Pour mener l’enquête, l’épidémiologiste évalue la qualité du protocole, paramètre et modélise

Evaluer et réévaluer, tels sont les maîtres mots de la surveillance sanitaire en Europe. Ils étaient aussi un thème récurrent de la seconde journée des rencontres scientifiques de l’Association pour l’étude de l’épidémiologie des maladies animales (AEEMA) et de l’Association d’épidémiologie et de santé animale (AESA), durant lesquelles les chercheurs belges et français ont partagé leurs travaux, leurs résultats, mais aussi leurs interrogations. Comment réévaluer un échantillonnage tout en gardant un indice de confiance statistiquement satisfaisant ? Voici l’une des questions qui peuvent se poser quand une adaptation des protocoles de surveillance des maladies animales à déclaration obligatoire est envisagée. Dans ce but, les procédures d’enquête, la modélisation des maladies et le traitement statistique des données jouent un rôle primordial, quelles que soient l’espèce et l’affection considérées.

Les travaux présentés permettront d’améliorer les connaissances des maladies étudiées (fièvre catarrhale ovine, grippe aviaire, tuberculose, etc.), mais aussi de donner des informations et des indications fiables et précises, indispensables pour décider d’une politique sanitaire fondée sur le risque. Plusieurs sujets d’étude ont ainsi été exposés et discutés, tant dans le domaine de l’épidémiologie descriptive que dans celui de l’épidémiologie analytique.

La conchyliculture : un élevage où les symptômes sont discrets

Animaux terrestres ou non, les problématiques sont les mêmes, la méthodologie aussi. L’exposé du travail du Réseau de pathologie des mollusques (Repamo) a suscité un grand intérêt parmi des chercheurs plus habitués à réfléchir aux affections des animaux terrestres. L’organisation de la surveillance sanitaire des espèces aquatiques est similaire à celle des animaux de rente. La Direction générale de l’alimentation est sous contrat avec l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) et tous deux sont les maîtres d’œuvre du système de surveillance. Le Repamo s’intéresse spécifiquement à la pathologie : maladies à déclaration obligatoire, mortalités, suivi de l’état de santé des zones de production en élevage et des gisements naturels. Il travaille en relation étroite avec le laboratoire de génétique et de pathologie de l’Ifremer, à La Tremblade (Charente-Maritime).

D’autres réseaux, privés ou publics, existent, comme le Réseau mollusques des rendements aquacoles (Remora) qui fournit des données standardisées, relevées de manière systématique, sur la croissance ou la mortalité, pour des lots d’âge comparable, dans des sites connus. Les épisodes de mortalité de Crassostrea gigas, l’huître creuse dont la France est le premier producteur européen, sont ainsi suivis annuellement. La surmortalité observée en 2008 fait l’objet d’une enquête épidémiologique⁽¹⁾ et son caractère exceptionnel ressort par rapport aux années précédentes.

• (1) www.ifremer.fr/institut/institut/actualites/mortalites_d_huîtres