.

Le projet de fusion de Merial et Intervet est toutefois davantage souhaité que subi. Merck et Sanofi-Aventis n’y sont pas contraints et le mariage de leurs activités vétérinaires dans une entreprise commune est, semble-t-il, désiré par les deux groupes. Ainsi, le président-directeur général de Merck, Richard Clark, se « réjouit » dans la presse de la « possibilité d’associer la santé animale de Sanofi-Aventis [Merial] et celle du nouveau Merck [Intervet] ». De son côté, le directeur général de Sanofi-Aventis, Christopher Viehbacher, se « réjouit » de consolider son alliance de longue date avec Merck dans la santé animale. « Ce regroupement pourrait créer un nouveau leader de la santé animale », prévoit-il.