Le passage transplacentaire du virus de la fièvre catarrhale ovine est estimé à 10 % - La Semaine Vétérinaire n° 1365 du 19/06/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1365 du 19/06/2009

Impact de la blue tongue sur le veau

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Lorenza Richard

L’issue pathologique pour le veau dépend du stade de gestation de la mère au moment de l’infection.

Au cours de l’épisode de fièvre catarrhale ovine en Belgique, en 2007 et 2008, les fœtus avortés ont été présentés au laboratoire de diagnostic dans le cadre d’une étude(1) sur le passage transplacentaire du virus et son impact sur le veau. Il est apparu que 40 % d’entre eux étaient viropositifs vis-à-vis de la maladie, mais l’analyse des données a permis d’estimer à 10 % le passage viral transplacentaire.

Pour Etienne Thiry, de l’université de Liège, « le virus pourrait passer le placenta via des monocytes infectés ou par l’infection de cellules du trophoblaste ». Il présente « une prédilection pour l’utérus gravide, richement vascularisé. Des lésions vasculaires viroinduites et des hématomes au niveau du placenta favorisent les contacts entre le sang maternel et fœtal ». En outre, il apparaît que « l’issue pathologique pour le veau dépend du stade de gestation au cours duquel la vache est infectée par le culicoïde ».

La virémie des veaux nés de mère séropositive et vironégative est transitoire

Notre confrère a analysé le statut des veaux, et comparé les résultats aux données classiques(2). Celles-ci indiquent notamment qu’une infection avant soixante-dix jours de gestation provoque la mort de l’embryon. Cette mortalité embryonnaire précoce pourrait expliquer l’allongement de l’intervalle entre le vêlage et la conception, et un âge plus élevé au premier vêlage qui sont parfois notés.

L’infection plus tardive est à l’origine de diverses anomalies congénitales, en rapport avec le tropisme nerveux du virus chez le fœtus. Ainsi, entre soixante-dix et cent trente jours, elle provoque une malformation du système nerveux central, avec une nécrose cérébrale, une hydranencéphalie, une destruction du cervelet, du tronc cérébral, etc. La vache avorte, les veaux meurent ou sont euthanasiés rapidement. Les moins atteints, appelés “veaux fous” ou dummy calf, ne survivent que quelques mois malgré des soins intensifs. Ils peuvent être séropositifs, mais aucun n’est viropositif.

L’étude de terrain menée en Belgique est discordante avec ces résultats car, lorsque la mère s’infecte au cours de la première moitié de la gestation (vache séropositive, mais vironégative), les veaux sont séronégatifs et viropositifs (voir tableau, cas 2). « Cela signifie qu’ils ont été infectés à une période où ils n’étaient pas capables de provoquer une réponse immunitaire mesurable à la naissance (réponse immature à IgM qui ne perdure pas), et assez tard dans la première moitié de gestation pour être viropositifs. » La virémie est transitoire et éliminée en quelques semaines à quelques mois, sans créer de veaux infectés permanents immunotolérants.

Vaccination et immunité de troupeau semblent conférer une bonne protection

Après cent trente jours, les veaux présentent des kystes cérébraux ou une dilatation des ventricules latéraux, mais les lésions sont moins graves. De même que dans le cas précédent, ils peuvent être séropositifs, jusqu’à cent soixante-quinze jours après la naissance, mais sont vironégatifs (cas 4, mais non vérifié dans le cas 3). « Les veaux sont séropositifs, car les fœtus, plus âgés, savent commuter les IgM en IgG décelables à la naissance. Les veaux viropositifs ont dû être infectés plus tard au cours de la gestation que les vironégatifs. »

Près du terme, la transmission placentaire n’est pas inéluctable (cas 5). Les veaux atteints présentent uniquement une encéphalite modérée, avec parfois des retards de croissance, ou sont en bonne santé, séropositifs et viropositifs (cas 6). Un œdème cornéen peut apparaître vingt-quatre à quarante-huit heures après la naissance. Dû à une kératoconjonctivite, il rétrocède souvent totalement, après plusieurs mois.

Pour le moment, l’efficacité des vaccins n’est pas démontrée pour prévenir ces lésions, car « ils n’ont pas encore été testés pour la protection placentaire et fœtale ». Toutefois, l’association de la vaccination et de l’immunité de troupeau semble conférer un haut niveau de protection. Aux confrères inquiets qui se demandent si la vaccination contre la fièvre catarrhale ovine peut être responsable d’avortement, Etienne Thiry répond : « Pas de façon directe avec les vaccins actuellement sur le marché contre les sérotypes 1 et 8, car ils sont de type inactivé adjuvé. En outre, au cours des rappels de vaccination, un phénomène d’hypersensibilité (anaphylaxie) peut se développer et sera à surveiller dans les années à venir. » La discordance entre les résultats de l’observation de terrain en Belgique et les études antérieures « doit stimuler les activités de recherche pour comprendre les mécanismes de transmission du virus ».

  • (1) K. de Clercq et coll. : « Transplacental infection and apparently immunotolerance induced by a wild-type bluetongue virus serotype 8 natural infection », Transbound. Emerg. Dis., 2008, vol. 55, n° 8, pp. 352-359.

  • (2) N.J. MacLachlan, A.J. Conley, P.C. Kennedy : « Bluetongue and equine viral arteritis viruses as models of virus-induced fetal injury and abortion », Anim. Reprod. Sci., 2000, vol. 60-61, pp. 643-651.

  • N.J. MacLachlan, B.I. Osburn : « Induced brain lesions in calves infected with bluetongue virus », Vet. Rec., 2008, vol. 162, n° 15, pp. 490-491.

CONFÉRENCIER

Etienne Thiry, professeur à la faculté de Liège (Belgique).

Article rédigé d’après la conférence « Les maladies virales transmissibles in utero chez les bovins » présentée aux journées nationales des GTV en mai dernier à Nantes.

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