L’éventuel foyer secondaire d’infection au Japon suscite l’inquiétude de l’OMS - La Semaine Vétérinaire n° 1361 du 22/05/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1361 du 22/05/2009

Santé publique. Evolution de la grippe A/H1N1

Actualité

Auteur(s) : Nathalie Devos

Les 193 membres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sont réunis en assemblée annuelle à Genève depuis le 18 mai, pour une semaine. La menace d’une pandémie due au nouveau virus H1N1 est, bien entendu, inscrite à l’ordre du jour, ainsi que les modalités d’échanges de souches virales et l’accès aux vaccins. A l’heure où nous mettons sous presse, les chiffres officiels de l’OMS font état de 80 morts (dont 72 au Mexique et 6 aux Etats-Unis) et près de 10 250 personnes contaminées par la grippe A/H1N1 à travers le monde (dont près de 3 650 au Mexique, 5 470 aux Etats-Unis et 500 au Canada).

L’OMS dit suivre de « très près » la situation au Japon. Le 16 mai, ce pays a en effet annoncé que 8 lycéens – qui n’avaient pas voyagé dans une région affectée – ont été testés positifs à Kobe (dans l’ouest du pays). Puis, en l’espace de quatre jours, les autorités ont rapporté plus de 200 cas de contamination sur leur territoire.

L’Europe reste aussi sous surveillance particulière. L’Espagne et le Royaume-Uni dénombrent chacun plus d’une centaine de cas, parmi lesquels des contaminations secondaires. Or l’apparition d’un foyer secondaire de transmission humaine dans une région autre que le continent américain, d’où s’est propagé le nouveau virus A/H1N1, pourrait justifier le déclenchement de la phase d’alerte maximale de l’OMS, de niveau 6, signant la première grande pandémie grippale du XXIe siècle.

Concernant le prochain vaccin antigrippal, l’OMS a besoin de temps pour décider de la pertinence d’en produire un spécifiquement contre le virus A/H1N1. « Nous ne pouvons dire la date à laquelle nous prendrons une décision. Il s’agit d’un processus méticuleux et difficile », a averti le numéro deux de l’organisation, Keiji Fukuda. Une série de consultations avec des fabricants et des experts médicaux est engagée pour étudier l’éventuel lancement de la production massive d’un vaccin. Celui-ci pourrait se révéler essentiel si le virus reprend de la vigueur durant son passage dans l’hémisphère Sud où l’hiver, propice à la propagation de la grippe, débute actuellement. L’OMS évoque en outre le risque de recombinaison du H1N1 avec le H5N1 de l’influenza aviaire en Asie (mais cela pourrait être le cas avec n’importe quel virus grippal).

Une récente étude opte pour un scénario semblable à la pandémie grippale de 1957

Le nombre de personnes contaminées et le taux de mortalité ont récemment conduit des chercheurs(1) à comparer l’actuelle grippe A/H1N1 aux premiers stades de la pandémie grippale de 1957 (la “grippe asiatique”(2)). L’équipe pluridisciplinaire, dirigée par Neil Ferguson, de l’Imperial College de Londres, a utilisé les données recueillies par l’OMS et les services sanitaires mexicains sur l’émergence de la nouvelle grippe pour évaluer les risques présentés par l’épidémie. Des facteurs comme la propagation internationale et la diversité génétique des virus sont aussi pris en compte. Les recherches aboutissent à plusieurs enseignements. En premier lieu, le début de l’épidémie mexicaine daterait de la mi-février, dans la région de La Gloria, au Mexique. Les chercheurs estiment en outre entre 6 000 et 32 000 le nombre de personnes infectées dans ce pays à fin avril, une donnée bien loin des quelque 3 650 cas confirmés actuellement. En effet, selon les auteurs, les contaminations ne peuvent être que sous-estimées, car la maladie se révèle parfois asymptomatique chez certains sujets pourtant porteurs du virus. En raison de l’incertitude qui entoure le nombre de cas, ils situent le taux de mortalité entre 0,3 % et 1,5 % au Mexique (avec une valeur plus probable de 0,4 %), sur la base du nombre de décès officiels, mais aussi suspects recensés à fin avril.

L’étude évalue également la transmission du virus entre les personnes. Ainsi, il y aurait eu en moyenne 1,4 cas secondaire pour une personne infectée au Mexique. Ce chiffre est plus élevé que pour une grippe saisonnière et semblable au taux relevé lors de la pandémie de 1957. En outre, les signes cliniques observés sont moins sévères que durant l’épidémie espagnole de 1918. Mais, une nouvelle fois, ils sont comparables à ceux de 1957. Pour les auteurs, ces données justifient le passage au niveau 5 d’alerte pandémique décidé par l’OMS le 29 avril.

De son côté, dans un entretien accordé au Monde le 5 mai, le Français Antoine Flahault(3), spécialiste de l’épidémiologie des maladies transmissibles, optait plutôt pour un scénario proche de la pandémie de 1968 (“grippe de Hong Kong”), ce qui équivaudrait à une grosse grippe saisonnière. Elle toucherait ainsi 35 % de la population, soit environ 20 millions de cas en France et 20 000 à 30 000 décès. Une telle situation dans les pays développés pourrait coexister avec une conjoncture plus proche de la pandémie de 1918 dans les pays pauvres. Selon ce scénario, le pic se fera sentir « après l’été ».

  • (1) Christophe Fraser et coll. : « Pandemie potential of a stain of influenza A/H1N1 : early findings », Sciences, 11/5/2009.

  • (2) La “grippe asiatique” de 1957 (virus de type A, souche H2N2) a entraîné la mort de 2 millions de personnes dans le monde, selon les estimations de l’OMS. Les “traditionnelles” grippes saisonnières provoquent entre 250 000 à 500 000 décès par an.

  • (3) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1360 du 15/5/2009 en page 14.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr