La chirurgie est une option valable pour la gestion de l’arthropatie temporo-hyoïde - La Semaine Vétérinaire n° 1361 du 22/05/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1361 du 22/05/2009

Ankylose articulaire chez le cheval

Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Isabelle Desjardins

L’étiologie précise de cette affection n’est pas clairement établie. Les signes aigus sont d’ordre neurologique.

L’origine suspectée de l’arthropathie temporo-hyoïde est une infection de l’oreille moyenne/ interne, avec une inflammation secondaire de la région temporo-hyoïde. Les otites externes sont rares chez les chevaux. L’otite médiane/ interne résulterait donc plutôt d’une infection ascendante à partir de la trompe d’Eustache et/ou d’une dissémination hématogène d’un foyer septique. Une seconde hypothèse penche pour un processus dégénératif non septique qui affecterait l’articulation temporo-hyoïde. Il est difficile d’expliquer pourquoi seule cette articulation serait affectée, mais il se peut qu’un maximum de contraintes biomécaniques s’exercent sur cette région pendant le travail du cheval avec la tête placée, si le mors est mal adapté ou lors de malocclusion dentaire.

Le processus inflammatoire, quelle qu’en soit l’origine, s’étend ventralement vers la bulle tympanique et l’articulation temporo-hyoïde.

L’arthropathie temporo-hyoïde engendre une ankylose de cette articulation, ce qui génère un transfert de forces sur l’os pétreux temporal. Les mouvements de la langue et du pharynx lors de la déglutition, du hennissement, des balancements de la tête prédisposent à une fracture de la base du crâne, donc de l’os pétreux temporal, basisphénoïde ou occipital.

L’atteinte est souvent bilatérale, mais pas les signes neurologiques

L’ankylose de l’articulation temporo-hyoïde peut se traduire par des difficultés à mastiquer, une douleur à la palpation de la base des oreilles, du headshaking ou des problèmes comportementaux. Lorsque la fusion articulaire est complète, parfois les signes cliniques et la douleur disparaissent. Les proliférations osseuses peuvent comprimer les nerfs VIII (vestibulo-cochléaire) et VII (facial). Une chute, des tractions violentes sur la langue (dentisterie), une intubation naso-gastrique, voire un hennissement peuvent engendrer une fracture de stress périarticulaire de cette région, ou une fracture de la région non ankylosée adjacente. Les fractures lèsent les nerfs crâniens VIII et VII. Les signes cliniques aigus sont alors d’ordre neurologique, avec un syndrome vestibulaire périphérique unilatéral dont la sévérité varie selon l’étendue des lésions, allant d’une tête penchée du côté de la lésion à des pertes d’équilibre sévères. Une atteinte du nerf facial se traduit par une ptose palpébrale, auriculaire et une déviation du bout du nez. En raison de la perte de motricité palpébrale et de la diminution éventuelle des larmes, une kératite d’exposition est parfois observée.

Les symptômes bilatéraux sont rares. Mais bien souvent, l’atteinte est bilatérale et les signes neurologiques s’expriment du côté le plus sévèrement atteint.

Il est recommandé de traiter médicalement les chevaux atteints d’arthropathie temporo-hyoïde dès la survenue des symptômes neurologiques périphériques, à l’aide d’une antibiothérapie à bonne diffusion (trimétoprime-sulfamide en premier choix) et d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (phénylbutazone). La réponse au traitement médical du syndrome aigu est, le plus souvent, positive.

Toutefois, des risques de fracture de la base du crâne demeurent et sont imprévisibles. De ce fait, une styloïdectomie partielle (exérèse de 3 cm environ du corps des os stylohyoïdes atteints) ou une cératohyoïdectomie ont été proposées pour diminuer les contraintes sur l’articulation temporo-hyoïde ankylosée et éviter des fractures subséquentes.

Limiter les risques ultérieurs de fracture du crâne

Omar Maher et ses collaborateurs(1) ont étudié vingt-quatre cas d’arthropathie temporo-hyoïde dont le diagnostic a été établi entre 1993 et 2008. Tous les chevaux présentent une paralysie faciale unilatérale, de l’ataxie et la tête penchée du côté de la lésion neurologique. Le diagnostic d’arthropathie temporo-hyoïde est confirmé par radiographie de la tête (vingt-quatre chevaux), par endoscopie des voies respiratoires supérieures (vingt-deux) et par scanner (seize). L’étude confirme la bonne sensibilité de détection de la maladie par la radiographie de la tête (incidence latérale oblique et surtout dorso-ventrale), ainsi que par l’endoscopie des poches gutturales. En outre, l’examen au scanner a permis d’identifier des atteintes supplémentaires chez 62 % des sujets (fusion de l’articulation temporo-hyoïde, élargissement de la portion proximale de l’os stylohyoïde, visualisation de traits de microfractures), mais aussi des lésions de l’autre côté dans 94 % des cas.

Onze chevaux ont subi une styloïdectomie partielle et treize une cératohyoïdectomie. Le taux de survie à court terme après l’intervention est de 96 %. Un an plus tard, 89 % des chevaux traités par une cératohyoïdectomie et 87 % de ceux ayant subi une styloïdectomie présentent une amélioration significative des signes neurologiques initiaux. La plus grande partie de l’amélioration clinique a lieu durant les six mois postopératoires. Des déficits neurologiques résiduels ont persisté chez plus de la moitié des chevaux. Le traitement chirurgical de l’arthropathie temporo-hyoïde ne garantit donc pas la disparition complète des signes neurologiques. Toutefois, il permet de limiter efficacement les risques ultérieurs de fracture du crâne, qui s’accompagnent de signes neurologiques irréversibles et mettent en danger le cheval et son entourage.

  • (1) O. Maher, M.H. MacDonald, M. Aleman, H. Hilton, S.M. Puchalski : « Surgical management of temporohyoid osteoarthropathy : 24 cases (1993-2008) », proceedings du 54e congrès de l’AEEP, décembre 2008, San Diego, Californie (Etats-Unis).

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