Le suivi de reproduction est un suivi de troupeau - La Semaine Vétérinaire n° 1359 du 09/05/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1359 du 09/05/2009

Reproduction bovine

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Catherine Bertin-Cavarait

Les indicateurs utilisés et les seuils associés doivent être en cohérence avec les objectifs de l’éleveur. Il est nécessaire que le vétérinaire et le secrétariat de la structure préparent en amont la visite de suivi.

Quels indicateurs pertinents associer à l’examen individuel mensuel des vaches laitières pour passer d’un suivi des appareils génitaux à celui de la reproduction du troupeau « Ce dernier doit s’accompagner d’un suivi de production, des boiteries, de la qualité du lait », a expliqué notre confrère Marc Ennuyer, praticien dans la Somme, lors de la session lyonnaise du cycle de formation Repro’Session, le 19 mars dernier. Les indicateurs choisis ne sont pas restreints au seul domaine de la reproduction. Le suivi n’est pas limité à l’appareil génital de la vache, ni aux animaux sélectionnés pour la visite, c’est un véritable examen du troupeau. Un suivi de reproduction s’organise autour de quatre étapes clés : le tarissement, le vêlage, la première ovulation, la saillie ou l’insémination artificielle. Des objectifs, des indicateurs et des seuils d’alerte sont fixés pour chacune d’elles (voir tableau 1). Les résultats de production, l’incidence des boiteries et la qualité du lait fournissent des indicateurs phares, véritables clignotants du tableau de bord de la conduite d’élevage (voir tableau 1). La note de remplissage du rumen donne une information sur l’ingestion et la capacité de la vache à reprendre du poids. Une vache qui maigrit enrichit son lait en acides gras longs et son taux butyreux (TB) augmente. Chez une vache qui maigrit trop, l’involution utérine sera retardée et la réussite à l’insémination artificielle compromise. Le dosage de l’urée dans le lait permet de vérifier s’il y a ou non un gaspillage d’azote ou si la ration manque d’énergie fermentescible (voir figure). Une inversion des taux, c’est-à-dire un rapport taux butyreux/taux protéique (TP) inférieur à 1, signe une acidose, etc.

Les indicateurs sont à adapter aux objectifs de l’élevage

Les indicateurs et les seuils associés sont choisis de façon à évaluer la réalisation des objectifs de l’éleveur et à prévenir d’éventuels dérapages. « Il faut être réactif et repérer les indicateurs précoces de déséquilibre », détaille Marc Ennuyer (voir tableau 2). Ils doivent être adaptés aux buts de l’éleveur. A ce titre, ils seront différents si ce dernier fait le choix de grouper les vêlages ou de les étaler tout au long de l’année. Dans le premier cas, la priorité est donnée à la fécondité, ce qui se traduit par l’objectif de moins de 15 % de vaches avec un intervalle vêlage-insémination fécondante supérieur à cent vingt jours. La conséquence de cet intervalle contraint est un taux de réforme plus important ou un taux de réforme pour infécondité susceptible de s’élever jusqu’à 12 % et un taux de réforme global pouvant atteindre 35 % (voir tableau 3). « Dans ce cas, la mise à la reproduction des vaches doit être précoce. Moins de 30 % d’entre elles doivent l’être après quatre-vingt-dix jours. » Une fertilité moyenne pourra être acceptée, avec un taux de réussite en première insémination supérieur à 40 % (voir tableau 3). La maîtrise de l’évolution des états corporels au cours des deux premiers mois de lactation est primordiale, avec une perte nécessairement inférieure à un point. « Un seul levier est utilisable, l’ingestion. » A ce titre, la qualité et la disponibilité des fourrages sont capitales. « Une ration caractérisée par un rapport PDI/ UFL de 100 à 105, qui permet d’écrêter le pic de lactation, est à préférer », précise notre confrère.

Dans les cas de vêlages étalés, la priorité est donnée à la fertilité et à la production. L’objectif est un taux de réussite en première insémination supérieur à 50 %. Une ration avec un rapport PDI/UFL de 115 à 120 permettra aux vaches laitières d’exprimer le pic de lactation. Dans cette situation, « une perte d’état d’un point et demi est acceptable », cela correspondant par ailleurs à la perte d’état maximale tolérable. Ainsi, un état corporel insuffisant au vêlage sera un facteur limitant de cette stratégie. « Il faut impérativement vérifier l’état corporel des vaches cent jours avant le tarissement. » Selon Marc Ennuyer, la fertilité doit être améliorée en mettant les vaches à la reproduction plus tardivement. Cela se traduit par un objectif de plus de 30 % d’intervalles vêlage-première insémination supérieurs à quatre-vingt-dix jours. La faible contrainte de l’intervalle vêlage-vêlage se manifeste par l’objectif d’obtenir moins de 35 % de vaches avec un intervalle vêlage-insémination fécondante supérieur à cent vingt jours. Dans ce cas, l’objectif du taux de réforme sera faible, inférieur à 25 %. Le taux de réforme pour infécondité sera inférieur à 5 % (voir tableau 4).

L’organisation des suivis sera méthodique et rigoureuse

La récolte des informations, lors des visites régulières et dans les bilans de situation, est capitale. « Méthode et rigueur sont les maîtres mots qui caractérisent l’organisation du service », insiste Marc Ennuyer. Les informations institutionnelles (contrôle laitier, dates des inséminations) sont simples à obtenir. « Enregistrer les données du contrôle laitier est incontournable. » Les données sanitaires et les difficultés de vêlage, souvent non enregistrées, sont plus difficiles à compiler. « La saisie informatique de l’ensemble des renseignements doit être systématique », souligne notre confrère, qui utilise le logiciel Vet’élevage associé à Véto Expert. Si l’éleveur est équipé du premier, il saisit lui-même les données. Dans le cas contraire, elles sont enregistrées par le secrétariat du cabinet.

« Toute l’organisation des suivis est assurée par la structure vétérinaire. Le choix de la fréquence des visites et la date sont initiés par le praticien. Nous n’attendons pas que l’éleveur appelle », a insisté le conférencier, s’appuyant sur son propre cas. Vingt-quatre heures avant la visite, le client reçoit la liste des vaches sélectionnées pour un examen individuel. Ainsi, leur contention ne pose pas de problème. De même, au cabinet, le bilan de situation est édité avant la visite. « Les rendez-vous sont toujours respectés. Pas question d’aller prendre en charge une urgence. » Le praticien doit s’organiser pour être disponible et à l’heure. Le rythme des visites varie selon les situations. Pour un élevage dont les vêlages sont étalés, il est mensuel. Si les vêlages sont groupés, les visites ont lieu tous les quinze jours. « Au sein de notre clientèle, les premiers suivis de reproduction datent de trente ans. Certaines exploitations les maintiennent, car nous leur apportons un service, un œil extérieur. Le contrôle laitier ne le fait plus, a conclu l’intervenant. Le rôle du praticien est de dépister les problèmes alimentaires. L’éleveur lui demande de les déceler. »

CONFÉRENCIER

Marc Ennuyer, praticien à Mailly-Maillet (Somme).

Article rédigé à partir de l’intervention présentée lors du cycle de formation Repro’Session, organisé le 19 mars 2009 par le laboratoire Ceva Santé animale.

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