L’examen orthopédique fait appel à l’imagerie selon le niveau du cheval - La Semaine Vétérinaire n° 1366 du 26/06/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1366 du 26/06/2009

Visite d’achat

Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Sophie Paul-Jeanjean

Il est demandé au vétérinaire d’identifier tous les vices apparents, de rechercher toutes les anomalies susceptibles d’empêcher le cheval de concrétiser ses aptitudes sportives.

La visite d’achat est en acte difficile. Cet examen doit être rigoureux et mené de façon systématique. Il nécessite une certaine expérience de l’orthopédie et la connaissance de la discipline du cheval présenté, afin de diagnostiquer les affections subcliniques et de détecter tout problème potentiel. En effet, chaque discipline équestre présente son lot de “maladies professionnelles” qu’il convient de connaître pour savoir les détecter, comme l’enthésopathie de l’insertion proximale du suspenseur chez un cheval de saut d’obstacles (CSO). « L’un de nos rôles est d’évaluer la qualité substantielle du cheval, c’est-à-dire l’adéquation entre ses qualités, ses aptitudes et l’usage escompté par l’acheteur. Par exemple, un cheval qui a le dos raide convient pour un usage de loisirs et de promenades, un cheval de CSO doit présenter une locomotion satisfaisante, pas forcément symétrique, avec une bonne propulsion. L’un des objectifs de la visite d’achat est de rechercher des anomalies qui peuvent empêcher le cheval de concrétiser ses aptitudes sportives », souligne notre confrère Jean-Marie Denoix, en préambule d’une journée de formation au Cirale(1).

« Le vétérinaire propose, conseille et éclaire l’acheteur »

La visite d’achat, qui débute par l’examen médical du cheval(2), se poursuit par l’examen orthopédique.

Diverses situations peuvent se présenter, selon la discipline du cheval et le niveau de compétence de l’acheteur. Le prix du cheval augmente la pression psychologique pour le vétérinaire, mais n’est pas réellement un facteur de risque, en matière de responsabilité civile professionnelle.

Il est important de discuter préalablement avec l’acheteur, pour connaître les objectifs d’utilisation du cheval et discerner le niveau de professionnalisme des protagonistes. Il est nécessaire d’expliquer le déroulement de la visite d’achat avant de commencer : l’examen clinique, l’imagerie médicale, les limites de l’évaluation. « Le vétérinaire propose, conseille et éclaire. »

Les examens physique et fonctionnel sont fondamentaux

Lors de la visite d’achat se pose le problème des vices rédhibitoires et des vices cachés. En matière d’orthopédie, les vices rédhibitoires locomoteurs inscrits dans l’article 285 du Code rural concernent les boiteries anciennes intermittentes et l’immobilité, ce qui est désuet et non adapté aux situations actuelles. Quant aux vices cachés, seul le vendeur est responsable, il n’est pas exigé du vétérinaire de les dépister dans leur intégralité. Cependant, il lui est demandé d’identifier tous les vices apparents (défauts d’aplomb majeurs, suros, déformations tendineuses, molettes et vessigons, amyotrophies localisées, etc.), de les porter à la connaissance de l’acheteur et de les consigner dans le rapport. L’examen physique est donc fondamental, le praticien devra donner son avis éclairé sur la signification et le pronostic des tares et des vices découverts. Par ailleurs, il est demandé au vétérinaire de se prononcer sur la qualité substantielle du cheval, c’est-à-dire sur son aptitude au service escompté, d’où l’importance de l’examen fonctionnel. Il doit alors se poser la question : « Est-ce que, dans mon examen, un élément peut empêcher le cheval de pratiquer telle discipline à tel niveau ? » Mais « nous ne sommes pas aptes à juger du niveau de performance des chevaux », précise Jean-Marie Denoix. Dans cette démarche, le vétérinaire doit donc conseiller l’acheteur sur la nature des examens d’imagerie appropriés pour réduire le risque (et non garantir l’absence) de vices cachés susceptibles de nuire à l’utilisation du cheval. Il doit lui proposer les examens qu’il juge utiles et mentionner, sur le compte rendu final, ce qui a été proposé et ce que l’acheteur a souhaité effectuer.

Dans la phase finale, il est important de ne pas se substituer à l’acheteur, mais de porter à sa connaissance tous les éléments qui l’aideront à prendre sa décision.

