Que pensez-vous de la fusion des laboratoires pharmaceutiques ? - La Semaine Vétérinaire n° 1362 du 29/05/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1362 du 29/05/2009

Entre nous

FORUM

Nous risquons de perdre toute indépendance

Eric Dean, praticien à Paris.

Les rachats successifs, en particulier ces derniers mois avec la création de deux grands groupes au niveau mondial (Merial et Pfizer), m'inspirent plusieurs réflexions. S'il ne persiste que quelques grands laboratoires, nous risquons de perdre toute indépendance. Le marché du médicament sera tenu par ces groupes qui auront toute latitude pour imposer leurs prix, en raison d'une concurrence inexistante. La disparition, à terme, de laboratoires plus petits risque de conduire à la perte de certains médicaments intéressants. En effet, ces entreprises vivent grâce à quelques molécules qui sont les plus rentables, mais continuent à produire d'autres médicaments utiles. Si ces molécules leaders sont produites par les gros laboratoires à moindre prix, les petits disparaîtront et les autres médicaments avec ! Toutefois, les grands groupes pharmaceutiques pourraient avoir des coûts de production moindres, ce qui permettrait d'obtenir des produits moins chers pour nos clients… Mais peut-être suis-je utopiste, car ce ne sont pas des entreprises philanthropiques ! En raison de l'ampleur de leurs structures de recherche et de développement, de tels groupes pourront probablement mettre au point des molécules innovantes ou de nouvelles AMM sur certaines issues de la médecine humaine. Je reste malgré tout un peu amer. Espérons que les laboratoires à dimension humaine auxquels nous sommes attachés pourront continuer d'exister…

D'un côté les investisseurs, de l'autre les spéculateurs

Laurent Brun, praticien à Sorgues (Vaucluse).

Il y a deux types de fusions-acquisitions : celles qui relèvent d'une attitude d'investisseur et celles réalisées par des spéculateurs. Les investisseurs se positionnent sur un marché avec une vision à long terme et les fusions auxquelles ils participent sont motivées par une recherche de complémentarité en termes de gamme, de savoir-faire, de moyens matériels et humains. A ce titre, le rachat d'Intervet par Schering-Plough me semble relever d'une attitude d'investisseur. A l'opposé, le spéculateur est “de passage”. Il cherche à faire “un coup”, à profiter d'une opportunité, et il s'en va dès que la rentabilité devient moins intéressante.

C'est un peu ce que m'évoque le rachat par Sanofi-Aventis des parts de Merial détenues par Merck. En effet, après avoir quitté la santé animale il y a quelques années, Sanofi-Aventis se positionne de nouveau sur ce marché pour profiter de son dynamisme et surfer sur la vague encore vivace de Frontline®.

Alors, que penser des fusions ? En étant un brin cynique, je serais tenté de dire qu'il faut accorder à nos partenaires ce qu'ils offrent aux acteurs de la santé animale que nous sommes. C'est-à-dire établir des relations commerciales durables et solides avec ceux qui se destinent à nous accompagner sur le long terme, à miser sur nous, à investir dans la recherche et le développement, et se contenter de profiter d'opportunités avec ceux qui sont de passage.

A terme, peut-être certains modifieront-ils leur stratégie vers plus de stabilité. Qui sait ?

Un appauvrissement de notre pharmacopée

Hélène Trinteler, praticienne à Sospel (Alpes-Maritimes).

La situation me semble assez effrayante. Les rapprochements entre groupes auraient pu déboucher sur des coopérations, en croisant toutes les pistes de recherche existantes, mais ce n'est pas ce qui est prévu. Les objectifs avoués sont ceux de la rentabilité financière maximale, à des taux alignés sur ceux des fonds de pension américains et anglo-saxons, de l'ordre de 20 à 30 % (rendement inimaginable pour n'importe quelle production de biens matériels). C'est d'autant plus inacceptable que ces mastodontes bénéficient en France de l'argent public (80 % du chiffre d'affaires sont réalisés grâce à la Sécurité sociale).

Cette boulimie financière est contraire au métier de la recherche. L'industrie pharmaceutique est au service des actionnaires, mais pas de la santé. La fusion des géants va appauvrir encore plus notre pharmacopée. Seules les molécules rentables en situation de monopole susciteront l'intérêt des laboratoires. De nombreuses recherches et la production de certaines molécules sont déjà arrêtées et cela s'accentuera encore.

En outre, comme lors de toute fusion, le marché américain est visé en priorité, ce qui a pour effet d'affaiblir notre potentiel de recherche par la fuite des cerveaux européens vers les Etats-Unis.

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