Les spécialistes ont aussi leur place en France - La Semaine Vétérinaire n° 1369 du 28/08/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1369 du 28/08/2009

Entre nous

VOUS AVEZ LA PAROLE

Auteur(s) : Serge Rosolen

Fonctions : titulaire d’un DESV d’ophtalmologie, membre de l’Académie vétérinaire de France, praticien à Asnières (Hauts-de-Seine)

A lire les commentaires des participants du forum sur les collèges européens(1), on pourrait penser qu’il n’existe pas de vraie spécialisation en France. C’est faux et un peu méprisant pour les titulaires d’un diplôme d’études spécialisées vétérinaires (DESV).

Dans notre pays, le titre de spécialiste est validé par un DESV, diplôme national, délivré par les écoles vétérinaires dans plusieurs disciplines. Il existe trois façons de l’obtenir : la voie des ENV (résidanat), celle de la validation des acquis de l’expérience (VAE) et celle ouverte aux membres des collèges européens qui en font la demande (décret 2008-1335 du 16 décembre 2008). Au Royaume-Uni, le titre de spécialiste est délivré par le Royal College of Veterinary Surgeons (équivalent de nos Ordre et syndicat) et non par une université ou une faculté. En Allemagne, il existe un titre, Fachtierarzt (FTA), dont les conditions d’obtention sont similaires à celles des DESV. Il existe également un Zusatzbezeichnung (ZB), diplôme équivalent aux certificats d’études supérieures (CES) français. Les règles sont fédérales et si les diplomates des collèges européens ont le droit de mentionner leur titre, cela ne leur donne ni l’équivalence d’un FTA ni celle d’un ZB. Un examen est nécessaire pour obtenir l’un ou l’autre. Ainsi, chaque pays applique ses propres règles et, quoi qu’on en dise, la France n’est pas une exception.

Les intervenants de ce forum semblent s’étonner d’être reconnus comme spécialistes ailleurs (dans le monde anglo-saxon essentiellement) mais pas en France. C’est faux, puisqu’ils peuvent obtenir un DESV. Peut-être estiment-ils que seuls les diplomates ont la qualification requise pour être spécialistes et pouvoir exercer une vraie spécialisation.

Les raisons invoquées sont liées à leur formation (résidanat de plusieurs années, tutorat, examen, etc.) et aux critères de séparation entre généralistes et spécialistes, valables dans le monde anglo-saxon, et dont la conséquence est une limitation de certains actes aux seuls spécialistes et une augmentation des honoraires pour les actes spécialisés. Les deux systèmes sont séparés et les spécialistes participent rarement à la formation des généralistes. Faut-il pour autant dévaloriser les autres systèmes, notamment ceux qui donnent la possibilité aux généralistes d’accroître leur niveau de compétence ? Le mode de recrutement des spécialistes à l’américaine ou à l’anglaise fait-il de meilleurs spécialistes ?

Je voudrais rappeler quelques faits. En premier lieu, si la diffusion de la science se fait en anglais, la science n’est pas anglaise. Le fait de passer un examen en anglais est-il garant d’une meilleure qualité des services ? Par ailleurs, tandis que les futurs diplomates se formaient à l’étranger, ceux qui sont restés en France se sont formés en suivant des enseignements universitaires diplômants, au contact de praticiens ou de chirurgiens hautement qualifiés, qui comportent des examens sélectifs, tout en continuant d’exercer leur activité professionnelle. Tous n’ont pas choisi la voie de la spécialité, mais la qualité de leurs formations a grandement contribué à élever le niveau de base des généralistes. Ce n’est pas le cas dans le monde anglo-saxon où chacun reste à sa place. Ils ont également acquis un plateau technique pour valoriser leur formation théorique, développer un système de référés et, bien souvent, ils ont fait partager leurs connaissances et leurs expériences à des… futurs diplomates.

En dernier lieu, tous les collèges ne se valent pas. La plupart des collèges américains ne reconnaissent pas l’homologie avec leurs équivalents européens. Au sein même de l’Europe, tous ne sont pas accrédités par le board européen, car les conditions d’admission et les programmes de résidanat sont loin d’être homogènes. Il en est de même pour le maintien du titre de diplomate. En théorie, il doit être “revalidé” périodiquement. Pour les membres de certains collèges, cela consiste à passer de nouveau un examen tous les quatre à cinq ans. Pour d’autres, il suffit de signer la feuille de présence de l’assemblée générale annuelle. Compte tenu de ces disparités, il est difficile de considérer que tous les diplomates se valent.

On peut donc comprendre que beaucoup de diplomates s’expatrient vers les pays anglo-saxons dans lesquels et pour lesquels ils ont été formés. Ils y ont parfaitement leur place. Mais ils trouvent également leur place en France, car notre système, tant décrié, n’est pas très protectionniste. Il leur offre la possibilité d’obtenir l’équivalence d’un DESV. Je ne suis pas certain que la réciprocité soit vraie.

  • (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1367 du 3/7/2009 en page 9.

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