L’appareil locomoteur est exploré au repos et en mouvement

Le cheval est présenté en filet. La visite commence classiquement par l’examen clinique du cheval au repos, sur ses quatre membres, ce qui permet parfois de révéler des attitudes de soulagement ou antalgiques, puis se poursuit par l’inspection des membres et du dos (couronne des quatre pieds, paturon, région des tendons, branches de suspenseur, bride carpienne, canal carpien, jarret, amyotrophies localisées). Toute cicatrice suspecte (névrectomie, desmotomie rotulienne) sera recherchée.

La palpation s’intéresse notamment à la face palmaire du paturon (tendon perforant, ligaments sésamoïdiens distaux), à l’insertion du suspenseur sur les quatre membres, au grasset (synoviale fémoro-tibiale médiale). Le pied sera exploré en dix points grâce à la pince exploratrice. Le dos sera palpé et mobilisé (flexiondorsale, thoraco-lombaire, sacrée, extension dorsale et lombo-sacrée, latéroflexion gauche et droite, mobilisation de l’encolure). L’examen se poursuit par les flexions passives des quatre membres et la recherche de toute anomalie de sensibilité ou d’amplitude.

L’examen dynamique commence par l’observation du cheval au pas, sur un huit de chiffre. La coordination des mouvements est vérifiée, notamment des postérieurs, ainsi que la trajectoire des antérieurs, la durée de la phase antérieure et de la phase postérieure pour chaque membre, le poser des pieds et enfin la descente des quatre boulets. Puis le cheval est examiné au pas et au trot en ligne droite, sur un terrain dur. L’exacerbation des perturbations fonctionnelles peut être obtenue par la réalisation de tests de mobilisation, immédiatement suivis d’un départ en ligne droite au trot sur un sol dur (tests dynamiques). Le cheval est ensuite examiné sur un cercle, sur un sol dur au pas et au trot, puis sur un sol souple aux trois allures, afin d’observer la décomposition du mouvement des postérieurs, l’incurvation et la mobilité du rachis. Le test du surfaix permet de solliciter le tonus musculaire dorsal et, en cas d’affaction du rachis dorsal, le cheval présente une contracture musculaire et une modification de sa locomotion. Ce test ne sera réalisé que si l’animal est débourré et monté régulièrement.

Le cheval de CSO sera également examiné monté si les conditions le permettent.

  • (1) Source : EPU sur la visite d’achat au Cirale, le 19/3/2009 : « L’examen orthopédique », conférence de Jean-Marie Denoix.

  • (2) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1359 du 9/5/2009 en page 40.

Examens d’imagerie appropriés

Le vétérinaire expose ce qui est réalisé pour un cheval de plus haut niveau que celui qui est présenté et envisage decrescendo ce qui semble approprié.

• Pour un cheval de CSO de haut niveau :

– radiographie : protocole de douze à quatorze clichés des membres + trois clichés du dos + un des cervicales ;

– échographie : pieds antérieurs, quatre suspenseurs, examen transrectal ;

– autres techniques : imagerie par résonance magnétique des pieds, scintigraphie.

• Pour un cheval de CSO de niveau intermédiaire (1,15 à 1,30 m) :

– ce qui est indiqué par l’examen clinique ;

– radiographie : protocole de douze clichés des membres + deux clichés du dos + un des cervicales ;

– échographie : pieds antérieurs, quatre suspenseurs.

• Pour un cheval de loisir ou de CSO de petit niveau (moins de 1,15 m) :

– ce qui est indiqué par l’examen clinique ;

– radiographies des pieds antérieurs (face et profil) et des jarrets ;

– échographie : pieds antérieurs.

S. P.-J.

Les éléments clefs de la visite d’achat

• Donner un avis sur la qualité substantielle du cheval (son aptitude à l’usage escompté).

• Posséder une expérience personnelle en orthopédie et dans la discipline du cheval.

• Connaître les anomalies propres à chaque discipline équestre pour pouvoir les diagnostiquer ou les écarter.

• Tout noter, faire un examen clinique et fonctionnel rigoureux, savoir quoi rechercher et comment.

• Interpréter les lésions : pour un signe donné, connaître les facteurs de tolérance, d’intolérance et la capacité de gestion.

S. P.-J.
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