Le peloton cynophile du SDIS 63 est un pionnier en France - La Semaine Vétérinaire n° 1367 du 03/07/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1367 du 03/07/2009

Les chiens du Service d’incendie et de secours du Puy-de-Dôme

Éclairage

UNE JOURNÉE AVEC…

Auteur(s) : Serge Trouillet

Depuis sa création, il y a plus de vingt ans, le vétérinaire lieutenant-colonel Pascal Tellier assure l’accompagnement technique de l’unité cynophile des sapeurs-pompiers du Puy-de-Dôme.

Les premières formations cynophiles ont été créées en France dans les années 80. Le Puy-de-Dôme, en la matière, est un pionnier. Pascal Tellier (A 76) se souvient : « A l’époque, le directeur du service départemental d’incendie et de secours était novateur. Il voulait créer un peloton cynotechnique et un service vétérinaire de sapeurs-pompiers. Il était mon voisin et je soignais son chien. C’est ainsi qu’il m’a demandé de prendre en charge l’accompagnement technique du premier, qui comprend aujourd’hui neuf équipes opérationnelles (maître et chien), et l’encadrement du second, fort de huit vétérinaires répartis sur l’ensemble du département. Nous étions alors en 1987. Nommé vétérinaire chef, j’ai été associé à toute l’évolution de ce type de formation. Cela nous a permis de contribuer à l’élaboration du référentiel national, ce qu’on appelle le guide de formation pour la cynotechnie. »

Les fonctions du lieutenant-colonel Pascal Tellier sont de plusieurs natures. Dans le cadre des formations initiales d’application, il présente aux sapeurs-pompiers le service vétérinaire et les missions qui lui reviennent, ainsi qu’à ses confrères, lors des interventions. Le Conseil départemental de la protection animale sollicite ses conseils. Il forme aux soins infirmiers vétérinaires les maîtres-chiens. En cas de besoin, il assure également les soins des chiens, « de la “bobologie” pour l’essentiel : des coupures, des petites blessures, des yeux rouges après un passage en milieu toxique ». Il lui arrive aussi de se rendre sur le terrain : « Il peut s’agir d’un camion renversé avec des bovins à extraire et à examiner, voire à euthanasier, d’un cheval tombé dans un ravin, d’un chien blessé sur la route, etc. Cela peut être aussi pour de la télécapture. Je me souviens avoir été appelé par un zoo pour un gorille qui s’était échappé. C’était Fort-Chabrol ! Il a fini par être confiné dans un camion où j’ai pu l’anesthésier à distance, ce qui a permis de le ramener dans sa cage. » Les chiens du peloton cynotechnique du Service départemental d’incendie et de secours du Puy-de-Dôme (SDIS 63) sont presque tous des bergers malinois. « Il y a quinze ou vingt ans, c’étaient des bergers allemands ou des labradors. Aujourd’hui, le berger malinois a pris le dessus comme chien d’utilité. C’est un animal endurant, agile, courageux, au fort caractère. Mais il est particulièrement nerveux et doit travailler, sinon c’est un fauve en cage », explique Pascal Tellier. Ce chien a en effet besoin d’un entraînement quasi quotidien : individuellement, avec son maître (course, lancement de balles, cheminement en terrains difficiles, etc.) et collectivement, une fois par semaine, pour de la recherche de personnes ensevelies ou égarées.

Des simulations d’environnements réels

C’est le cas aujourd’hui, sous la responsabilité du conseiller technique du peloton, l’adjudant-chef Gérard Coudert : « L’un de nos maîtres-chiens, qui n’a pu entraîner son compagnon depuis un mois, fait son engagement opérationnel. Nous vérifions ainsi que l’équipe cynophile est toujours au niveau requis. » Pour le premier test, la recherche de personnes ensevelies, une carrière de gravats est choisie. Leur concassement fait évoluer le terrain en permanence, ce qui prive le chien de repères. Pour simuler un environnement réel, de la nourriture est cachée : il s’agit d’accoutumer l’animal à distinguer l’odeur humaine de toutes les odeurs parasites comme la nourriture, les produits détergents, la présence d’une chienne, etc. Du bruit est ajouté, avec une tronçonneuse, pour familiariser le malinois au vacarme des engins de déblaiement. Après s’être informé des conditions de l’accident, le maître-chien fait travailler son animal en l’engageant face au vent. Le manque d’entraînement ne l’a pas diminué techniquement : fouet, oreilles, coup de nez, “quinement”, il marque dans les délais les endroits où sont cachées des “victimes”. Mais physiquement, il a besoin de reprendre l’entraînement. La chaleur, certes, ne l’aide pas. Après moins de dix minutes de travail intense, son maître doit lui octroyer une pause avant de repartir. Au final, l’exercice est concluant.

Les autres chiens présents sont sollicités à leur tour pour un entraînement de recherche de personnes, avec une progression de la difficulté. « Nous leur faisons faire de la recherche à vue, avec motivation, la personne à trouver ayant elle-même appelé le chien avant de se cacher. Nous pouvons ensuite leur faire faire de la recherche avec non-vue, mais avec une fausse motivation : c’est une autre personne qui alerte le chien pour lui indiquer la zone de recherche de la “victime”. Puis la dernière étape est la recherche avec non-vue et sans motivation : c’est le cas opérationnel. Le chien a toujours droit à sa récompense quand il a réussi, sous la forme d’un boudin à mordre ; cela doit rester pour lui un jeu », détaille Gérard Coudert.

La recherche d’une personne égarée est le deuxième test d’engagement opérationnel. A la différence des chiens de piste des gendarmes, ceux des sapeurs-pompiers sont des chiens de quête. Ils ne disposent pas d’éléments matériels pour s’engager sur une piste. Leur gibier, c’est l’odeur humaine. Avec l’aide de leur maître, qui circonscrit la zone de recherche, ils doivent la détecter comme un point chaud, au sommet d’un cône d’odeur issu d’une personne. Vlam, le chien testé du jour, y parvient haut la main. « Sa marque, précise Gérard Coudert, signifie que la personne trouvée est bien vivante. Il est joyeux, sa queue fouette davantage, il se fixe bien. Dans le cas contraire, son comportement aurait été tout autre : oreilles rabattues, mouvement de retrait ou queue entre les pattes. Cette attitude n’est jamais un bon signe. »

Sur tous les terrains, par tous les temps

Les entraînements amènent également les chiens dans des usines abandonnées ou d’anciennes caves à fromages. « Ces bâtiments abritent souvent des coins sombres, humides, en hauteur. Des courants d’air y perturbent le chien et l’obligent à se servir de son nez pour remonter jusqu’au point chaud. Les jeunes se font souvent avoir. » Ils sont aussi amenés à évoluer la nuit, dans le froid, la neige, pour être opérationnels lors d’avalanches dans le massif du Sancy, par exemple. Ces conditions peuvent être réunies lorsque, chaque fin d’année, l’ensemble de l’unité procède au contrôle opérationnel, durant deux jours, pour l’inscription sur la liste d’aptitude opérationnelle départementale. Depuis plus de vingt ans maintenant, Pascal Tellier participe à ces contrôles. Une longévité que le préfet de la région Auvergne et du Puy-de-Dôme vient de récompenser lors de la 13e Journée nationale des sapeurs-pompiers, le 13 juin. En uniforme de circonstance !

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