« Aucun modèle n’a réussi à détruire les autres »

La Semaine Vétérinaire : Certains modes de fonctionnement “à l’anglaise” sont-ils susceptibles d’arriver en France ?

Thierry Habran : Si rien n’est encore décidé au niveau des instances nationales, il est vraisemblable que certains “modèles” apparaîtront dans notre pays, notamment les regroupements de cliniques. Ils reposeront probablement sur le concept des réseaux de compétences, ou sur celui d’une structure centrale avec des “satellites” qui mettront leur plateau technique en commun (chirurgie, imagerie). La gestion de l’ensemble des cliniques pourrait alors être centralisée.

Dans un second temps (mais après combien d’années ?), un partenariat avec des gestionnaires pourrait apparaître (sur le modèle des joint ventures comme Vets4Pets ou des franchises). Les vétérinaires se consacreraient exclusivement à leur activité médicale, tout en bénéficiant des connaissances managériales et gestionnaires venues d’autres horizons.

Le rachat des structures par des investisseurs, s’il existe un jour, n’interviendrait sans doute que bien plus tard. Il est cependant difficile de prédire dans quelles proportions et quels délais ces différents systèmes apparaîtront.

S. V. : Les cliniques telles que nous les connaissons aujourd’hui en France sont-elles en voie d’extinction ?

T. H. : Même dans les pays où les chaînes sont déjà bien implantées, aucun modèle n’a réussi à détruire les autres. En Angleterre, 90 % des structures sont toujours indépendantes. Il ne faut donc pas voir les nouveaux systèmes comme une menace. L’intervention de véritables gestionnaires ne peut d’ailleurs qu’être salutaire pour notre profession. Cela a agi comme un coup d’accélérateur pour les métiers qui ont “sauté le pas” (opticiens, pharmaciens, etc.).

S. V. : Faut-il craindre l’apparition de cliniques low cost ?

T. H. : N’existent-elles pas déjà ? Nous connaissons tous des structures qui “cassent” les prix… Ce n’est pas pour cela que les cliniques environnantes perdent des clients. Ces derniers sont avant tout à la recherche d’un service de qualité, standardisé. Or proposer du low cost implique des locaux, du matériel, du personnel et un service restreints, ce qui ne correspond pas forcément à la demande de la clientèle. Ce modèle s’est relativement peu développé en Angleterre au regard d’autres types de “chaînes”. Il convient d’ailleurs de ne pas assimiler chaînes et low cost. Les premières n’impliquent pas systématiquement le second.