Le vétérinaire joue un rôle clé dans la chaîne qui mène du recueil de l’animal à son relâcher - La Semaine Vétérinaire n° 1367 du 03/07/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1367 du 03/07/2009

Gestion d’un oiseau sauvage blessé

Formation continue

FAUNE SAUVAGE ET NAC

Auteur(s) : François Jacquet

Chaque centre de sauvegarde a l’obligation d’être rattaché à une structure vétérinaire.

Dans le cadre de leur pratique quotidienne, les vétérinaires sont confrontés à une sollicitation toujours plus forte en matière d’accueil et de soins aux animaux sauvages (des oiseaux dans plus de 80 % des cas), a expliqué Jean-Marie Péricard lors du dernier congrès de l’Afvac.

Différents acteurs interviennent dans le circuit de prise en charge d’un animal sauvage : le découvreur, le transporteur, le vétérinaire, le centre de sauvegarde et le relâcheur. Tous ont plusieurs buts communs :

– diagnostiquer la cause de la détresse de l’animal (épidémiosurveillance), or les vétérinaires se trouvent actuellement exclus du réseau Sagir (surveillance sanitaire nationale de la faune sauvage) ;

– atténuer la souffrance (protection animale) ;

– relâcher l’animal, dans des conditions compatibles avec sa survie (protection de la nature) ;

– informer le grand public (éducation) ;

– recueillir différentes données scientifiques.

Le vétérinaire effectue l’examen clinique initial et les premiers soins

Le praticien est donc au cœur du système. Chaque centre de sauvegarde a l’obligation d’être rattaché à une structure vétérinaire. Le praticien est chargé de la réalisation de l’examen clinique initial, des examens complémentaires, des premiers soins et de l’éventuelle hospitalisation. La diagnose d’espèce est un élément primordial. Il peut être intéressant de faire appel à un ornithologue en cas de doute. Une décision d’euthanasie peut intervenir à chaque étape. Les critères de tri des animaux sont :

– le pronostic de la survie après l’établissement du diagnostic ;

– le pronostic de la vie en nature : le but final étant de relâcher l’animal, toute lésion incompatible avec la vie à l’état sauvage doit entraîner une décision d’euthanasie ;

– l’imprégnation aux hommes : les animaux imprégnés ou dont l’imprégnation ne peut être évitée doivent être euthanasiés, car ils risquent de poser des problèmes d’agressivité ou de quémandage, néfastes pour l’espèce ;

– l’espèce : les impératifs liés à l’accueil d’une espèce donnée doivent être compatibles avec les moyens dont dispose la structure. La rareté de certaines espèces confère un intérêt plus particulier à leur sauvegarde. Ce critère est néanmoins discutable, car une espèce courante aujourd’hui peut être menacée demain. Pour celles qui bénéficient d’un programme scientifique, il est nécessaire de s’y intégrer le plus rapidement possible. La réglementation interdit le relâcher des espèces classées nuisibles. Cette disposition aurait entraîné l’euthanasie de tous les rapaces il y a quarante ans.

L’euthanasie est le devenir de la majorité des animaux recueillis

Certains animaux recueillis peuvent faire l’objet d’un relâcher rapidement si l’examen clinique ne révèle pas de lésion particulière. Cependant, la majorité des animaux sont voués à l’euthanasie, car les lésions irréversibles qui empêchent la survie à court terme ou en milieu naturel sont fréquentes (voir encadré). Cet acte est alors une obligation, à la fois éthique et réglementaire. Il est inconcevable d’amputer l’aile d’un oiseau atteint d’une fracture ouverte de l’humérus ou qu’un particulier le garde à son domicile.

L’autopsie de tout animal sauvage est intéressante dans l’optique de faire progresser les connaissances scientifiques ou en matière d’épidémiosurveillance.

Si l’animal est jugé apte à rejoindre plus tard le milieu naturel, il est transféré, après les premiers soins dans la structure vétérinaire, vers un centre de sauvegarde. Il s’agit d’un établissement agréé, dont le personnel est capacitaire, détenteur d’une autorisation préfectorale. Il est généralement financé par les associations, peu par les pouvoirs publics. Après sa réhabilitation, l’animal est relâché dans le milieu naturel. Les espèces en danger peuvent s’inscrire dans un programme de reproduction ou de réintroduction. Certaines options sont inenvisageables, comme la captivité chez un particulier ou, sauf exception, le transfert dans un parc zoologique. L’impact direct du relâcher d’un animal sauvage sur la dynamique des populations est généralement nul. Il est donc important d’insister sur les autres rôles des acteurs en faune sauvage, dont le vétérinaire, comme l’épidémiosurveillance ou l’éducation de la population.

  • Voir aussi La Semaine Vétérinaire n° 1355-1356 des 10 et 17/4/2009, pp. 46-47.

CONFÉRENCIER

Jean-Marie Péricard, praticien à Sigean (Aude).

Article rédigé d’après la conférence « Le devenir de l’oiseau blessé », présentée lors du congrès de l’Afvac 2008.

Modalités d’euthanasie

• Mammifères : un mélange de T61® ; et de Doléthal® ; peut être administré par voie intraveineuse, ou par voie intracardiaque après une anesthésie générale. La balle ou l’exsanguination ne doivent être utilisées qu’en dernier recours.

• Oiseaux : les modalités sont identiques. Le T61® peut aussi être injecté par voie intramusculaire dans les pectoraux. L’exsanguination est envisageable.

• Reptiles : le mélange peut être injecté par voie intraveineuse, intracardiaque ou intrapéritonéale chez les tortues.

F. J.
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