Un vaccin anti-GnRH offre une alternative à la castration - La Semaine Vétérinaire n° 1368 du 10/07/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1368 du 10/07/2009

Porcine. Pour des raisons éthiques, sanitaires, économiques, voire réglementaires

Actualité

Auteur(s) : Eric Vandaële

Pour éviter la castration sanglante de cent millions de porcelets par an, Pfizer propose un vaccin qui supprime la fonction testiculaire des verrats juste avant l'abattage.

L'odeur de verrat, vous connaissez ? Heureusement non. Car en France, tous les porcelets mâles sont castrés dès les premiers jours de vie. Pourquoi ? Parce que l'odeur de verrat peut imprégner la viande des porcs non castrés. Et, pour les trois quarts des consommateurs, cette odeur est perçue comme désagréable, alors qu'une minorité ne la sent pas.

Cent millions de porcs sont ainsi castrés chaque année en Europe, souvent sans anesthésie ni analgésie, avec un risque d'infection postopératoire. Cette castration “sanglante” est donc controversée, voire remise en cause pour des raisons de bien-être animal. Mais les solutions de remplacement manquent... Aujourd'hui, un vaccin anti-GnRF (ou anti-GnRH), Improvac® (Pfizer), est proposé comme une alternative à la castration des porcelets. Ce vaccin est autorisé depuis le 11 mai 2009 en Europe. Il a été lancé en Suisse l'an dernier, et depuis 1998 en Australie, ainsi que dans d'autres pays.

L'odeur de verrat qui apparaît à la cuisson de la viande est due à deux composés : l'androsténone (au-dessus de 1 µg/g), un androgène synthétisé par les testicules avec la testostérone, et le scatole (au-dessus de 0,2 µg/g), une substance produite par les intestins. Environ un tiers des verrats mâles présentent des teneurs supérieures à ces seuils en androsténone (27 %) et/ou en scatole (11 %). La castration sanglante comme la vaccination anti-GnRH sont efficaces pour éviter que ces substances dépassent les seuils dans 99 % des cas.

Un protocole en deux injections, à huit semaines et avant l'abattage

Le vaccin est composé d'un analogue de GnRF ou GnRH (gonadolibérine) conjugué à une protéine de transport immunogène avec un adjuvant aqueux, le DEAE-dextran. La vaccination provoque la production d'anticorps anti-GnRH. En l'absence de GnRH active (non neutralisée par les anticorps anti-GnRH), les gonadotrophines hypophysaires LH et FSH ne sont plus sécrétées pour stimuler la production des hormones sexuelles, notamment les androgènes chez les mâles, dont l'androsténone. L'effet sur la réduction du taux de scatole est indirect (par une action sur le métabolisme hépatique). La suppression de la fonction testiculaire est toutefois temporaire et nécessite deux injections sous-cutanées de 2 ml à au moins quatre semaines d'intervalle. La première est réalisée chez des porcs pubères, soit en pratique dès l'entrée à l'engraissement (après huit semaines d'âge). Cette première injection n'est pas suffisante pour obtenir un effet sur la fonction testiculaire. Une seconde doit être effectuée quatre à six semaines avant l'abattage. L'effet sur la fonction testiculaire apparaît après une semaine, mais il est nécessaire d'attendre au moins trois semaines pour que l'androsténone et le scatole soient éliminés. Cette suppression n'est que temporaire. Au-delà de dix semaines, les taux d'androsténone et de scatole peuvent remonter significativement (voir graphique).

Les bénéfices portent aussi sur la croissance et la qualité des carcasses

Quels sont les avantages de la vaccination anti-GnRH ? De nombreux essais ont été réalisés en Europe, dont six en France, pour évaluer ses effets par rapport à la castration sanglante. L'Agence européenne du médicament, qui a approuvé ce vaccin, voit dans la suppression de cette pratique un bénéfice pour l'animal comme pour l'éleveur. En effet, la castration sanglante est douloureuse, souvent réalisée sans anesthésie ni analgésie, dans des conditions sanitaires non chirurgicales. Les infections postopératoires peuvent conduire à consommer davantage d'antibiotiques, voire à de la mortalité (1 %). L'acte est également pénible et répétitif pour les éleveurs, avec un risque inhérent de blessures par les lames de bistouri. La vaccination ne présente évidemment pas ces inconvénients et elle est efficace aussi chez les animaux cryptorchides (soit 0,5 % des porcs).

Pour les éleveurs, les bénéfices sont aussi économiques. En effet, les porcs entiers présentent une croissance et des performances légèrement supérieures à leurs congénères castrés. L'indice de conversion est amélioré (de 9 à 10 %), ainsi que le gain moyen quotidien, ce qui a permis de raccourcir d'une semaine la période d'engraissement dans un essai réalisé en France. La qualité des carcasses est meilleure, avec notamment une diminution de l'épaisseur de gras, ce qui peut conduire à des prix de vente un peu plus élevés.

En outre, les Européens sont sensibles au bien-être animal et perçoivent de plus en plus négativement la castration sans anesthésie. La réglementation européenne exige déjà une anesthésie et une analgésie réalisées par le vétérinaire si les porcelets à castrer sont âgés de plus de sept jours.

Une formation nécessaire pour éviter le risque d'auto-injection accidentelle

Il existe toutefois un frein à cette vaccination : il convient en effet de vacciner correctement et à deux reprises la totalité des porcs charcutiers mâles à un âge où ils ne sont habituellement ni vaccinés ni manipulés. Car un porc non vacciné est un animal non castré au moment de l'abattage, avec un risque d'odeur de verrat par la suite. Les éleveurs peuvent aussi appréhender cette vaccination inhabituelle chez des animaux aussi âgés.

D'autant que le principal danger du vaccin est celui de l'injection auto-accidentelle, qui peut entraîner un risque de castration immunologique des hommes et des femmes. Pour éviter un tel accident, la notice du vaccin prévoit un pistolet à « double sécurité » (voir photo). L'aiguille est constamment protégée par un capuchon qui ne s'ouvre que lorsqu'il est appliqué sur le porc avec une pression des doigts sur la détente pour demander l'injection. En outre, Pfizer met en place des sessions d'une journée de formation pour les futurs utilisateurs, à suivre avant les premières mises en place.

Quant aux contrôles de qualité des carcasses à l'abattoir, ils devront être revus pour éviter que les porcs vaccinés soient considérés comme des verrats entiers, même si leurs testicules seront fortement diminués.

Les vaccins Improvac®, fabriqués en Belgique à Louvain-la-Neuve, sont référencés en centrales par boîte de douze flacons en plastique de 20 ml (dix doses), de dix flacons de 100 ml (50 doses), ou de quatre flacons de 250 ml (125 doses) à un tarif pour le vétérinaire légèrement inférieur à 3 € HT les deux injections.

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