Que retiendrez-vous du ministère de Michel Barnier ? - La Semaine Vétérinaire n° 1364 du 12/06/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1364 du 12/06/2009

Entre nous

FORUM

Des décisions difficilement applicables sur le terrain

Muriel Vanlaere-Thomas, praticienne au Mas d’Agennais (Lot-et-Garonne).

La médiatisation à outrance de certains problèmes, notamment celui des chiens dangereux, pousse les politiques à répondre à l’opinion publique par des décisions prises hâtivement, sans consulter tous les acteurs de la filière et sans une profonde réflexion sur le sujet. La loi sur les chiens dangereux ne me semble absolument pas aboutie. J’ai suivi une formation sur l’évaluation comportementale, mais de nombreux points restent encore flous. Plusieurs grilles d’évaluation sont définies, mais personne ne veut en conseiller une plutôt qu’une autre. Nous n’avons eu aucune information sur la façon de mettre en œuvre l’évaluation, ni sur son coût (toutes les gammes de prix existent). Cette loi souffre d’un manque de codification. Le ministre souhaite également mettre en place la visite sanitaire dans le secteur équin, où de nombreux animaux sont détenus par des particuliers. L’obligation d’examiner un cheval pour délivrer un vermifuge est-elle admissible et possible ? Peut-être est-ce faisable dans un élevage, mais pas à l’échelle des particuliers. Du coup, les propriétaires se fournissent chez les pharmaciens ou par Internet ! Le décret prescription-délivrance ne gêne que les vétérinaires, et arrange tous les autres. Nous continuons à vendre des vermifuges au comptoir, en sachant qu’en cas de problème, notre responsabilité sera mise en jeu.

L’obligation de vacciner contre la FCO est une bonne initiative

Florent Collignon, praticien à Saint-Palais (Pyrénées-Atlantiques).

Michel Barnier s’est retrouvé à la tête d’un ministère qui a dû faire face à une importante crise sanitaire, celle de la fièvre catarrhale ovine, et sa tâche n’a pas été facile. A mon sens, rendre la vaccination obligatoire a été une bonne initiative, mais la mise en application s’est révélée délicate. Nous avons dû travailler dans l’urgence, ce qui nous a beaucoup pesés durant la campagne précédente. L’organisation a été complexe, et dans une structure comme la nôtre, a exigé la présence d’un vétérinaire à temps plein. De plus, les relations avec les éleveurs ont été tendues, jusqu’à l’apparition des premiers cas de mortalité chez les ovins non vaccinés. Ils ont alors pris conscience de l’intérêt de la vaccination et de notre rôle sanitaire. Si elle n’avait pas été rendue obligatoire, peu d’éleveurs auraient vacciné leurs troupeaux.

Il est difficile de dire si le ministre aurait pu gérer la crise différemment. Des améliorations auraient pu être réalisées dans la délivrance des vaccins et leur répartition sur le territoire.

Les premiers départements qui ont pratiqué la vaccination étaient ceux du nord de la France, touchés par la maladie. N’aurait-il pas mieux valu réserver en priorité les doses vaccinales aux zones saines ? Et par la suite, alors que les centrales recevaient les vaccins dans les délais, la DGAL n’a pas donné son accord pour les délivrer. Dans notre département, nous avons eu la chance de les avoir avant l’arrivée de la maladie, et je pense que la vaccination obligatoire décidée par le ministre a permis de sauver notre élevage de la fièvre catarrhale.

Des mesures prises dans la précipitation, sans réelle réflexion

Béatrice Laffitte, praticienne à Soumoulou (Pyrénées–Atlantiques).

L’impression générale qui se dégage de la conduite politique actuelle est la mise en place des lois consécutives à des faits divers et la prise de décisions à chaud, dans l’urgence.

En ce qui concerne les chiens dangereux, le renforcement de la loi a été adopté sans réelle recherche de personnes compétentes.

Par exemple, aucun collège vétérinaire n’a été consulté, alors que son avis sur la question aurait été intéressant.

La profession a défendu son point de vue auprès de Michel Barnier et a été quelque peu écoutée, uniquement grâce à une forte manifestation.

Les mesures semblent adoptées après le dernier avis exprimé ou selon celui qui a parlé le plus fort. Les décisions sont prises dans la précipitation, sans s’interroger sur leur réalisation technique : comment faire en sorte que tous les maîtres de chiens de catégories 1 et 2 passent un certificat de capacité, comment mettre en place l’évaluation comportementale, etc. ?

Je constate aussi que les maires sont peu informés sur leur rôle, du moins dans les petites communes.

Lors d’une déclaration de morsure à la mairie, c’est à eux de demander l’évaluation comportementale du chien. Et c’est souvent à nous, vétérinaires, de leur indiquer la marche à suivre. Le seul point positif, même si la loi est focalisée sur les races de chiens et pas sur les comportements, est l’élargissement aux chiens “mordeurs”. Si nous parvenons à évaluer tous les chiens, nous constaterons que ceux qui sont “catégorisés” ne sont pas plus dangereux que les autres, car la plupart des morsures sont le fait du chien de la famille, toutes races confondues.

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