Un taux annuel de 4 % de vaccination des chats errants suffirait à enrayer l’épidémie de leucose - La Semaine Vétérinaire n° 1365 du 19/06/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1365 du 19/06/2009

Virologie féline

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Laurent Figueres

Seulement 12 % des chats résistent naturellement à l’infection par le FeLV.

Depuis la découverte du virus de la leucose féline (FeLV) il y a quarante-cinq ans, les mesures prophylactiques ont permis d’en diminuer considérablement l’incidence. Cependant, elle doit toujours être considérée comme une infection majeure. A la suite d’une exposition au virus, certains chats deviennent virémiques persistants et 85 % meurent dans les trois ans et demi qui suivent l’infection. L’incidence de cette dernière a diminué jusqu’à trente fois dans certaines populations grâce à des mesures prophylactiques actives, notamment l’identification et l’isolement des chats porteurs, puis la vaccination. L’identification des porteurs a bénéficié de l’introduction de moyens diagnostiques simples qui permettent de déceler les chats virémiques de façon fiable. La vaccination est quant à elle devenue possible dans les années 80 et a substantiellement parachevé le déclin de la prévalence de l’infection.

Un chat introduit dans un foyer qui en abrite d’autres doit être préalablement testé

La maîtrise de la leucose au sein des groupes de chats est la clé pour réduire l’incidence du FeLV. En effet, le virus a évolué comme une infection de groupe, particulièrement en présence de femelles reproductrices, puisque sa survie dépend de sa transmission aux chatons lors de contacts répétés avec des chats porteurs. C’est pourquoi l’incidence est beaucoup plus importante dans des populations de chats qui vivent en collectivité dans une maison, avec un accès à l’extérieur, par rapport à une population de chats errants dérivée de chats vivant seuls chez eux. En milieu clos, avec plusieurs chats, l’infection s’autolimite. Le FeLV persiste à la faveur de l’introduction de nouveaux animaux dont le statut est inconnu. C’est pourquoi tout chat introduit au sein d’un foyer multipossesseur doit être préalablement testé. Dans les refuges, seuls les individus considérés à haut risque d’infection sont testés (femelles gestantes, chats errants et chats malades), en raison du coût des tests de dépistage, mais également de l’expérience qui montre que les chats FeLV positifs sont peu nombreux. Il convient donc d’encourager tout futur propriétaire à faire tester ses chats vis-à-vis du FeLV dès leur adoption.

L’isolement viral et l’immunofluorescence détectent les chats virémiques et excréteurs

Pour dépister le FeLV dans un foyer, tous les chats doivent être testés. Les positifs sont séparés des négatifs et les tests sont réitérés chez tous les animaux douze semaines plus tard. En effet, le cycle d’infection étant réalisé en six semaines, cette durée est multipliée par deux par principe de précaution.

Le test de dépistage doit être soigneusement choisi selon l’élément à mettre en évidence. Les tests rapides qui détectent l’antigène viral P27 et la polymerase chain reaction (PCR) révèlent les chats infectés, mais qui n’excrètent pas systématiquement le virus. En effet, et heureusement, la majorité des chats exposés au FeLV ne deviennent pas virémiques persistants. Ils développent une réponse immunitaire satisfaisante et demeurent en bonne santé. L’isolement viral ou les méthodes d’immunofluorescence permettent la détection des animaux virémiques, qui excrètent le virus.

Les vaccins doivent être utilisés pour protéger les chats sensibles. Une modélisation mathématique suggère que la vaccination d’une proportion relativement faible de chats errants avec des vaccins efficaces a un impact majeur sur l’incidence de l’infection (à faible risque, un taux de 4 % par an suffirait à l’enrayer). Malheureusement, certaines autorités ont classé le vaccin contre la leucose parmi les vaccins “mineurs”. Cette recommandation semble inadéquate : tous les chats sont à vacciner contre le FeLV, sauf s’ils ne sont jamais exposés au virus.

Même si le vaccin ne protège pas à 100 %, il est réellement efficace

Certaines idées reçues ont probablement contribué à ne pas pratiquer la vaccination contre le FeLV de façon courante. Ainsi, il a longtemps été dit que les vaccins n’étaient pas efficaces ou que les chats devenaient résistants au FeLV. En fait, ces vaccins ne protègent pas à 100 %, mais ils sont réellement efficaces. Dans un essai, plus de 80 % des chats vaccinés résistent à une épreuve virulente expérimentale rigoureuse par contact, ce qui suggère qu’une proportion plus importante serait protégée sur le terrain, où les conditions de contamination sont moins intenses. Dans le lot témoin, seulement 12 % des chats résistent naturellement. Par ailleurs, même s’il est vrai que les chats adultes sont moins sensibles au FeLV que les jeunes chatons, les adultes peuvent s’infecter après des contacts répétés avec des chats virémiques.

Pour tendre vers une éradication du FeLV, « les vétérinaires doivent persévérer avec vigueur dans le dépistage et l’isolement des chats infectés, éviter d’introduire des chats FeLV positifs au sein de foyers multipossesseurs et vacciner tous les chats qui sont ou seront en contact avec des chats suspects d’être porteurs du virus », conclut le conférencier.

CONFÉRENCIER

Oswald Jarrett, université de Glasgow (Ecosse), président du Cat Group.

Article rédigé d’après la conférence : « Leucose, les leçons d’une épidémie jugulée », présentée lors du congrès de médecine féline organisé par la section vétérinaire de la Société française de félinotechnie, le 18/10/2008.

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