Les membres des collèges européens trouvent-ils leur place en France ? - La Semaine Vétérinaire n° 1367 du 03/07/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1367 du 03/07/2009

Entre nous

FORUM

Proposer une vraie spécialisation

Aymeric Deneuche, diplômé de l’ECVS, praticien à Marcq-en-Baroeul (Nord).

Les propriétaires sont de plus en plus demandeurs d’actes spécialisés. Leur limite n’est pas liée à l’aspect financier, encore trop craint par certains référents, mais à la possibilité d’offrir le meilleur pronostic. Ainsi, il est fondamental de disposer d’un plateau technique de pointe, et surtout de compétences unanimement reconnues. Les pays anglo-saxons ont su s’adapter à ce besoin plus rapidement, avec une reconnaissance juste des collèges européens depuis les années 80. Seuls les membres de ces collèges sont spécialistes. Ils ont consacré en moyenne cinq années pleines de formation complémentaire à l’apprentissage de leur spécialité (internat puis résidence). Ces formations ne souffrent d’aucune comparaison avec celles proposées en France, sous la forme des certificats (CES) par exemple. Seuls les diplômes d’études spécialisées vétérinaires (DESV) sont équivalents, leur cursus est d’ailleurs parfois commun. J’ai ainsi validé le board de l’European College of Veterinary Surgeons (ECVS) en 2004 et le DESV de chirurgie en 2005.

L’information des propriétaires dans ce domaine s’accroît, et atteindra bientôt la hauteur de leurs exigences. C’est notamment le cas dans les pays anglo-saxons. Afin d’optimiser le service rendu aux confrères, les centres de référés actuellement implantés en France se doivent d’afficher une véritable spécialisation qui, à ce jour, passe exclusivement par les collèges européens ou les DESV.

Marginaux et marginalisés en France, reconnus ailleurs

Franck Ollivier, diplômé de l'ACVO et de l'ECVO, praticien à Paris.

De plus en plus de vétérinaires français sont diplômés de collèges européens. Malheureusement, il leur est encore difficile de trouver en France une structure où ils peuvent pratiquer exclusivement leur “spécialité”, ce qui pousse la plupart à travailler à l’étranger. Pour les diplomates, il est particulièrement difficile d’exercer dans l’Hexagone, en raison des différences qui existent entre les niveaux de formation (de quelques semaines pour un CES jusqu’à trois ans pour un résidanat), de reconnaissance des examens (nationale, européenne ou américaine) et surtout d’activité (exclusive ou pas). Cette situation prête à confusion pour les vétérinaires généralistes et la clientèle. Une reconnaissance des collèges en tant que spécialité permettra de clarifier la situation.

Les pays anglo-saxons reconnaissent les collèges européens et nord-américains comme la référence en termes de spécialité, et l’effort se porte sur les formations dans ce cadre. Ainsi, le Royal College of Veterinary Surgeons a cessé la formation en ophtalmologie qui délivrait un diplôme national. Le système de référé et les relations entre le vétérinaire généraliste et le diplômé d’un collège, dont l’exercice est exclusif, sont donc mieux établis dans ces pays. Chacun a trouvé sa place, reconnaît et respecte le travail de l’autre.

A partir du moment où le généraliste connaît le travail du spécialiste et sensibilise sa clientèle à ce type de service, celle-ci est demandeuse de cette activité de référé. Si le coût reste raisonnable, elle est prête à accepter les actes spécialisés, sachant qu’ils ont de grandes chances d’aboutir à un diagnostic et à un pronostic précis, à un traitement adapté et à une guérison. Cette clientèle sera reconnaissante à son vétérinaire de lui avoir proposé ce service spécialisé.

Beaucoup de diplomates s’expatrient

Kirsten Gnirs, diplômée de l’ECVN, praticienne à Paris.

Les cliniques françaises susceptibles d’accueillir des diplômés des collèges sont aujourd’hui trop peu nombreuses. Pour valoriser au mieux les diplômes de spécialiste, il faudrait multiplier les structures réunissant plusieurs titulaires exerçant exclusivement dans leur domaine, dans le cadre du référé. En matière de neurologie, ma spécialité, la pratique en clientèle privée est difficile à mettre en place. C’est pourquoi nous sommes si peu à nous y atteler. La pratique du référé est beaucoup plus avancée dans les pays anglo-saxons, où des ententes entre généralistes et spécialistes permettent le développement de la spécialisation au sein de structures entièrement dévolues au référé. L’absence de reconnaissance du statut de spécialiste par les divers organismes français est également perturbant, tant pour les praticiens généralistes que pour les clients, qui font un amalgame entre l’exercice exclusif dans un domaine et la spécialisation validée par un diplôme. La conséquence est la fuite des diplomates à l’étranger.

La plupart des clients sont prêts à “suivre” dès lors qu’un diagnostic et un pronostic sont établis, d’autant que le praticien généraliste les a préparés à la notion de vétérinaire spécialiste. Ces propriétaires regrettent même souvent de ne pas avoir été aiguillés plus tôt vers un spécialiste, notamment lors de maladies chroniques.

La reconnaissance des collèges, en attribuant le statut de « spécialiste », permettrait d’éviter la confusion entre les vétérinaires qui exercent exclusivement dans un domaine et ceux qui ont validé leurs connaissances par le diplôme des collèges, acquis après trois ans de résidanat et un examen reconnu en Europe et outre-Atlantique. Cela permettrait également de valoriser nos actes, notamment en termes financiers.

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