Les prothèses articulaires canines se diversifient

En matière d'ostéosynthèse, Slobodan Tepic (société Kyon, Zurich) a rappelé un petit détail souvent oublié. Le périoste est responsable de la perfusion du tiers externe de l'os. Utiliser un élévateur de périoste crée donc des lésions iatrogènes qui risquent de compromettre la circulation locale. Mieux vaut donc éviter d'utiliser cet instrument lors de chirurgie osseuse.

1. CHIRURGIE DU GRASSET

Le dilemme des lésions méniscales postopératoires au cœur des échanges

Deux des interventions chirurgicales les plus courantes pour traiter la rupture du ligament croisé antérieur (LCA) sont le nivellement par ostéotomie du plateau tibial (TPLO) et l'avancement de la crête tibiale (TTA). Toutes deux modifient la géométrie du grasset. Alastair Coomer (école vétérinaire de Floride) estime que la TTA restaure mieux le contact fémoro-tibial que la TPLO (voir photo). Des études à long terme sont nécessaires, mais il semble que le résultat serait un ralentissement de l'arthrose plus important.

D'une manière générale, le taux de complications de la TTA est lié au poids de l'animal. Pour toute augmentation du poids de 14 kg, le taux de complications double. Une solution est donc de grossir la taille des implants. Cette précaution semble aussi réduire l'incidence des lésions méniscales postopératoires.

Le relâchement du ménisque est source de controverses

Qu'il s'agisse de nivellement par ostéotomie du plateau tibial (TPLO) ou d'avancement de la crête tibiale (TTA), une controverse surgit à chaque congrès orthopédique : faut-il “relâcher” le ménisque médial ?

Andrew Robinson (Dovecote Veterinary Hospital Referrals, Castle Donington, Royaume-Uni) a présenté une série de cent quatre-vingt-onze TTA au cours desquelles le ménisque n'a pas été relâché. Il a constaté 4 % de lésions méniscales postopératoires. Celles-ci requièrent une seconde intervention, afin de réaliser une méniscectomie partielle.

Ezra Steinberg (résident en chirurgie à l'école vétérinaire de Pennsylvanie) fait une constatation similaire, soit 5 % de lésions méniscales postopératoires au cours de cent quatre-vingt-treize TTA.

Le relâchement d'un ménisque intact n'est pas une décision à prendre à la légère. Il est clairement démontré que cette intervention entraîne une arthrose significative. Pourtant, selon Thomas Scavelli (Garden State Veterinary Specialists, Tinton Falls, New Jersey), le taux de réopération du ménisque est intolérable en clientèle. Il a donc pris le parti de réaliser un relâchement du ménisque.

Bientôt une nouvelle prothèse intra-articulaire de LCA ?

Randall Acker (Sun Valley Animal Center, Ketchum, Idaho) a présenté les premiers résultats d'une prothèse intra-articulaire destinée à remplacer le ligament croisé antérieur. Aucune complication, retour de fonction rapide, simplicité de la pose : elle semble prometteuse à court terme. Ces résultats contrastent avec les publications antérieures sur les prothèses intra-articulaires.

2. CHIRURGIE DU COUDE

Des prothèses du coude à l'étude

Les résultats obtenus avec des prothèses totales du coude ont fait l'objet de plusieurs présentations. La prothèse idéale est encore à l'étude, mais il est intéressant de constater que de plus en plus d'équipes à travers le monde se penchent sur ce défi. Lors de dysplasie sévère du coude, seules deux options existent lorsque le traitement médical ou conservateur échoue : la fusion du coude (arthrodèse) ou l'amputation.

Slobodan Tepic a également présenté une prothèse partielle, où seul le compartiment médial du coude est remplacé.

Prévenir la dysplasie par une ostéotomie dès quatre mois

Aldo Vezzoni (clinique privée à Crémone, Italie) estime que les traitements actuels de la dysplasie du coude (fragmentation du processus coronoïde, non-union du processus anconé, ostéochondrite dissécante) s'adressent aux conséquences plutôt qu'à la source du problème. L'une des théories de la pathogénie de la dysplasie du coude est une croissance asymétrique du radius et de l'ulna. En réalisant une ostéotomie de l'ulna dès l'âge de quatre mois chez les individus à risque, il espère réduire le taux de dysplasie et d'arthrose. Un dépistage précoce est donc indispensable. Il fait appel à la radiographie ou au scanner (voir photo) afin de détecter une sclérose osseuse, notamment dans la trochlée de l'ulna.

Selon le cas, l'ostéotomie de l'ulna est proximale ou distale. Afin de préserver l'intégrité du périoste, une pince coupante ou un rongeur seront préférés à une scie oscillante.

3. CHIRURGIE DE LA ROTULE

Une prothèse trochléaire à l'étude

Il existe des techniques complexes pour traiter la luxation de rotule de grades 2 à 4. Celle-ci peut en effet entraîner des déformations du fémur et/ou du tibia (voir photo). Diverses ostéotomies correctrices, avec plaque osseuse vissée, sont envisageables.

Slobodan Tepic a présenté une prothèse de trochlée. Elle combine un concept d'une simplicité déconcertante et des matériaux performants… mais n'en est encore qu'au stade expérimental.

• (1) « Kyon symposium 2009 – Innovations in veterinary orthopedics and trauma » s'est tenu à Boston (Massachusetts, Etats-Unis) les 18 et 19 avril 2009. Le prochain congrès aura lieu à Zurich en avril 2010. Renseignements sur www.kyon.ch