La photopériode est une hypothèse sérieuse pour expliquer l'infertilité d'été des truies - La Semaine Vétérinaire n° 1363 du 05/06/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1363 du 05/06/2009

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FILIÈRES

Auteur(s) : Nathalie Devos

La température ambiante n'affecterait la fertilité que lors d'étés exceptionnellement chauds.

L'infertilité estivale des truies est décrite dans de nombreuses régions du monde, de l'Australie à la Finlande. La France n'est pas épargnée. Tous les élevages ne sont pas touchés de la même façon et il semble exister des variations interannuelles de fertilité dont l'origine est parfois attribuée aux changements climatiques. L'infertilité estivale est un syndrome qui a fait l'objet de nombreuses publications, mais son origine reste, pour l'heure, discutée.

Une étude(1), présentée par notre confrère Vincent Auvigne lors du congrès de l'Association française de médecine vétérinaire porcine (AFMVP) en décembre dernier, a eu pour objectif de décrire et de quantifier l'infertilité d'été des truies en France, sur une période de cinq ans (2003 à 2007). Le but était également d'estimer la relation entre cette infertilité et les caractéristiques météorologiques.

L'étude porte sur 266 élevages répartis dans quatre zones géographiques

Au total, 266 élevages en bâtiments (soit 22 773 bandes, 610 117 truies) sont inclus dans l'étude, répartis dans quatre zones géographiques : le Finistère, “l'est Bretagne” (Ille-et-Vilaine et Mayenne), le “Nord-Pas-de-Calais” (Nord, Pas-de-Calais et Somme) et le “sud-Loire” (Loire-Atlantique, Maine-et-Loire, Deux-Sèvres, Vendée et Vienne).

Deux périodes de dix-huit semaines sont retenues dans l'étude : la période “été” (insémination artificielle des semaines 25 à 42, soit de mi-juin à mi-octobre) et la période “hiver” (insémination pendant les semaines 1 à 18, soit de janvier à avril).

Le nombre médian de truies inséminées par élevage et par an est de 389. Les diagnostics de gestation (évaluée par échographie) sont réalisés trois à quatre semaines après les saillies. Dans les quatre zones géographiques définies, une station météorologique est choisie et il est admis que les conditions climatiques y sont homogènes. Le nombre de jours chauds (température maximale supérieure ou égale à 25 °C) et de canicule (température maximale supérieure ou égale à 32 °C et température minimale supérieure ou égale à 18 °C) sont enregistrés toutes les semaines dans chaque zone. La variation saisonnière de fertilité, pour un élevage et une année donnés, est définie comme la différence de taux de fertilité entre les périodes “été” et “hiver”.

La variation saisonnière de fertilité est la même quelle que soit la zone

Les résultats de l'étude montrent que la fertilité moyenne annuelle des truies est de 85 %. L'allure générale de la courbe annuelle est identique dans les quatre régions et sur les cinq années, avec un optimum de fertilité en fin d'hiver et un minimum autour du mois d'août. Sur les cinq ans de l'étude, la fertilité médiane des élevages est de 86,4 % en hiver et de 83,5 % en été. Chaque année, en moyenne, la moitié des élevages affichent une variation saisonnière de fertilité de plus de 2,8 % et 25 % des élevages de plus de 7,2 %.

La variation saisonnière de fertilité ne diffère pas entre les zones (pas “d'effet zone”), malgré un nombre moyen de jours chauds égal à 13 dans le Finistère versus 60 dans la zone sud-Loire. Selon les auteurs, cette observation va plutôt dans le sens d'une faible importance de la chaleur. Cependant, le niveau de température à partir duquel les animaux (comme les hommes) souffrent de la chaleur varie probablement d'une région à l'autre, en raison d'une accoutumance physiologique. En outre, la variation saisonnière de fertilité est indépendante du niveau de fertilité des élevages. Ceux à fertilité qualifiée d'excellente ne sont pas épargnés par la baisse de fertilité d'été. Un quart d'entre eux accusent même une chute de plus de 5 %. Un effet “année” est par ailleurs démontré.

La baisse de fertilité est significativement plus élevée l'année de la canicule

Les cinq années de l'étude sont caractérisées par des températures estivales moyennes différentes. Mais dans les quatre zones, l'été 2003 apparaît comme le plus chaud et l'été 2007 le plus frais.

La seule année qui se distingue des autres en termes de variation saisonnière de fertilité est la plus chaude. A l'inverse, il n'est pas observé de plus faible variation saisonnière de fertilité en 2007. A l'exception de 2003, l'année de la canicule, aucune influence significative des conditions météorologiques sur l'infertilité d'été n'est mise en évidence pendant les quatre autres années.

Au niveau des différentes zones, l'effet année n'est vraiment significatif que dans le Finistère, qui compte le plus grand nombre d'élevages. L'étude montre en outre que l'infertilité d'été est peu répétable d'une année sur l'autre pour un élevage donné.

Tous ces enseignements permettent, selon les auteurs, de poser l'hypothèse selon laquelle au moins un agent causal de variation saisonnière de fertilité serait plus important que les facteurs de conduite d'élevage. Cela pourrait être le photopériodisme. De fortes chaleurs exacerberaient le phénomène. D'autres facteurs “saisonniers” sont également à prendre en compte, tels que la disponibilité de la main-d'œuvre, le renouvellement des soins aux truies, la qualité des céréales, etc.

  • (1) V. Auvigne, P. Leneveu, C. Jehannin, E. Sallé : « L'infertilité d'été des truies en France : la température joue-t-elle vraiment un rôle  »

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